Changement à la tête de la diplomatie américaine: d’un tweet, le président américain Donald Trump a annoncé mardi le limogeage de Rex Tillerson, remplacé au poste de secrétaire d’État par l’actuel directeur de la CIA, Mike Pompeo.
Après des mois de rumeurs sur un départ mille fois donné comme imminent, le sort l’ancien homme fort d’ExxonMobil, qui peinait à trouver sa place à Washington et entretenait des relations difficiles avec le locataire de la Maison-Blanche, a été scellé.
« Mike Pompeo, le directeur de la CIA, deviendra notre nouveau secrétaire d’État. Il fera un travail fantastique! Merci à Rex Tillerson pour ses services! », a lancé M. Trump.
Le président septuagénaire a par ailleurs annoncé que Gina Haspel deviendrait la nouvelle directrice de la CIA, la première femme choisie à ce poste.
La Maison-Blanche a mis en avant la volonté du président d’avoir une nouvelle équipe au moment d’aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord. Ce dernier a accepté la semaine dernière l’invitation du dirigeant Kim Jong Un à une rencontre d’ici fin mai, afin notamment de discuter de dénucléarisation.
Ironie suprême: début octobre, l’impétueux président avait, fait rare, publiquement rabroué son secrétaire d’État pour avoir évoqué l’existence de canaux de communication visant à sonder les intentions de la Corée du Nord.
« Il perd son temps à négocier », avait-il écrit sur Twitter. « Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire. »
Interrogé sur les raisons de ce limogeage, le président a mis en avant des désaccords de fond, en particulier sur le dossier nucléaire iranien.
« Nous nous entendions bien mais nous avions des désaccords », a-t-il lancé depuis les jardins de la Maison-Blanche, en partance pour la Californie. « Quand vous regardez l’accord sur le nucléaire iranien: je pensais qu’il était horrible, il pensait qu’il était passable ».
Moscou ironise
Signe des tensions et des dysfonctionnements au sein d’une administration marquée par des départs et des limogeages en cascade, le président n’a pas prévenu le chef de la diplomatie de sa décision.
« Le secrétaire (d’État) n’a pas parlé avec le président ce matin et il ignore les raisons, mais il est reconnaissant d’avoir pu servir, et continue à penser que servir le public est une tâche noble qu’il ne faut pas regretter », a déclaré Steve Goldstein, haut responsable de la diplomatie américaine.
Le chef du département d’État a la responsabilité de quelque 70 000 diplomates, fonctionnaires et contractuels disséminés dans plus de 250 ambassades et consulats à travers le monde.
Fin 2017, la chaîne NBC News affirmait que M. Tillerson avait qualifié le président américain de « débile » à la fin d’une réunion au Pentagone. Ces révélations avaient contraint le chef du département d’État à prendre la parole pour affirmer son soutien public et son « engagement en faveur du succès » du locataire de la Maison-Blanche.
Par contraste, Donald Trump a couvert d’éloges celui qu’il a choisi pour diriger la diplomatie au moment où le monde entier s’interroge sur la façon dont il abordera son tête-à-tête avec le leader nord-coréen.
« Je travaille avec Mike Pompeo, depuis un moment », a souligné M. Trump, louant son « énergie formidable » sa « grande intelligence »
« En tant que directeur de la CIA, Mike a mérité les éloges des membres de nos deux partis en renforçant notre collecte de renseignements, en modernisant nos capacités offensives et défensives et en tissant des liens étroits avec nos alliés de la communauté du renseignement », a-t-il également déclaré.
« Félicitations à mon ami et prochain secrétaire d’État Mike Pompeo! », a tweeté Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU. « Excellente décision du président », a-t-elle ajouté, sans un mot pour celui qui fut son secrétaire pendant plus d’un an.
Moscou a ironisé sur ce remaniement, se demandant si la Russie, accusée d’ingérence dans l’élection de Donald Trump, serait une nouvelle fois montrée du doigt.
« Personne n’a encore accusé la Russie d’être responsable des changements de poste à Washington? », s’est interrogée la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, dans un commentaire à l’AFP.