Quelle mouche a piqué le B'nai Brith ? Le Parti libéral du Canada n'a pas à exclure l'universitaire et ex-journaliste Jocelyn Coulon parce qu'il a déjà appelé au dialogue avec des modérés du Hamas ! Cette demande est aussi insensée qu'excessive.
Où irions-nous si nous ne pouvions plus exprimer d'opinion politique ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit : de l'expression d'une opinion politique.
Le candidat libéral dans Outremont n'a en effet ni diffamé, ni insulté qui que ce soit. Il n'a traîné personne dans la boue en lançant cette invitation au dialogue.
On peut trouver son appel naïf, le réprouver ou tout ce que l'on voudra. Mais c'est avec des arguments politiques qu'on doit le contester. Pas avec une condamnation arbitraire.
On ne prive pas une personne de ses droits civiques parce qu'elle a souhaité l'ouverture d'un canal de communication ! On ne la rend pas inéligible à un scrutin politique ! Car c'est bien là que nous conduit la logique de cette organisation, même si elle n'en a peut-être pas eu conscience lorsqu'elle a réclamé l'exclusion de Jocelyn Coulon des rangs libéraux.
On se réjouit d'apprendre que le comité Québec-Israël n'appuie pas sa demande.
Il est normal que les sensibilités soient à fleur de peau quand il est question de la poudrière israélo-palestinienne. Raison de plus pour se garder de tout jugement péremptoire. Ce conflit a fait couler tant de sang et attisé tant de haine qu'on doit en parler avec nuances.
Ceux qui croient qu'il n'y a que des bons d'un côté et des méchants de l'autre accroissent les difficultés.
Nous partageons l'effroi qu'a provoqué l'élection des islamistes du Hamas en janvier 2006. Mais tous les Palestiniens qui ont voté pour ce parti n'ont pas sombré dans les bras de l'islamisme radical. Beaucoup ont simplement exprimé le ras-le-bol que leur inspirait le Fatah. Cette victoire découlait en partie de l'effondrement de l'économie et des structures sociales dans les territoires palestiniens.
Ce que la communauté internationale avait le devoir de faire après cette élection, c'était d'éviter, par une attitude trop intransigeante, de renforcer la frange la plus radicale du Hamas, une nébuleuse évoluant entre œuvres de bienfaisance et terrorisme.
Oui, comme nous le disions à ce moment-là, il y a des fous furieux de Dieu qui n'attendaient que ça. Malheureusement, ils ont eu ce qu'ils voulaient.
Le Hamas est une organisation terroriste. Cela ne se discute pas. Mais était-il si irresponsable à ce moment-là d'appeler à un dialogue minimal avec ses éléments les plus modérés dans l'espoir d'isoler ses extrémistes ? Non. C'est d'ailleurs probablement la stratégie qu'emploiera en temps et lieu le nouvel émissaire de la communauté internationale, Tony Blair. La Cisjordanie et la bande de Gaza ne resteront pas éternellement coupées.
On peut penser cela sans être taxé d'« anti-israélien ». On n'a pas non plus à être accusé de sentiment « antiarabe » parce qu'on croit, comme nous le faisons encore, que si la riposte de l'armée israélienne a été totalement disproportionnée durant le conflit qui a éclaté dans le sud du Liban l'an dernier, ce sont les bandes armées et fanatisées du Hezbollah qui ont tout provoqué. Et que, oui, Israël a le droit de se défendre, de se protéger des roquettes qui pleuvent parfois sur son sol.
Les libéraux de Stéphane Dion ont recruté une grosse pointure en la personne de Jocelyn Coulon. Avec le bloquiste Jean-Paul Gilson, la nouvelle vedette néo-démocrate, Thomas Mulcair, et le conservateur Gilles Duguay, un homme à l'impressionnante feuille de route, le scrutin complémentaire d'Outremont pourrait être de haut niveau. Une fois n'est pas coutume.
Demande insensée
Ceux qui croient qu'il n'y a que des bons d'un côté et des méchants de l'autre accroissent les difficultés
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