«Écoutez, je n’en espérais pas tant. Le Parti québécois nous met ça sur le plat, là, devant nous», déclarait un Philippe Couillard précocement enthousiaste le 12 février 2015.
Il réagissait ainsi à la publication du plan sur la souveraineté du candidat à la chefferie Pierre Karl Péladeau. Voyant se profiler la victoire évidente de celui qui allait connaître une carrière politique bien éphémère, le premier ministre avait ainsi décidé de définir l’enjeu de la prochaine élection générale. Trois ans et demi à l’avance.
Épouvantails
Il a tenu des propos du même acabit à de multiples reprises pendant le règne de PKP. Puis, à la suite du départ de ce dernier, les libéraux croyaient bien pouvoir exploiter le «flou-mou», comme dirait Martine Ouellet, autour de la position référendaire d’Alexandre Cloutier ou de Véronique Hivon.
Une fois de plus, les libéraux pourraient réutiliser le bon vieux cartable poussiéreux de la stratégie de campagne électorale autour de l’indépendance du Québec. Sortir les épouvantails, les copies de passeports canadiens à exhiber, la citation malheureuse du regretté Jacques Parizeau et tout le tralala.
L’ère Lisée
Puis vint Jean-François Lisée. Au-delà du manque de classe et d’élégance patent des troupes de Couillard envers le nouveau chef péquiste, sa victoire éclatante forcera immanquablement les libéraux à revoir leur stratégie pour octobre 2018. Ils tenteront bien de définir Lisée autour de l’indépendance, mais si sa volonté d’exclure un référendum dans un premier mandat péquiste est aussi ferme qu’il le laisse entendre, ils échoueront.
Philippe Couillard et ses troupes devront tenter une approche différente. Plus difficile. Tenter de se faire élire sur la force de leur bilan plutôt que sur la diabolisation de l’adversaire. Mais pour y parvenir, ils devront être beaucoup plus convaincants. Jean-François Lisée vient d’effacer l’histoire que les libéraux avaient pris soin d’écrire un peu trop tôt.
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