Dépolitiser l’immigration

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Martineau se trompe, l'immigration sera toujours un enjeu hautement politique

Qu’on le veuille ou non, l’immigration est en train de s’imposer comme LE grand sujet de la campagne.


Malheureusement, la politique et l’immigration, c’est comme l’acide nitrique et la glycérine.


Séparées, tout baigne dans l’huile, mais quand on les mélange, ça explose.


DES CHIFFRES DANS UN CHAPEAU


Regardez nos politiciens : au lieu de parler d’immigration de façon posée et objective, ils instrumentalisent cette question ô combien délicate pour s’attirer des votes.


Le PLQ dit qu’il faut augmenter le nombre d’immigrants pour faire plaisir à ses électeurs immigrants.


Et la CAQ dit qu’il faut baisser le nombre d’immigrants pour faire plaisir à ses électeurs blancs de souche.


Les uns flattent leur électorat dans le sens du poil (« Ça en prend plus, des immigrants comme vous ! »). Les autres leur font peur (« Il y a trop d’immigrants, on risque de ne plus parler français dans deux générations ! »).


Bref, les deux politisent le dossier de l’immigration.


On dirait que nos chefs de parti sortent des chiffres de leur chapeau : 40 000 ! 60 000 ! 55 000 ! Mais pourquoi 40 000 et non 45 000 ? Pourquoi pas 35 000 ? Ou 70 000, tiens ? Ou même 20 000 ?


Ils viennent d’où, ces chiffres ? Où sont les études qui ont permis aux différents partis politiques de fixer le seuil d’immigrants que nous devrions accueillir annuellement à tel ou tel nombre ?


Tout ça sent l’improvisation à plein nez.


LA SOLUTION HANDFIELD


J’ai discuté hier avec Me Stéphane Handfield, avocat spécialisé en droit de l’immigration.


Me Handfield a une solution toute simple : enlever le dossier de l’immigration des mains des politiciens et le remettre à une instance neutre et objective – comme la vérificatrice générale, par exemple.


Cette instance analysera objectivement et froidement la question.


Quels sont nos besoins en matière de main-d’œuvre ? Où en sommes-nous dans le dossier du vieillissement de la population ?


De combien d’immigrants avons-nous besoin ? Quel genre ? Des immigrants diplômés ? Ou des immigrants qui sont prêts à faire des travaux manuels que les Québécois ne veulent pas faire ?


Vous connaissez l’adage : « La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires. »


Eh bien, on pourrait dire la même chose de l’immigration : l’immigration est un dossier trop délicat pour être confié à des politiciens.


Ce n’est ni François Legault ni Philippe Couillard qui vont fixer le seuil d’immigration. C’est la vérificatrice générale.


Elle ne se présente pas, elle. Elle ne cherche pas des votes. Elle ne séduit pas l’électorat.


Elle va regarder les chiffres. Juste les chiffres.


Sans idée derrière la tête.


Et elle répétera l’exercice chaque année, pour ajuster le seuil d’immigration à nos besoins réels.


Simple, non ?


Simple et brillant.


LA PROPOSITION DU PQ


C’est d’ailleurs la position du PQ.


(Coïncidence ? Un petit oiseau m’a dit que le PQ avait justement demandé conseil à Me Handfield avant de finaliser sa politique en matière d’immigration. C’est réconfortant de voir qu’il y a encore des politiciens qui consultent des spécialistes avant de lancer toutes sortes de promesses...)


C’est, je crois, la meilleure solution.


Qui nous empêchera bien des dérapages. D’un bord comme de l’autre.