De la politique oblique à la nouvelle droite

Pour l'auteur, la nouvelle droite, ce sont toutes ces personnes qui ne vont plus voter et qui méprisent avec raison la classe politique.

La Dépossession tranquille



À lire l'actualité et à écouter les commentateurs et les experts, on en arrive à certaines conclusions. Voici la politique oblique ou le pouvoir au service des corps intermédiaires. Ainsi, le Parti conservateur du Canada serait le porte étendard des banques et des compagnies pétrolières: les départs surprenants mais annoncés des Fortier et Prentice, pour de hautes fonctions au sein de grandes banques canadiennes et l'acharnement personnel du premier ministre à défendre les pétrolières donneraient du poids à cette affirmation qui ne serait pas seulement un préjugé. Quant à l'agenda «Law and Order», plus personne n'y croit tellement des projets de loi déposés meurent au feuilleton de la Chambre. Les trafiquants de drogue continuent de bénéficier de la libération expéditive.
Le Parti libéral du Canada représenterait principalement les intérêts des communautés ethniques et immigrants récents, de même que les environnementalistes et certains groupes de pression ayant un agenda très précis, homosexuels, autochtones, groupes pro-avortement et pourfendeurs du Code criminel en général.
Le Bloc québécois serait la succursale du Parti québécois à Ottawa, mais n'exprimerait pas seulement la voix des souverainistes: en fait, le Bloc manifesterait clairement et presqu'uniquement les opinions du mouvement syndical francophone au Québec. Doit-on observer une déviation de sa trajectoire initiale? Je le crois. Le Parti néo-démocrate serait son pendant anglophone.
Depuis quelques temps, on évoque la genèse d'une droite, nouvelle mais indéfinie. Quelle est-elle? Ce billet tente d'y répondre en se fondant sur mon expérience personnelle de la pratique du droit au titre d'avocat, mais aussi de fonctionnaire retraité du gouvernement du Canada. Voici ma liste des sans voix possible pouvant constituer cette nouvelle droite.
D'abord, je vous soumets que ce peut être les travailleurs non syndiqués toujours de plus en plus pauvres et réduits au silence. Pensons ensuite aux dirigeants des PME qui peuvent de moins en moins négocier le financement de leurs entreprises avec les institutions financières. Ajoutons à cette liste les personnes handicapées, dont je suis, les invalides, les malades chroniques et leurs familles, lesquels sont devenus sans voix à cause de leur dépendance à l'État. Il ne faut pas oublier surtout les personnes âgées que les libéraux «snobent» de plus en plus parce que désintéressées de la politique, peu rentables à long terme et difficiles à déplacer au moment du scrutin.
Que dire des victimes d'actes criminels que le «système» ignore à peu près totalement si ce n'est que pour offrir un régime d'indemnisation d'une autre époque, et pour lequel une réforme est réclamée, mais laissée-pour-compte depuis des années, et leurs familles oubliées dans le dédale de la bureaucratie, hormis les humbles victoires du sénateur Boisvenu en matière de protection de l'emploi. J'oubliais. Il y a les croyants qui vont à l'église, ou à la synagogue, ou à la mosquée régulièrement et dont je suis. Ce n'est pas un hasard si nous sommes de plus en plus nombreux à la messe de 8h30, chaque dimanche.
À m'y forcer, la liste pourrait s'allonger. Les grands patrons des multinationales industrielles et canadiennes, et non pas des PME, pourraient aussi se retrouver à la marge comme les personnes handicapées, tellement le Parti conservateur sert bien les banques et que les libéraux ont centré leur agenda sur la Charte et les droits fondamentaux des délinquants. Il faut le faire! Incroyable...
Hé oui! Il y a une nouvelle droite au Canada et il se pourrait que ce soient des membres de votre famille. Ils sont désormais sans voix.
J'en rajoute. Mon hypothèse est la suivante: ce sont toutes ces personnes qui ne vont plus voter et qui méprisent avec raison la classe politique, c'est-à-dire ceux qui prennent le pouvoir mais qui ne savent pas compter et qui défendent aveuglément des agendas secrets et inavouables au mépris de la majorité et des créateurs de richesse, inventeurs et entrepreneurs.
Ma liste, répète-t-elle le créneau du Tea Party? Devons-nous en sourire ou pleurer?
Financiers et avocasseries de toutes sortes mènent notre société à la ruine...et à d'éternelles luttes intestines. Donnons une voix à toutes ces personnes estimables que je viens de nommer. Elles ont droit à leur étoile.
***
Me Claude Laferrière, avocat de PME et chargé de cours en droit de la sécurité nationale, Université de Montréal


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé