Depuis le début de l’année scolaire 2022-2023, soit la moitié de l’année,1062 enseignants du réseau des écoles publiques du Québec ont remis leur démission comparativement à 665 pour l’année scolaire complète 2018-2019. Des démissions en chaîne qui démontrent à quel point notre réseau scolaire est malade.
Mais que se passe-t-il dans nos écoles pour que des enseignants de 20 ans d’expérience quittent leur profession parce qu’ils ont perdu le feu sacré qui les animait au début de leur carrière?
Les groupes réguliers
Parmi les raisons invoquées de la part des enseignants, ressort dans tous les cas la constitution hétéroclite des groupes dits « réguliers ». Les élèves à besoins particuliers constituent souvent la majorité des élèves d’un groupe si bien que l’enseignant s’épuise à leur porter une attention spéciale pendant qu’il délaisse le reste de la classe.
Et pourtant, ce n’est pas d’hier que le personnel enseignant réclame à hauts cris auprès du MEQ des ressources humaines indispensables pour leur venir en aide, à savoir des orthopédagogues, orthophonistes, travailleurs sociaux, psychologues, etc..Or, rien ne bouge. Il semble que, là aussi, la pénurie de main d’oeuvre sévit.
Peut-être serait-il pertinent de demander temporairement aux étudiants en formation dans ces domaines spécialisés de venir prêter main forte aux enseignants plutôt que de faire appel à des techniciennes en service de garde comme le propose le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dans sa liste de priorités, d’autant plus que ces techniciennes n’ont aucune expertise pour être confrontées aux élèves à besoins particuliers.
Groupes hétérogènes ou homogènes?
Les experts en éducation sont partagés eu égard à la constitution des groupes « réguliers », d’un côté, les tenants de l’intégration des élèves à besoins particuliers, ce qui est le cas actuellement, de l’autre, les tenants de la formation de deux groupes distincts, à savoir les élèves à besoins particuliers dans un groupe, les autres dans un autre groupe.
Le constat est sans équivoque. Les groupes réguliers hétérogènes, à savoir ceux qui sont constitués d’élèves à besoins particuliers qui constituent de plus en plus la majorité des élèves, et d’élèves réguliers qui sont privés des contenus de matière du programme compte tenu des interventions fréquentes de l’enseignant envers les élèves à besoins particuliers, sont devenus, il faut bien l’admettre, des groupes ingérables.
On aura beau disposer de toutes les ressources en personnel spécialisé pour appuyer les enseignants, il restera toujours des élèves à besoins particuliers dans les classes compte teenu de leur croissance alarmante dans les groupes dits réguliers.
Par ailleurs, les tenants des groupes homogènes invoquent le fait que les élèves à besoins particuliers seront stimulés par les performances des élèves réguliers et que leurs résultats seront améliorés. À ce sujet, de mémoire, lorsque j’étais au primaire, il n’était pas question d’élèves à besoins particuliers. Or, les derniers de classe demeuraient les derniers tout au long de leurs études primaires.
Conséquemment, je suis d’avis que le moment est venu d’avoir une sérieuse discussion sur l’intégration des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers qui n’ont plus de « réguliers » que le nom. En ce qui me concerne, je suis favorable au décloisonnement des élèves en deux groupes distincts. De ce fait, les élèves réguliers pourront bénéficier d’un climat favorable à l’apprentissage, et les élèves à besoins particulier pourront profiter des services professionnels du personnel spécialisé, quitte à intégrer le groupe régulier lorsque leur cheminement le leur permettra.
La satire de Richard Martineau
https://www.journaldequebec.com/2023/02/07/hein-les-profs-decrochent-quelle-surprise
Henri Marineau ex-enseignant et ex-directeur d’école au secondaire, Québec
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