Québec doit se préparer à une possible contestation judiciaire du cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) lancé dans certaines écoles depuis cette rentrée pour venir remplacer celui d’Éthique et de culture religieuse (ECR), fortement critiqué.
C’est ce qu’a indiqué une étude de l’Institut de recherche sur le Québec (IRQ) qui a comparé les deux cours.
Rappelons que le cours d’ECR est offert depuis 2008 aux élèves du primaire et du secondaire, mais sera remplacé dans toutes les écoles de la province par celui de CCQ dès la rentrée 2023 en raison de la place accordée à la religion, jugée trop importante.
Les chercheurs ont porté un regard positif sur le nouveau programme, le ministère de l’Éducation ayant pris en compte les critiques qui étaient dirigées contre son ancienne version, mais craignent une possible contestation devant la justice.
«À notre avis, à la lecture de l’actualité, il est probable, voire fort probable, que contestation judiciaire il y aura – ne serait-ce que par les partisans du cours ECR déçus de sa chute et alimentés par l’idée que toute déviation de modèle ne peut être que négation discriminatoire de la liberté de conscience et de religion», est-il possible de lire dans le rapport de François Côté et David Santarossa.
Selon eux, vouloir présenter les religions sous le prisme de l’histoire nationale pourrait accorder une part inégale d’attention aux diverses croyances. Fortement liés à l’histoire du Québec, le catholicisme, les croyances spirituelles des Premières Nations, le protestantisme et le judaïsme auraient ainsi une plus grande part dans le cours.
L’approche critique du phénomène religieux pourrait aussi susciter une opposition de la part de parents d’élèves, en venant heurter la liberté de religion des croyants.
Afin d’échapper à une possible contestation, les chercheurs recommandent notamment de modifier la Loi sur l’instruction publique pour «protéger la validité du cours CCQ de toute invalidation ou mise en tutelle judiciaire au nom des chartes des droits».
«Loin d’être un aveu de discrimination, une telle proclamation serait au contraire un puissant geste d’affirmation nationale par lequel le Québec affirmerait la validité juridique de sa propre manière distincte d’aborder le phénomène religieux», ont-ils fait valoir.