On aura beau dire qu'une élection partielle obéit à des lois particulières, la défaite des libéraux dans Argenteuil est de très mauvais augure pour eux.
Argenteuil était un de leurs châteaux forts depuis 1966! Une circonscription si sûre que c'est celle qu'avait choisie leur ancien chef Claude Ryan pour mener la bataille du référendum de 1980!
Cette défaite risque-t-elle de pousser le premier ministre Charest à reporter les élections au printemps 2013? Espérons que non, car à tout prendre, la chute du gouvernement constitue peut-être la seule solution à l'interminable crise des carrés rouges.
Ce serait peut-être la seule façon de sauver Montréal de l'emprise des groupes radicaux - CLAC, Black Block et autres groupuscules d'extrême gauche - qui ont parasité le mouvement étudiant et sont en train de miner l'avenir économique de la métropole tout autant que la qualité de vie de ses citoyens.
Il faut changer d'air, au plus vite, car la grogne populaire contre le gouvernement Charest ne cesse de vicier l'atmosphère.
Un changement de gouvernement ne ramènerait pas à la raison les fanatiques qui croient défendre une cause en défonçant des vitrines, en perturbant les transports publics et en intimidant les touristes, mais au moins, cela priverait les groupuscules de la complicité implicite de leurs compagnons de route - ces milliers de citoyens en colère dont la majorité sont des partisans péquistes qui utilisent la crise étudiante pour marquer des points politiques.
Malgré l'opportunisme impardonnable dont il a fait preuve dans la crise des carrés rouges, le Parti québécois constitue la solution de rechange naturelle à un gouvernement usé, rendu au bout de sa corde et irrémédiablement affaibli par des rumeurs de scandales... et qui inspire si peu confiance que même dans LaFontaine, autre château fort libéral, sa majorité légendaire a fondu comme neige au soleil et que l'abstention a atteint un taux record de 75%, signe que nombre d'électeurs libéraux sont restés chez eux le jour du scrutin.
Ce n'est pas quelques mois de sursis qui amélioreront le sort du PLQ. Au contraire, plus le temps passera, plus les audiences de la commission Charbonneau risqueront de l'éclabousser, et rien ne pourra apaiser le mécontentement - que dis-je, la fureur de l'électeur moyen. La Charestphobie, qu'elle soit justifiée ou non, est trop profonde et trop répandue. Jean Charest marcherait sur l'eau qu'on l'accuserait de porter des échasses.
L'élection dans Argenteuil l'a montré: ce n'est pas parce qu'ils approuvent l'attitude du gouvernement dans le conflit étudiant que les Québécois sont prêts à oublier le reste - les rumeurs de corruption, les erreurs de gestion, et puis, simplement, l'usure du pouvoir après trois mandats.
Pauline Marois avait raison de se rengorger, lundi soir, car même courte (quelque 500 voix), cette victoire est aussi la sienne. Mais quel besoin avait-elle, grands dieux, d'aller taper sur des casseroles devant le local de la candidate libérale?
Triste spectacle dont on espère qu'il ne s'agit que d'un manque de jugement passager. Imagine-t-on René Lévesque ou Jacques Parizeau se comporter de façon aussi ridicule et indigne?
Mais évidemment, cela ne bat pas le slogan débile que Québec solidaire a inventé pour cette partielle: «Faisons entendre le doux chant des casseroles dans les urnes...». Le doux chant des casseroles? On rêve!
QS n'a guère d'importance en dehors du Plateau, mais la CAQ avait d'autres ambitions. Elles semblent s'être écrasées dans Argenteuil: un bon candidat, un terreau accueillant (l'ADQ y avait fait bonne figure en 2007)... et au final, la troisième place avec 20% des voix. Pas fameux.
Des élections, et au plus tôt!
On aura beau dire qu'une élection partielle obéit à des lois particulières, la défaite des libéraux dans Argenteuil est de très mauvais augure pour eux.
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