Après l’ivresse de la victoire, le gouvernement de François Legault devra commencer à livrer ses ambitieuses promesses électorales en 2019. Si le nouveau premier ministre jouit présentement d’une cote de popularité enviable, le défi sera de gouverner sans créer trop de mécontentement dans la population québécoise. Du côté des oppositions, le PLQ et le PQ continueront leur repositionnement après les importantes défaites du 1er octobre dernier, tout en préparant leur course à la chefferie respective.
Premier budget Girard
Après des années marquées par l’austérité sous Philippe Couillard, le ministre des Finances Éric Girard présentera son premier budget de l’ère caquiste. Avec les surplus déjà annoncés l’automne dernier, le ministre devrait être en mesure d’annoncer plusieurs bonnes nouvelles aux Québécois, dont l’élimination graduelle de la contribution additionnelle pour les services de garde. Le budget sera aussi l’occasion de financer les promesses de la CAQ en éducation et en santé, de même que de prévoir les sommes nécessaires pour redynamiser l’est de Montréal, le prolongement du REM, le développement du tramway et la planification du 3e lien.
Récupérer 1 G$ des médecins spécialistes ?
En campagne électorale, François Legault et sa ministre de la Santé Danielle McCann promettaient de récupérer 1 milliard $ qu’ils jugeaient versé en trop aux médecins spécialistes. Depuis, le gouvernement Legault évite de répéter le montant, mais promet toujours de renégocier l’entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Du côté des omnipraticiens, Québec veut également revoir le mode de rémunération pour introduire une plus grande part liée à la prise en charge des patients. Le gouvernement espère ainsi inciter les médecins de famille à déléguer plus d’actes médicaux aux autres professionnels de la santé, particulièrement les infirmières spécialisées. Mais quand il est question de gros sous, les négociations sont souvent longues et ardues.
Campagne électorale fédérale
La campagne électorale fédérale l’automne prochain sera l’occasion pour le gouvernement caquiste d’obtenir des engagements des partis politiques à Ottawa. François Legault s’est fait élire en promettant d’aller chercher des gains pour le Québec face au gouvernement fédéral, notamment en matière de langue et d’immigration. Le premier ministre québécois ne s’en cache pas, l’élection fédérale est un contexte favorable pour son gouvernement. « Je sens qu’il y a beaucoup de monde, au fédéral, qui voudrait être mon ami », a-t-il commenté récemment au micro de QUB radio.
Voyage en France
Malgré un premier voyage en Arménie pour le Sommet de la francophonie quelques jours après son élection, François Legault aura une première véritable occasion de faire sa marque à l’international lors de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron à l’Élysée. Après avoir tourné le dos à l’idée de la souveraineté, le premier ministre nationaliste devra déterminer comment il entend poursuivre la relation privilégiée entre le Québec et la France. Le président Macron, lui, entretient déjà une relation chaleureuse avec Justin Trudeau et privilégie le multilatéralisme au nationalisme, qui a mauvaise presse dans l’Hexagone. Quelle formule le président français utilisera-t-il pour qualifier la relation entre la France et le Québec ?
Des projets de loi qui feront débat
Durant la courte session parlementaire qui a suivi son élection, le gouvernement Legault a déposé deux projets de loi qui alimenteront les conversations au retour des Fêtes. Le ministre Lionel Carmant veut faire passer l’âge légal de consommation du cannabis de 18 à 21 ans, faisant ainsi du Québec la province la plus sévère en la matière. De son côté, le ministre Éric Girard a déposé un projet de loi qui imposera un taux unique pour les taxes scolaires. Cette mesure a été vivement dénoncée par les oppositions, puisqu’elle ne bénéficie aucunement aux locataires, en plus de profiter de façon disproportionnée aux Québécois les plus fortunés.
Signes religieux
Le sempiternel débat de la laïcité au Québec trouvera-t-il sa conclusion avec le projet de loi sur les signes religieux que le ministre Simon Jolin-Barrette doit déposer l’an prochain ? La CAQ a promis d’interdire le port de signes religieux ostentatoires aux policiers, juges, gardiens de prison et enseignants. Les libéraux ont toujours refusé d’aller de l’avant avec une telle interdiction, la jugeant inconstitutionnelle, mais François Legault est prêt à recourir à la clause dérogatoire en cas de contestation. À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau fait valoir que cela remet en question les « droits fondamentaux des Canadiens ».
De son côté, Québec solidaire débattra à nouveau de sa position sur les signes religieux. La formation de Manon Massé appuie présentement l’interdiction aux employés de l’État en situation d’autorité, mais des militants de QS sont mal à l’aise avec cette position.
Courses à la chefferie
Pendant ce temps, le PLQ et le PQ seront en reconstruction après la dégelée des dernières élections. Dans les deux cas, les partis tenteront de comprendre la désaffection des électeurs à leur endroit. En coulisse, les aspirants à la chefferie continueront de soupeser leurs appuis et de se positionner en vue de la course, qui pourrait attendre à 2020.