Un bon juillet faudra que je déménage
j’espère bien te quitter dans pas long
à la course, en volant ou à la nage
j’aspire à réaliser mon grand bond.
Nos chemins nous séparent
nos têtes en mal de directions
dans ces fouillis tant épars
de nos différends en floraison.
Je garderai ma séculaire maison
et n’agite surtout pas les grelots
de ta vile symphonie de partition
l’intimidation j’en connais le lot.
Je veux ma part de tes surplus
que tu as siphonnés effrontément
de mes chômeurs souvent exclus,
de mes étudiants et patients.
Je te laisserai tes belles Rocheuses
les dinosaures de la riche Alberta
et toutes ces têtes trop heureuses
de nous affubler d’un semblant d’État.
Je te céderai ta feuille rougie
pour commandites sous la couverte
j’aime mieux garder comme effigie
celle d’une vie encore toute verte.
Je te léguerai ma gouverneure
vestige faisandé de ma soumission
à ta longue emprise de dominateur
grand multiplicateur d’intrusions.
Je renoncerai à cette armée
qui trahit sa noble tradition
de travailler à désamorcer
des conflits entre nations.
Je larguerai mes sièges à ton parlement
symboles de mon état de minoritaire
tu garderas tes agences de renseignement
fossoyeurs obscurs de mon identitaire.
Je balancerai tes polices à cheval
en rouges parades sur leurs selles
pour ne plus qu’ils te déballent
illégalement mes affaires personnelles.
Garde donc aussi tes juges écarlates
emmaillotés dans leur ridicules toges
sentinelles serviles de ta charte
encore toute de travers dans ma gorge.
Je te laisserai ton majestueux Pacifique
pour qu’il t’inspire encore ce sentiment
à toi devenu beaucoup trop sympathique
à ce voisin qui respire comme il ment.
Je m’affranchirai des Conservateurs
des Libéraux et Néo-démocrates
ces sombres centralisateurs
de ton pouvoir à manie d’autocrate.
Je dirai adieu à Patrimoine-Canada
ses affiches, ses chèques et ses drapeaux
à l’aliénation fiscale et à tout ce fatras
qui sert à me clôturer avec mes impôts.
Je t’abandonnerai sans pleurnicher
tes insipides minutes du patrimoine
j’ai déjà eu ma ration de héros nichés
il aura bien fini de danser ton moine.
Finie la jungle fédérale-provinciale
terminée ta constitution toute trouée
raccommodée, patchée, vétuste et bancale
nuitamment imposée mais non encore digérée.
Je veux gérer ma propre maison
je suis tanné de te voir l’intendant
qui décide qui inviter dans mon salon
en jouant toujours au malentendant.
Même si hélas ton vent dominant
me soufflera longtemps ton bitume
je veux sauvegarder mon ambiant
sans protocoles dans les brumes.
Je te rendrai mon petit banc à l’UNESCO
garde aussi ce concept creux de nation
et toute cette panoplie de prix coco
dont j’ai eu plus que ma ration.
Je désire régler l’impasse fiscale
pour décider de mes priorités
et cesser ces plaintives escales
sur les genoux dans tes escaliers.
Je peux très bien faire connaître
moi-même ma bien réelle existence
sans nul besoin de toi pour naître
dans ce monde en effervescence.
Est-il si loin ce grand moment
où je bouclerai mes valises d’adieux ?
Est-il proche ce salutaire instant
où je m’envolerai vers d’autres cieux ?
J’en ai assez de tes magouilles
qui me gavent d’ambiguïtés
Baptiste, ta proverbiale grenouille,
aspire à explorer sa liberté.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Déménagement: Rimettes politiques estivales
Canada Day 2008
Gilles Ouimet66 articles
Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troup...
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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.
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2 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
1 juillet 2008M. Vézeau,
Oui, l’allégorie de la femme battue s’applique au cas du Québec dans le Canada, tout comme celle de l’esclave d’une génération à l’autre, qui n’a jamais connu que ses chaîne, jamais assumé un geste responsable, qui réclamera son maître si du jour au lendemain on devait l’affranchir et le laisser aller… Et ce cas se rapproche horriblement de ceux, comme vu récemment (en Autriche ?), de jeunes filles(ou garçons) asservies dès le jeune âge par le père sur tous les plans : sexuel, confinement extrême, sans éducation ni connaissance du lieu ou du temps… Devenus jeunes adultes, ces êtres n’ayant jamais connu la normalité, comme l’enfant de la jungle, ne se plaignent pas de leur sort, n’ayant aucun point de comparaison. Le tyran donne des coups et en est remercié !
Depuis la conquête britannique, en 1759, donc depuis 250 ans, (une dizaine de générations), les francophones du Canada sont graduellement minorisés, privés de l’instruction bien subventionnée que se paie le maître (McGill/Concordia), des soins de santé modernes de l’autre(CHUM/CUSM), appauvris par la délocalisation des industries et services fédéraux accordés ailleurs (dans leur langue, transports continentaux(aérien, ferroviaire, maritime, routier :douanes, GRC, Forces militaires…) ridiculisés dans leur différence minoritaire, spoliés de leurs maigres revenus pour être filoutés dans leurs droits fondamentaux : démocratie, justice, économie : ressources naturelles, agriculture, environnement…
Après tant de générations d’humiliation et de défaites(Wolfe, Durham(Patriotes), McDonald(Riel), McKenzie King, Laurier (conscriptions), Trudeau(Octobre’70, Constitution) Chrétien, Dion(Référendums, Commandites) Charest/Harper(Loi 101 étripée) Immigration forcée sans francisation… sans oublier quelques vacheries des prétendus souverainistes eux-mêmes,… la jeunesse de l’ère de l’Internet vit le syndrome de Stockholm : admire les succès du bourreau et aspire à lui ressembler, fuyant la condition misérable que ses ancêtres ont endurée. Cette génération est fière de prendre des avions à tous les lundis matins pour son maître (Motorola ?) à destination de la Californie, de l’Ohio, de la Chine et de l’Afrique, bardé de cellulaires/photo, Blackberries, ordi portable, pour être rejoignable 24/24. Cette servitude lui sied mieux que celle de ses parents fonctionnaires parce qu’elle lui achète Cabane/bazou/bateau/chalet qu’il n’a pas le temps d’utiliser mais qui rend milliardaire le tycoon de la finance et des communications. La laisse lui paraît douce comme les coups du tyran apportent une portion additionnelle de patates à l’enfant asservi…
Encore plus que pour la « femme battue » ces allégories nous montrent que l’esclave générationnel ne peut s’en sortir de lui-même. Une dénonciation extérieure doit survenir !
Aujourd’hui à Québec, à l’invitation du RRQ, nous n’étions pas cent résistants portant encore quelques bribes de conscience de notre minorisation fatale. Sur la Colline parlementaire à Ottawa, c’était la mer ROUGE, et nombre de francophones y célébraient la fête de leur conquérant ! Au pied du monument de Wolfe, où trois graphiteurs avaient été interdits par le Juge pour avoir écrit Québec libre, la police entourait notre groupuscule qui bêlait à fendre l’âme avant d’être égorgé. Falardeau, Bourgeois, Sauvé(qui croit le GrandJour proche), nous ont harangués, debout sur une table à picnic, puis nous ont accordé 15 minutes pour aller impunément maculer de craie hydrosoluble l’infâme monument de Wolfe avec nos plus retentissants Québec libre ! 15 minutes : pas une seconde de plus ! Aussitôt après, les policiers du maire Labaume nous ont explulsés sans ménagement. Une heure plus tard, après lunch rue Cartier, toutes traces de craie avaient disparu : lavées au Karchner, comme dirait Sarko ! La garderie s’était amusée, on avait nettoyé, la marée rouge autour du musée n’eut connaissance de rien ! CANADA DAY as usual…
Devenus insuffisants en nombre, nous sommes une espèce quasi disparue ! Viendra-t-il une dénonciation d’un observateur naturaliste extérieur ?
Ou serons-nous inscrits parmi les innombrables espèces animales qui disparaissent annuellement ?
En tout cas la Terre n’arrêtra pas de tourner.
Grégory Vézeau Répondre
1 juillet 2008Bravo!
Tout simplement inspiré!
Cela me fait penser à ma comparaison des relations Québec/Canada et le cycle de la violence chez les femmes violentées.
On se fait voler, manipuler, mentir, rabaisser, insulter. On fait rire de nous, nos lois se font violer à outrance et on s'est même fait même battre en octobre 1970.
Et dès qu'on parle de partir, on se fait chanter des belles chansons, on nous dit qu'on nous aime et on nous achète des beaux cadeaux avec l'argent qu'on s'est fait voler au préalable.
Et on tombe dans le panneau une fois de plus et le cycle de la violence se poursuit...
Donc oui, il est plus que tant que le Québec sorte de cette relation malsaine pour lui, comme bon nombre de ces femmes courageuses qui quittent les hommes qui les maltraitent.