Conflit étudiant ou commission Charbonneau?

Des élections le 18 juin prochain ?

Chronique de Louis Lapointe

Des élections le 18 juin prochain ?
Pourquoi ?
Parce que demain se présentera la dernière occasion pour Jean Charest et son conseil des ministres de déclencher des élections printanières.
Pourquoi Jean Charest aurait-il entretenu le conflit étudiant pendant 14 longues semaines s’il n’avait pas voulu en récolter tous les fruits?
Une manne inespérée qui a contribué à faire remonter sa popularité et celle de son parti auprès de l’opinion publique. C’est du moins ce que nous révèlent les derniers sondages.
Sinon, comment expliquer la hâte de Line Beauchamp à se débarrasser du ballon alors qu'une sortie de crise était encore possible ?
Pourquoi n'a-t-elle pas attendu la tenue du conseil des ministres avant de démissionner?
Jean Charest a le choix.
Affronter des manifestations étudiantes tous les jours d’ici le 18 juin prochain et faire la une chaque soir au journal télévisé sur fond de brutalité policière parce qu’il n’a pas cédé aux «enfants gâtés» comme le souhaitaient majoritairement les Québécois. Des images en clip qui lui ont été bénéfiques jusqu’à ce jour.

Ou attendre cet automne pour se lancer en campagne et faire la une tous les soirs sur fond d’enquêtes policières et de scandales politiques en raison de révélations embarrassantes qui seront faites sur lui, ses ministres et son parti à l’occasion des travaux de la commission Charbonneau. Un boulet qu'il traîne depuis bientôt 3 ans et qui risque de faire couler son gouvernement.
Si vous étiez à la place de Jean Charest, préféreriez vous avoir constamment des étudiants sur les talons qui vous font monter dans les sondages, ou voir votre popularité diminuer chaque jour dans l’opinion publique en raison de la divulgation d’informations compromettantes à votre sujet?
Jean Charest est le genre de politicien à prendre le train quand il passe. Il sait pertinemment qu'une occasion comme celle-là ne se représentera plus d’ici la fin de son mandat.
Tant qu’à avoir les étudiants et les policiers dans les rues, pourquoi ne pas en profiter?
Même si cela risque de lui déplaire, il préfèrera probablement voir le sang de nos enfants gicler dans le claquement sonore des matraques des policiers antiémeutes, que de voir des enquêteurs de police et des procureurs de la commission Charbonneau s’immiscer dans les affaires de son parti et de son gouvernement au vu et au su de la population en plein milieu d'une campagne électorale.
Une dernière nuit pour y réfléchir.
***
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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Luc Bertrand Répondre

    16 mai 2012

    Monsieur Lapointe, c'est effectivement le scénario le plus plausible, d'autant plus qu'à la fin de l'année le gouvernement Charest entamera la cinquième année de son troisième mandat.
    Je ne suis pas sûr que Jean Charest soit vraiment inquiet de la Commission Charbonneau. La juge France Charbonneau est d'obédience libérale et, à date, les perquisitions réalisées par la police sont davantage liées à la mafia italienne qui contrôle effectivement l'industrie de la construction, en tout cas dans la région métropolitaine de Montréal. À tel point que, même les péquistes, sous Bernard Landry, ont dû accorder des contrats aux firmes de Franco Fava, à une échelle cependant 20 fois moindre (selon un numéro du journal Métro publié pendant que la Commission Bastarache battait son plein). La Commission ne manquera pas de démontrer que même le Parti québécois et l'Action démocratique (alors qu'elle trônait dans les intentions de vote en 2006-2007) ont accepté des fonds de manière illégale - ou, à tout le moins, éthiquement discutable - à un moment ou l'autre pendant l'intervalle de temps examiné par la commission. Résultat: les médias présenteront les résultats pour que les Québécois(e)s en concluent que tous les partis sont croches, ont placé leur monde et se sont servis à même les fonds publics pour des fins personnelles. Aux critiques rétorquant que l'ampleur des fraudes péquistes n'est d'aucune mesure comparable à celles des libéraux et leurs souteneurs, on ne manquera pas de citer le proverbe "Qui vole un oeuf vole un boeuf", avec tous les prétextes imaginables pour excuser les "serveurs de l'État" de l'influence des lobbies d'intérêt.
    Moi aussi je serais pour la tenue de scrutins à date fixe, mais, avec les abus de pouvoir (bâillons, élections opportunistes) qu'ont fait preuve les divers gouvernements majoritaires (libéraux et péquistes) dans le passé et l'extrême volatilité de l'humeur des électeurs Québécois, je doute fortement qu'on adopte une loi à cet effet dans le prochain mandat de gouvernement. Selon moi, toute réforme sérieuse, satisfaisante et équitable du mode de scrutin et de représentation électorale ne sera possible qu'une fois le Québec débarrassé de l'influence néfaste et occulte d'Ottawa, donc après l'indépendance.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2012

    M. Lapointe,
    Votre scénario peut être envisageable. Ce qui m'indigne, c'est de ne pas bénéficier, comme peuple, d'élections à date fixe. Nous sommes tous à nous faire manipuler à partir de cette foutue date. Mais si, à tout hasard, nous étions consultés, seriez-vous d'accord pour suspendre le parti libéral dans un placard fermé à double tours ?