D'un Québec oligarchique à un Québec démocratique

Séparatiste pur et dur

Tribune libre

Je suis un séparatiste pur et dur mais je suis avant tout pour une réforme de notre démocratie.
Il est évident que le système politique est biaisé afin que tous les partis politiques ne s’occupent que de se faire élire. J’ai aussi fait le constat que le Parti québécois a été piégé pour ne représenter que les québécois de souche. Le Parti québécois est peinturé dans le coin, vous connaissez la chanson.
Pour ceux qui se demandent comment il se fait que je sois un séparatiste pur et dur, voici ma petite histoire.
J’étais un homme d’affaires prospère qui avait une multitude de clients anglophones (le Parti québécois venait de se faire élire pour la première fois). Immédiatement après l’élection, j’ai assisté à un phénomène extraordinaire : mes clients anglophones ont commencés à me parler en français – quelle belle marque de respect! – j’étais fière; comme homme d’affaires je votais libéral; j’avais même participé, en tant que publicitaire, à la campagne du futur ministre Guy St-Pierre. Tout roulait jusqu’au jour où monsieur Bourassa se fait élire…le lendemain mes client ne parlait plus que l’anglais! J’avais compris que les anglophones ne respectent que la menace. Jamais je ne retournerai en arrière.
Revenons au sujet principal. Nous vivons tous en oligarchie piégé dans un système politique qui est construit pour perpétuer cet état de fait. Si le Parti québécois est sérieux par rapport à la démocratie, il doit nous proposer un changement drastique vers la démocratie sinon on remplacera une dictature par une autre? Je n’ai jamais entendu PKP parler de démocratie.
Si le Parti québécois avait un projet de société différent que celui de défendre les «de souche» peut-être serait possible d’intéresser les anglophones et les immigrants? Mais nous avons été peinturés dans le coin et les mathématiques ne le permettent plus, jamais un anglais et la plupart des immigrants ne vont voter pour le PQ. On peut se chicaner ici entre nous, rien ni fera! Peut-être faudrait-il changer la nature de la bête (le Parti québécois) de fond en comble? Si nous perdons tous nos combats, il faut changer la manière de se battre?
Il y a un risque à changer la nature du Parti québécois pour en faire un véhicule de la démocratie plutôt qu’un défenseur des québécois de souche. Nous, les hommes d’affaires on connait ça le risque, monsieur Péladeau aussi, bien sûr. Si l’évidence vous saute aux yeux, vous savez que de rallier des partis politiques indépendantistes est impossible à moins de les tuer politiquement. Reste peut-être un projet de société basé sur la démocratie, qui dépasse les intérêts des de souche, pour embrasser une réforme démocratique qui nous débarrasserait de la dictature de tous les partis politiques - incluant celle du Parti québécois -, un tel projet pourrait-il rallier le vote des anglophones et des immigrants?
Je l’espère, mais il y a un risque! Monsieur Péladeau peut-il passer de maître absolu dans une très grande entreprise à valet de la démocratie?


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5 commentaires

  • Robert J. Lachance Répondre

    12 février 2016

    En premier paragraphe : « … je suis avant tout pour une réforme de notre démocratie. »
    En titre : « D’un Québec oligarchique …»
    Je comprends que vous êtes avant tout pour une réforme de notre oligarchie. Ça va chercher !
    À ce sujet, pour mieux savoir sur la démocratie, j’ai bien aimé le livre de Francis Dupuis-Déri Démocratie : Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France, 2013.
    « Darwin » en a fait un substantiel résumé chez Jeanne Émard :
    https://jeanneemard.wordpress.com/2014/08/04/quand-la-democratie-en-perd-son-grec/
    Il a été juste un peu court concernant la conclusion au point 4. J’aime bien l’équation que fait Francis Dupuis-Déri : démocratie = bien = nous; ou dans l’ordre inverse, nous = bien = démocratie.
    « Je n’ai jamais entendu PKP parler de démocratie. »
    Ce n’est pas son cheval de Troie. De mémoire, dans son discours de victoire, il a mentionné quatre domaines préoccupants dont la langue, la prospérité, la justice; le territoire vient en quatrième.
    Pour moi un pays, c’est d’abord un territoire et son peuple. Notre peuple fondateur est plurinational : les Premières-Nations, la Deuxième et compagnie, la Troisième et compagnie. Graduer de province à pays sera plus facile à trois nations qu'à une.
    https://www.youtube.com/watch?v=v0r78jOPgQM

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2016

    Jusqu’à quand les Québécois vont-ils entretenir la confusion malheureuse entre problèmes sociaux et question nationale ? • Deshais, Bruno
    Le seul choix qui s'impose a court terme pour le québecois est;
    Soit de vivre majoritaire dans un pays francophone ou minoritaire dans un pays anglophone.
    Toutes les autres considérations appartiennent à des étapes ultérieures.
    Il y a urgence à la demeure.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2016

    Merci Monsieur Gauthier, votre texte fait du bien.
    Je retiens ceci:

    Si le Parti québécois avait un projet de société différent que celui de défendre les « de souche » peut-être serait possible d’intéresser les anglophones et les immigrants ? Mais nous avons été peinturés dans le coin et les mathématiques ne le permettent plus, jamais un anglais et la plupart des immigrants ne vont voter pour le PQ. On peut se chicaner ici entre nous, rien ni fera ! Peut-être faudrait-il changer la nature de la bête (le Parti québécois) de fond en comble ? Si no
    us perdons tous nos combats, il faut changer la manière de se battre ?
    Ce "projet de société" fera la différence, toute la différence.
    Aussi, je vous rappelle que la séparation avec le reste du Canada est déjà là. Nous devons nous définir non plus comme des "séparatistes", mais bien comme des "unionistes"...des hommes et des femmes qui par leur vision respective et commune parviennent à unir l'ensemble des Québécois à devenir indépendant tant sur le plan énergétique, alimentaire, financière, et politique.
    Enfin, vous posez la bonne question: Monsieur Péladeau peut-il passer de maître absolu dans une très grande entreprise à serviteur (valet) de la démocratie ?

  • Normand Paiement Répondre

    12 février 2016

    Monsieur Gauthier,
    Si vous nous expliquiez un peu comment vous envisagez de réaliser la quadrature du cercle, peut-être cela contribuerait-il à éclairer notre lanterne...
    Cordialement,
    Normand Paiement

  • François A. Lachapelle Répondre

    12 février 2016

    Ce témoignage de Richard Gauthier est très intéressant.
    Il suggère au PQ de passer de l'oligarchie politique actuelle, je cite: « pour embrasser une réforme démocratique qui nous débarrasserait de la dictature des partis politiques ...»
    Cette suggestion est très importante mais incomplète. Je comprends que Monsieur Gauthier n'a pas pris tout l'espace requis pour définir ce qu'il entend par "oligarchie" actuelle. J'ajoute que l'oligarchie est mondiale et qu'elle est plus que politique car elle est économique et médiatique.
    D'autre part, que met Monsieur Gauthier dans sa démocratie ? Inclut-il le tirage au sort des dirigeants politique, inclut-il les référendums d'initiative populaire comme en Suisse ?
    Selon plusieurs commentateurs, l'oligarchie est partout et ne peut que conduire notre planète et ses habitants à la ruine. Je suggère le visionnement sur youtube de vidéo intitulé: " Un banquier suisse parle " et visionner une conférence de feu Bernard MARIS, économiste. Bonne réflexion.