Avec le changement du rôle des Etats-Unis de gendarme du monde, en deus ex machina, les stratégies américaines sont en train d’enregistrer une transformation complète. Ce changement de stratégie permet aux Etats-Unis de passer de l’offensive à la défensive.
Une partie de ces changements va comprendre la réduction du nombre des troupes militaires conventionnelles et leur remplacement par les effectifs du renseignement. Dans ce droit fil, les entreprises privées jouent un rôle privilégié.
Il ne faut, pourtant, pas croire que Washington ait renoncé aux attaques militaires, mais, plutôt, il préfère avoir recours à des méthodes indirectes plus violentes, dont les raids aériens d’envergure. En effet, les Etats-Unis obéissent aux arts de la guerre du général chinois, Sun Tzu, qui dit : «La vraie supériorité, c’est de briser la résistance de l’ennemi, sans faire la guerre».
Les conséquences d’une telle stratégie seront un mélange de révolutions de couleurs, les guerres non régulières et les interventions, par le truchement des mercenaires, et éviteront à l’armée américaine des guerres directes, mais, en revanche, elle mènera des guerres, par procuration.
Le plan eurasiatique, dit «Déstabilisation stratégique et le morcellement des Etats», doit son apparition à Zbigniew Brejenski, conseiller à la sécurité nationale de l’Administration Carter, et à sa théorie de la balkanisation des Etats eurasiatiques.
Pour mettre en application ce plan, Washington agit avec une extrême flexibilité et si sa politique de déstabilisation ne fonctionne pas, cela ne le conduira, nullement, à une impasse, comme, par exemple, les plans, pour déstabiliser l’Ukraine, la Syrie et l’Irak, et, probablement, la mer de Chine, où les agitations parviennent à leur paroxysme.
L’idée principale est de créer des trous noirs d’instabilité, pour «engloutir» Pékin, Moscou et Téhéran, et les occuper à leurs affaires, dans les deux cas d’ingérences ou de non-ingérences.
Les Etats-Unis veulent mettre ces pays dans des bourbiers et les noyer dans leur propre territoire, tout comme la guerre soviétique, en Afghanistan planifiée, il y a 30 ans, par Zbigniew Brejenski.
Prendre ses distances, par rapport à la balkanisation des Etats eurasiatiques, et revenir au vieux «plan d’Anarchie afghane» est la nature même du plan réversible de Brejenski, afin de défier les puissances eurasiatiques.
L’expérience américaine, pour armer les moudjahidines afghans, afin de diriger la guerre anti-soviétique, en Afghanistan, est le premier exemple de stratégie en coulisse. Ce plan a tellement réussi qu’on l’a qualifié de facteur principal de l’effondrement de l’Union soviétique.
Cet évènement a perturbé l’équilibre mondial et a conduit à l’unilatéralisme américain. A cette époque, le besoin d’une gestion secrète des choses ne se sentait pas, car les Etats-Unis avaient le pouvoir d’agir, directement, dans le monde entier.
Après sa victoire, à la guerre froide, les Etats-Unis, ivres de pouvoir, ont déclenché une volée d’interventions, par la première guerre du golfe Persique.
Même si plusieurs pays participaient aux opérations, cependant, les Etats-Unis étaient le membre principal de cette coalition.
Quelques années après, l’Amérique a bombardé les Serbes de Bosnie, puis, la Serbie, ce qui a éveillé les décideurs russes, qui avaient senti les menaces de l’avenir. La Russie a, donc, commencé à moderniser son armée, pour pouvoir éloigner les menaces des Etats-Unis ou de l’OTAN de ses propres frontières. Malgré cela, les Etats-Unis restaient à l’apogée de leur puissance.
Après le 11 septembre, les Etats-Unis ont mené leur offensive contre l’Afghanistan, pays situé dans une région juxtaposée à l’Eurasie. Cette offensive a été sans précédent, pour cette région. Mais le vrai emblème de l’unilatéralisme américain est la guerre du doute et de la peur, déclenchée, en 2003, à savoir, la guerre contre l’Irak.
Les Américains ont, violemment, bombardé l’Irak, pour rappeler au monde qui est le maître de la scène internationale. Washington a, également, déployé un grand nombre de soldats, avec de grosses quantités d’armes. Les coûts de la guerre, en Irak, ont beaucoup diminué la puissance des Etats-Unis, permettant à la Russie et à la Chine de défier l’Amérique, dans ses zones d’influence.
En 1997, à la mi-chemin de l’unilatéralisme états-unien, Brejenski publie son ouvrage intitulé Le Grand Echiquier, exposant les priorités géostratégiques des Etats-Unis et les modalités de les réaliser. Il estime que l’Amérique doit exercer une influence totale, en Eurasie, et l’un des moyens, pour le faire, c’est d’empêcher une complicité sino-russe. La stratégie de la balkanisation des Etats eurasiatiques est l’un des axes, pour déstabiliser l’Eurasie.
En cas de concrétisation, il y aura un tsunami d’agitations ethniques, religieuses, tribales et politiques, en Iran, en Russie et en Chine, pouvant les morceler complètement. Tout au long de leur Histoire, les Etats-Unis ont utilisé les scenarii du changement des régimes, pour faire avancer leurs politiques consistant à semer l’anarchie, dans la région, pour pouvoir y pénétrer.
Le changement du régime politique est l’une des priorités de la politique étrangère américaine, dont le précédent remonte au renversement secret du gouvernement syrien, en 1949. Depuis, on estime que la CIA a renversé plus de 50 régimes politiques, mais elle n’a reconnu son implication que dans 7 cas de renversement !! Le récent coup d’Etat, en Ukraine, a bien montré que le changement de régime peut ne coûter que 5 milliards de dollars !
Un chiffre qui n’est qu’une partie du coût payé, pour renverser Victor Ianokovitch, ex-Président ukrainien, car les relations internationales, dans leur état actuel, et la restauration de la puissance de l’armée russe ne permettaient pas aux Etats-Unis d’y mener une guerre sans risques. Lorsqu’il s’agit, donc, des intérêts des Grandes puissances, les opérations secrètes, pour changer les régimes, sont préférables, car il faut une légitimité, dans la communauté internationale, pour mener à bien un coup d’Etat!
Les révolutions de couleurs sont, en effet, des coups d’Etat menés par les pro-Occidentaux, soutenus de l’extérieur. Ils utilisent, surtout, les réseaux sociaux et les ONG, pour s’infiltrer et poursuivre leurs activités. Vu que les instigateurs des révolutions de couleurs trompent la masse populaire, ils peuvent ameuter un plus grand nombre de gens, surtout, des mécontents contre le régime établi. Les fausses croyances populaires, sur ces régimes, permettent aux putschistes de gagner la faveur des sociétés occidentales et de décrier les autorités légitimes, qui veulent les réprimer !!
Ainsi, par une tactique de protestation non armée, les masses exploitables seront, largement, entraînées, dans les rues, et feraient parvenir les mouvements sociaux à leur point culminant.
Cette nouvelle tactique de guerre est très efficace, car elle confronte le pays à un dilemme incroyable : est-ce que la direction politique va utiliser la force contre ses propres citoyens ou attaquer le noyau de ses opposants ? Est-ce que le pouvoir en place va payer le prix de sa défense légitime, en étant isolé, internationalement, et ce, à l’aide des médias occidentaux ?
Par conséquent, les révolutions de couleurs mettent les gouvernements dans des situations embarrassantes, dont la sortie n’est pas du tout sûre.
Il n’est, donc, pas difficile de comprendre pourquoi toutes ces révolutions se sont produites, dans les pays de l’ex-Union soviétique. Ces révolutions sont, en effet, les ersatz des anciens putschs menés par la CIA, et, donc, une méthode hautement efficiente, pour changer les régimes politiques.
Source : Irib et Al Manar
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