Nous vous présentons cette semaine, le premier de deux articles qui portent sur l'appropriation de l'indépendance. Il s'agit de la collaboration d'un indépendantiste de longue date, M. Pierre Daviau. Dans son texte, il lance un appel pressant en vue de préparer « le rassemblement des citoyens dans toutes les régions, en dehors des cadres des partis politiques ». Il juge urgent que cette action « s'impose pour accomplir la mission de l'indépendance nationale ».
BD
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Le combat de l'indépendance est parsemé des pièges nombreux, variés et quotidiens. Les Québécois sont responsables de plusieurs de ces pièges et, par conséquent, possèdent en eux le pouvoir de les désamorcer car ils relèvent de la COMPLEXITÉ DE LA VIE COLLECTIVE québécoise. Dans ce combat, d'autres pièges sont tendus par les adversaires fédéralistes canadians. Ce premier article traite des pièges dont les Québécois assument la responsabilité collective.
« La vie est difficile » (Scott Peck) (1)
PREMIER DE DEUX ARTICLES
Scott Peck, un psychiatre américain écrit, dans le premier chapitre de son livre, cette phrase initiale lourde de sens : « La vie est difficile ». Évidemment, ce constat s'adresse aux personnes désireuses de voir clair dans leur vie. Nous pourrions le pasticher en disant que la vie est difficile, même très difficile pour les indépendantistes.
Un historien de chez-nous, Maurice Séguin, a longuement réfléchi à la condition des Canadiens Français et des nations en général. Il écrit dans le chapitre premier, « Vie et conditions de vie » dans Les Normes, Section 4, DURETÉ DE LA CONDITION HUMAINE - CRISE INTRINSÈQUE PERMANENTE, Subdivision 2, Pour la société : « Monde ou sociétés en équilibre instable, partagées entre des nécessités contraires. L'organisation, la planification s'imposent, mais elles peuvent paralyser l'initiative, la puissance créatrice... La liberté favorise l'invention, mais elle peut engendrer l'inefficacité, et même l'anarchie... Le rôle d'une élite est essentiel, mais comment éviter les privilèges égoïstes ? On doit tenir compte des intérêts des masses, mais il y aura danger de nivellement et d'appauvrissement. On ne saurait refuser les bienfaits de la collaboration, mais on s'expose à être exploité, dominé, annexé. L'autonomie est l'un des pôles de la vie de société mais elle s'accompagne du risque de replis et de refus stériles. (L'énumération pourrait se poursuivre...)
Ce n'est pas la moindre des tragédies de l'aventure humaine, que de ne pouvoir donner à fond dans une direction, sans déboucher inévitablement sur des inconvénients aussi importants que les maux ou les imperfections que l'on veut corriger. Affirmer la nécessité d'un juste équilibre, c'est facile en théorie. Mais en pratique, jusqu'où faut-il aller dans un sens ou dans l'autre ? Où se trouve le juste milieu ? Ou plus exactement le compromis qui ne comporte pas trop de sacrifices ? » (2)
Cette pensée de Maurice Séguin préfigure les difficultés auxquelles sont confrontés les Canadiens Français, aujourd'hui les Québécois, pour conquérir leur indépendance nationale. La COMPLEXITÉ DE LA VIE COLLECTIVE devrait susciter une réflexion approfondie chez tous les indépendantistes sincères. Sans aucun doute, de nouvelles convictions et de nouvelles manières d'agir émaneraient de cet effort de réflexion et contribueraient à enrichir et transformer l'enseignement de l'indépendance avec son prolongement dans l'action politique réfléchie et ordonnée.
COMPLEXITÉ DE LA VIE EN SOCIÉTÉ
Voici quelques exemples de cette complexité qui illustrent la difficulté de comprendre et de maintenir un juste équilibre dans nos réflexions et nos décisions.
DRAMES SOCIAUX
La violence des drames sociaux vécus au Québec lors des tragédies de l'Assemblée nationale en 1984, de l'École Polytechnique en 1989 et celle du Collège Dawson tout récemment laissent le citoyen pantois. Surgissent alors plusieurs questions : Pourquoi ? Comment de tels drames peuvent-ils se produire ? Que faire pour les prévenir ? Notre VIE COLLECTIVE est-elle la cause de ce mal ? Sommes-nous si méchants, individuellement et collectivement, etc. ?
Il n'existe pas de réponse simple à ces questions. Cependant, la classe politique s'empresse d'intervenir pour proposer ses solutions. Cette intervention politique est souvent superficielle et même dangereuse. Un journaliste écrit dans le même sens au sujet de la tragédie du Collège Dawson : « Surtout, on aura remarqué, de la part de milieux politiques notamment, une prompte ruée sur des solutions visant plus, semble-t-il, à rassurer le public qu'à répondre au risque de voir pareil événement survenir ». (3)
L'intervention politique constitue un danger réel quant les solutions proposées découlent des interventions de groupes de pression et ne constituent pas la solution du problème. En effet, refuser d'analyser les faits et agir pour contenter l'opinion est le plus sûr moyen d'errer et de tromper les citoyens. Se leurrer soi-même ou leurrer les autres ne peut que préparer un avenir tragique. La voie de la solution n'est-elle pas d'analyser les faits, de se conscientiser et de faire face à la situation.
PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
De tout temps, les problèmes économiques ont affecté la VIE COLLECTIVE des sociétés. Fermetures d'usines, faillites, mises à pieds, chômage, pauvreté sont les conséquences visibles des difficultés économiques. Pour la majorité des citoyens qui souffrent et qui luttent pour s'en sortir, il devient ardu, sinon impossible, de comprendre les causes profondes de ces difficultés et quasi impossible de proposer des solutions durables. Cette VIE COLLECTIVE nous apprend aussi que tous s'accrochent à des solutions à court terme, souvent non viables.
Dans certaines industries (filatures, vêtement, assemblage, industries du bois, etc.) les employés ont accepté des réductions de salaires ou autres mesures dilatoires qui, selon leurs employeurs, devaient aider à combattre la concurrence étrangère et à assurer la pérennité des emplois. Tous ces sacrifices n'ont permis que de prolonger la durée des souffrances et des inquiétudes pour finalement se conclure par la fermeture des usines ou le transfert de la production dans les pays à bas salaires. Les conséquences en sont le chômage, la réorientation de carrière irréalisable pour les employés d'un certain âge et, malheureusement, l'aide sociale pour certains.
L'intervention de l'État pour solutionner ces problèmes n'est pas toujours heureuse surtout si l'on ne se préoccupe que du court terme. Rappelons-nous la tentative infructueuse de Bernard Landry de ressusciter l'usine de papier Gaspésia de New Richmond. Son projet de sauvetage s'est terminé par une faillite retentissant et il illustre clairement que l'économie et la politique partisane ne font habituellement pas bon ménage.
LENTEUR DE L'ÉVOLUTION D'UNE PENSÉE COLLECTIVE
Les sociétés évoluent généralement avec lenteur. Maurice Séguin comprenait cette évidence qu'il a précisée dans Les Normes, Chapitre 1, Section 7, LIMITES DE L'INTERVENTION DE L'INTELLIGENCE ET DE LA VOLONTÉ, Subdivision 2, Pour las société :
● « La société elle-même est fortement déterminée.
● Il y a des constantes, des lois (démographiques, politiques, économiques...)
● Il y a des situations de faits, que la volonté ne peut supprimer en permanence ou même modifier rapidement d'une façon radicale.
● Les redressements de situation ne sont pas uniquement causés par l'intervention de l'intelligence et de la volonté. Des forces latentes existaient pour justifier ces redressements. Des miracles semblent parfois se produire, mais LA LENTE MATURATION EST LA RÈGLE GÉNÉRALE. » (4) (Les majuscules sont de nous.)
Tout un chacun constate cette lente évolution de la pensée quand il observe que les changements indispensables qu'il désire apporter dans la VIE COLLECTIVE ne se produisent pas. Pour vérifier cette assertion, il suffit d'observer quelques exemples incontestable reliés à la protection des personnes et au bon fonctionnement de la VIE COLLECTIVE.
LES GANGS DE MOTARDS CRIMINALISÉS
Le réveil de la population et des élites politiques s'est produit seulement après de multiples années d'indifférence et de nombreux meurtres et autres crimes inacceptables dans une société civilisée. D'une part, il a fallu qu'un ministre voie clair et prenne une décision administrative judicieuse pour pallier l'éparpillement du travail policier en instituant des équipes spécialisées. D'autre part, il fut beaucoup plus laborieux de modifier le Code pénal afin de mieux protéger la société.
LES GANGS DE RUE
Les crimes que commettent les membres de ces gangs étaient presque pris à la légère, les forces policières invoquant un manque de ressources pour mieux les surveiller. Cependant, après plusieurs années d'accroissement constant des crimes violents, l'inquiétude de la population s'est répandue loin des quartiers les plus touchés. Enfin, les forces policières ont commencé à agir et le gouvernement a promis des ressources financières additionnelles.
Ces exemples simples illustrent très bien cette lenteur de l'évolution de la pensée et de l'action conséquentes. Or, la COMPLEXITÉ DE LA VIE COLLECTIVE dont il a été question précédemment fait en sorte qu'elles souffrent d'une plus grande lenteur. Voilà un constat qui explique la DIFFICILE APPROPRIATION DE L'INDÉPENDANCE chez les Québécois.
INCAPACITÉ ATAVIQUE DES PARTIS « SOUVERAINISTES »
Cette COMPLEXITÉ DE LA VIE COLLECTIVE, omniprésente dans tous les pays, rend très difficile la compréhension de tous ces phénomènes et elle est un obstacle à l'approbation populaire des avenues de solutions à plus long terme. Au Québec, ces difficultés s'additionnent à celles inhérentes à l'enseignement de l'indépendance nationale. Qui plus est, les partis dits « souverainistes » pratiquent, souvent sans s'en rendre compte, la politique de l'ambiguÏté.
Le Parti québécois cherche à solutionner tous les problèmes de la société et veut réaliser un « Projet de pays » sans faire de l'indépendance sa priorité absolue. Cette orientation politique erronée ignore le besoin pressant d'enseigner l'indépendance aux Québécoises et Québécois. La période référendaire soulève tant de passions qu'elle ne prédispose pas à la réflexion et à l'enseignement de l'indépendance. Attendre passivement ce moment prépare des lendemains pénibles. De plus, QUAND TOUT EST PRIORITAIRE, RIEN N'EST PRIORITAIRE. Or, quand il occupe le pouvoir, le Parti québécois choisit de trop concentrer ses activités sur la gouvernance d'une province pour s'intéresser vraiment à l'indépendance
Le Bloc québécois, élu à Ottawa, s'active intensément à combattre DANS LE RÉGIME et fait ainsi le jeu, sans le vouloir, de la majorité dominante canadian. En oeuvrant ainsi DANS le SYSTÈME, ce parti politique contribue à un meilleur fonctionnement du Canada, ce qui est contraire à la mission qu'il s'est lui-même donnée.
Cette incapacité flagrante des partis « souverainistes » à agir d'une manière indéfectible et prioritaire dans la voie de l'indépendance nationale nous contraint à cette conclusion : il vaut mieux de ne pas se fier seulement aux partis « souverainistes » pour réaliser l'indépendance nationale.
INVITATION À AGIR
Pour mettre fin à cet attentisme paralysant et destructeur, un vaste rassemblement des citoyens de toutes les régions, en dehors des cadres des partis politiques, s'impose pour accomplir la mission de l'indépendance nationale. Nous devons créer un mouvement national irrésistible qui rassemblerait toutes les Québécoises et tous les Québécois dans ce combat combien essentiel pour nous tous. Le temps presse de réagir et de cesser de confier tous nos espoirs au Parti québécois quand il est au pouvoir, en restant ensuite bien assis chez soi à attendre le grand soir !
Dans un texte antérieur, REMETTRE LE QUÉBEC SUR LES RAILS DE L'INDÉPENDANCE ! Pourquoi ? Comment ?, je proposais d'organiser des rencontres afin que nous puissions créer ensemble un groupe de ces personnes essentielles à l'atteinte de notre objectif politique. Je réitère cette invitation et je me rends disponible pour expliquer l'indépendance nationale du Québec et agir à titre de modérateur.
J'invite les Québécoises et les Québécois qui sont prêts à s'engager, à m'écrire par courriel à l'adresse suivante : pierredaviau.ca@videotron.ca . Je pourrai communiquer mes coordonnées sur réception de vos courriels.
Pierre Daviau
_ Québec, le 5 octobre 2006
RÉFÉRENCES
(1) Scott Peck, Le chemin le moins fréquenté, Robert Laffont, Paris, 1987.
(2) Maurice Séguin, Les Normes, Guérin, Montréal, 1999, p.134.
(3) Jean-Claude Leclerc, Le Devoir, 25 septembre 2006, p. B6.
(4) Maurice Séguin, Op. cit. p. 139.
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