Après une formidable saison 2007-2008 qui permettait de l'espoir, le CH s'est pris les pieds dans le tapis rouge pour s'écrouler piteusement au pied des marches, écrit un partisan du Canadien.
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Olivier Pierson - La défaite sans gloire du Canadien de Montréal face aux Bruins de Boston a posé un linceul sur une saison bien terne. Mais fallait-il espérer davantage d'une équipe sans inspiration et sans âme?
Les partisans en rêvaient. À gorge déployée, ou dans l'intimité de leur pensée. Pour les 100 ans du Canadien de Montréal, on avait dressé la table et mis de beaux couverts. Les chandelles étaient allumées, et on s'était dit que leur lueur survivrait aux séries. Oui mais voilà, la loterie sportive est sans pitié et la pièce de monnaie est tombée du mauvais côté.
Après une formidable saison 2007-2008 qui permettait l'espoir, le CH s'est pris les pieds dans le tapis rouge pour s'écrouler piteusement au pied des marches. Ce que l'on retiendra de la saison actuelle? Pas grand-chose, en tout cas pas assez pour enflammer une discussion. Cette année, les gros titres ont été consacrés aux affaires extrasportives, à l'infirmerie du club et à toutes ces supputations qui empoisonnent un vestiaire, aussi talentueux soit-il.
Le tort du Canadien - et de bon nombre de commentateurs sous perfusion - aura été de s'être vu trop beau... et trop fort. Les patins étaient devenus trop petits, les chevilles trop grosses... Le congédiement de Carbo a fait planer un mirage, et la qualification in extremis en séries fut un écran de fumée. On se demande aujourd'hui si son bourreau et ami (le sont-ils encore?) Bob Gainey va goûter lui aussi à la lame aiguisée du couperet de la déception. Personne ne poussera des cris d'orfraie si la désillusion fait vaciller cet autre champion.
Il va falloir sans doute songer à nettoyer les écuries d'Augias. Au lieu de s'embourber dans des croyances poussiéreuses, il serait peut-être temps de donner plus de place à l'engouement et à la jeunesse. N'oublions pas que pour soulever un trophée aussi pesant que la Coupe Stanley, il faut une âme. Sans cette arme secrète, le talent est un placebo, au mieux une pirouette de désespoir.
Alors que le centenaire de cette équipe mythique poursuit son règne, chacun espère désormais que la sainte Flanelle redeviendra québécoise. Et si cette étincelle identitaire insufflait un souffle nouveau? Et si la fierté revenait dans la danse? Si George Gillett a renfloué les caisses du Canadien, il ne porte pas en lui les gènes du hockey pure laine. Et sans vouloir faire offense au reste de l'équipe, avouons tout de go que la fougue des Québécois de la formation a mis un peu de pommade sur une saison indigne d'une équipe taillée, soi-disant, pour le gros gâteau d'anniversaire.
Lesté de 24 Coupes Stanley, le chandail tricolore est devenu très lourd à porter. Soit. La sueur qu'il impose ne facilite pas les choses. Mais lorsque l'amour déteint sur les couleurs, toutes les victoires sont belles et les défaites moins amères.
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Olivier Pierson
L'auteur réside à Montréal.
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