Pour contrer les extrémistes violents sur le Web, il faut faire en sorte que des jeunes leur répliquent sur le Web, estiment de nombreux participants à la Conférence de l’UNESCO sur Internet et la radicalisation.
Charlotte De Mesmaeke, 24 ans, et Amal Hamich, 30 ans, font partie de la délégation belge de « Non à la haine ». « Non à la haine » est une campagne européenne lancée en 2013 pour lutter contre tous les discours haineux en ligne et hors ligne.
Après avoir dressé un portrait de la radicalisation lundi, la Conférence de l’UNESCO tournait mardi les projecteurs vers les solutions, ou du moins des pistes de solutions, pour endiguer le phénomène.
« On essaie d’engager un dialogue, de poser des questions, explique Charlotte. Parfois, on fait des signalements massifs de pages et il y a aussi toute une partie d’écoute des victimes qui se font harceler. »
Amal porte le voile ; Charlotte pas. Elles s’insurgent contre la haine de l’Occident, l’islamophobie et toutes les formes d’intolérance. Dans leurs temps libres, ces deux « activistes » donnent des formations dans les écoles. « On ne met pas de barrière avec les jeunes. On crée un espace sans jugement, précise Amal. Même s’il y a un discours raciste, ce n’est pas grave dans le cadre de la discussion parce que l’objectif, c’est de savoir d’où vient ce discours et ce qui pousse la personne à penser de cette manière. »
Au Québec, elles ont collaboré à la création d’un organisme du genre. Le gouvernement Couillard a annoncé mardi une aide de 10 000 $ pour en élargir l’impact.
« La seule manière »
Aux yeux de nombreux spécialistes, les initiatives comme « Non à la haine » sont la meilleure manière de contrer les extrémistes qui recrutent sur le Web. « C’est la seule manière », plaide Mubin Shaikh, un ancien sympathisant des talibans devenu expert en contre-terrorisme. « Ce sont des adolescents. Ils vont davantage écouter leurs pairs que des adultes, dit-il. Les gens ne vont pas changer d’opinion à cause d’un tweet ou d’une simple entrée, ça prend une discussion soutenue. ISIS fait ça depuis des années. Si elle consacre autant d’énergie à cela et qu’on ne réplique pas, ils gagnent. Il faut les empêcher d’avoir le monopole de l’histoire. »
Mais de quoi parle-t-on dans le contre-discours ? Le directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques, François-Bernard Huyghe, indique que traiter l’autre de menteur ne sert à rien. Contester son interprétation de l’islam est déjà « plus intelligent », a-t-il fait valoir. En même temps, les groupes extrémistes violents « ont prévu le coup » et ont des « éléments pour répliquer ».
L’expert a aussi évoqué les interventions sur les algorithmes pour vérifier quels sites apparaissent sur les moteurs de recherche. « Pour un utilisateur un peu naïf, ça marche. »
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LUTTE CONTRE LA RADICALISATION
De jeunes internautes montent au front
«Non à la haine» combat les extrémistes en engageant le dialogue en ligne et dans les écoles
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