Depuis un certain temps, le gouvernement libéral nous a habitués à une pluie de cadeaux pré-électoraux et sa générosité ne pouvait faire exception des amis qui l’ont si bien servi dans le passé. L’aide financière, qui sera apportée au Groupe Capitales Médias, apparait comme un retour d’ascenseur à un groupe médiatique dont les journaux ont appuyé allègrement les libéraux lors des dernières élections générales. Mieux encore, les journaux de Capitales Médias ont longtemps été dans le giron de la famille Desmarais qui ne cachait pas ses affinités avec les libéraux du Québec et d’Ottawa.
Le conglomérat Gesca, qui appartient aux Desmarais, avait vendu à l’ancien député fédéral Martin Cauchon ses quotidiens régionaux en 2015. Déjà à l’époque, les observateurs doutaient de la santé financière de ces six journaux et osaient même se demander si Power Corporation ne s’était pas débarrassé de ces canards boiteux pour éviter de porter l’odieux de leur fermeture. Plusieurs allaient jusqu’à penser que les Desmarais avaient fait cadeau de ces journaux à Cauchon en lui cédant leurs parts pour une bouchée de pain. Il y a fort à parier que dans la tête des dirigeants de Gesca, ils ne souhaitaient surtout pas être perçus comme les fossoyeurs des quotidiens régionaux et nuire à la croissance de La Presse+.
Les difficultés financières des médias écrits dépassent de loin Capitales Médias et s’étendent à l’ensemble des médias dans le monde avec la concurrence des géants du Web. La situation est décriée depuis plusieurs années, ce qui n’a pas empêché la disparition de milliers d’emplois et la fermeture de plusieurs entreprises d’information. Une coalition pour assurer la pérennité de la presse d’information vient d’ailleurs de voir le jour au Québec pour tenter d’endiguer l’hémorragie et préserver son indépendance. Cette aide in extrémis du gouvernement Couillard pour Capitales Médias laisse toutefois songeur quant à la forme et la provenance. Nous ne savons pas si elle se situe dans un plan plus vaste ou si elle est bassement le fruit d’une improvisation bien avisée envers des amis et mal avisée sur les répercussions futures en matière d’engagements financiers et de dépendances journalistiques.
Comme syndicaliste, je demeure très sensible au sort des travailleurs et je ne peux que souhaiter que ces journaux puissent poursuivre leurs activités en préservant des emplois et la couleur régionale qu’ils apportent à l’information. J’ai toutefois de la difficulté avec cette solution bancale du gouvernement qui ne semble pas voir plus loin que la prochaine échéance électorale en mettant sous respirateur artificiel ces journaux de Capitales Médias qui invitaient la population à voter libéral en 2014. Cela donne des airs de s’acheter de la publicité sympathique à même les deniers des contribuables.