Il y a quelques semaines, je terminais mon billet intitulé Encore les consultants par les trois paragraphes suivants :
(…) c’est vers une logique (...) absurde que nous amènent ces professeurs d’université, même s’ils reconnaissent le caractère régressif des taxes et des tarifs, même s’ils savent que diminuer l’impôt favorise toujours les plus riches, malgré le fait que cela décourage la consommation de la classe moyenne et des plus pauvres et que cela n’a absolument aucune conséquence sur celle des plus riches qui le deviennent encore plus, payant moins d’impôt.
Mais voilà, ces consultants du comité consultatif du ministre des Finances sont payés pour dire ce que le gouvernement veut entendre, sinon ce dernier aurait engagé d’autres professeurs d’université pour dire exactement le contraire.
Nous savons que ces professeurs existent, mais comme leur discours n’est pas à la mode chez ceux qui sont prêts à payer pour se faire dire ce qu’ils veulent entendre, ils se consacrent totalement à leurs enseignements, à leurs étudiants et à leurs recherches, n’étant pas sollicités par les exigences d’un deuxième emploi mieux rémunéré ! Des professeurs qui gagneraient certainement beaucoup plus s’ils travaillaient dans le secteur privé, mais qui, en raison de leur professionnalisme et de leur intégrité de chercheurs, se consacrent entièrement à leurs tâches universitaires.
***
Sous la direction de Robert Laplante, directeur de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), huit universitaires ont pris l’initiative de proposer un autre modèle que celui du comité consultatif du ministère des Finances, plus scientifique celui-là.
Selon Robert Laplante, "le rapport du comité consultatif sur l’économie et les finances publiques devait être éclairant, rassembleur et mobilisateur. Il n’atteint pas cet objectif. Une lecture partielle et faussée des défis économiques marque l’ensemble de la démarche. Cette lecture se fait sans prendre en compte les résultats scientifiques."
Voici un extrait de ce rapport contenant six études portant sur les finances publiques, la démographie, la santé, l’éducation, l’énergie et le budget, dont vous trouverez l’intégrale en format PDF à la fin de ma chronique.
« Il faut voir les choses autrement
Ce n’est pas d’une révolution culturelle dont le Québec a besoin, mais bien d’un changement de paradigme. La crise n’a pas été provoquée par l’explosion des dépenses publiques, mais bien par un secteur privé trop dérèglementé. Il faut mettre à contribution ceux à qui la crise a profité : les pétrolières, et les institutions financières. Il faut revoir la fiscalité et introduire un quatrième palier d’imposition.
Le ministre avait « demandé aux membres du comité d’aller au fond des choses et de travailler sur les faits », ce que le rapport ne fait pas, ignorant des acquis de connaissance de la plus haute importance. Le comité nous propose un pacte qui n’a rien d’un véritable contrat puisqu’il ne repose pas sur le réel, mais bien sur une lecture tronquée, ignorante des connaissances que nous en avons, mais satisfaite des fétiches idéologiques dans lesquels on veut la voir tenir.
Ses préoccupations pour le relèvement de la productivité et l’amélioration de la qualité des services ne sont au service d’aucune vision renouvelée de ce que pourrait être l’État social du XXIe siècle.
L’occasion est ratée. » *
***
Les auteurs:
Jean-Guy Blais, professeur titulaire;
Gilles L. Bourque, économiste;
Pierre-David Desjardins, sociologue;
Pierre Gouin, chercheur;
Pierre J.Hamel, chercheur;
Paul Lamarche, professeur titulaire;
Robert Laplante*, directeur général de l’IRÉC;
Claude Lessard, professeur titulaire;
Gabriel Ste-Marie, professeur.
Réponse au comité consultatif du ministre des Finances
Des universitaires voient les choses autrement!
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 mars 2010Merci de porter à notre attention ce rapport d'universitaires libres, n'ayant de compte à rendre ni à un bailleur de fonds ni à une politique dominante. J'espère que nos médias donneront une plus grande visibilité à ce rapport et qu'ils prendront l'initiative de faire des table de ronde pour en discuter les orientations et conclusions. C'est incroyable de voir jusqu'à quel point on nous enferme dans la pensée unique.
Archives de Vigile Répondre
4 mars 2010A M. Raymond Poulin.
Extrait du document de référence de M. Lapointe :
« D’ores et déjà, nous constatons que des gouvernements ou des parlementaires envisagent divers scénarios pour redonner aux pays les moyens d’agir pour combler les déficits budgétaires, mais également sociaux et écologiques. « Nous ne devons pas simplement dépasser cette crise. Il faut nous occuper de l’irresponsabilité qui y a conduit », a déclaré Barak Obama. Dans son budget présenté en début février, le président Obama a choisi d’annuler la baisse d’impôt consentie aux ménages dont les revenus dépassent les 250 000 $, une charge fiscale qui devrait rapporter 291 milliards sur la décennie. Les 50 plus grandes banques étatsuniennes devront, pour leur part, s’acquitter d’une surtaxe qui rapportera 64 près de 100 milliards au gouvernement alors que les gestionnaires de fonds d’investissement
verront leur imposition privilégiée, dénoncée depuis des années par les syndicats, supprimée. Par ailleurs, les grands du pétrole, du gaz et du charbon voient subventions et réductions d’impôt disparaître, soit 39 milliards de dollars sur dix ans.»
Harper et Charest oseront-ils en faire autant ?
Raymond Poulin Répondre
3 mars 2010Obama va «faire la job»??? Il faut apprécier ses actes plutôt que de s’en tenir à ses discours: depuis le début, il a poursuivi et même aggravé la politique de Bush, soit celle de l’oligarchie financière prédatrice et du complexe militaro-industriel. Suivre le modèle étasunien? Pauvres de nous...
Archives de Vigile Répondre
3 mars 2010Pour faire autrement, comme le proposent ces universitaires, il faudrait élire des gouvernements NPD/BQ à Ottawa et Québec solidaire à Québec ou... le Canada ou le Québec s'annexe aux USA d'Obama.
Je cite cet extrait du texte de ces universitaires :
« En ce sens, il m’apparaît assez clairement qu’il faut agir sur deux fronts : d’une part, dans le domaine réglementaire, réformer la législation de manière à redonner à l’État sa capacité à réguler les marchés; d’autre part, dans le domaine budgétaire, redonner à l’État les capacités financières d’agir sur le long terme. Pour ce 2e front, la reprise en main des finances publiques passe obligatoirement par la réponse à la question : qui doit payer la note des déficits actuels ? D’abord et avant tout, par ceux qui sont responsables de l’explosion des dépenses publiques : les spéculateurs
qui ont pris des risques indus et qui ont provoqué la crise financière; ensuite par les
entreprises qui ont profité de la bulle spéculative avant la crise ou de la politique monétaire après la crise : les pétrolières et les institutions financières; on devrait également mettre à contribution tous ceux qui ont été favorisés ces dernières décennies par les politiques fiscales de droite : les ménages riches. En dernier lieu, faire contribuer l’ensemble de la population, de façon équitable, puisque tous profitent des avantages d’un État social qui a les moyens d’agir. »
Les conservateurs, les libéraux et les deltellriens n'y pensent surtout pas. Les péquistes vont lire le texte puis après...peut-être avec le SPQ libre... !!!
Heureusement Obama va faire la "job" mais, comme d'habitude, on va suivre 5 ans plus tard....