Les premiers essais d’un vaccin débutent à la fin du mois sur 550 patients. Les scientifiques Italiens et Britanniques à l’origine de la découverte espèrent pouvoir l’administrer dès le mois de septembre. Actuellement, en Europe, 12 essais de vaccin ont été autorisés par l'EMA.
Ils posent pour un selfie, à la une de La Reppublica, le quotidien de centre gauche italien : huit jeunes chercheurs - quatre filles, quatre hommes, la parité souriante - derrière leurs grosses lunettes de protection. Tous travaillent à l’Irbm Science Park, une société italienne fondée en 2009 à Pomezia, dans la région de Rome. Sous leurs microscopes, les scientifiques de cette entreprise de biotechnologie avaient déjà mis au point le vaccin contre Ebola, un virus à l’origine d’épidémies historiques.
Lueur d'espoir
Sur les traces de Lazzaro Spallanzani, célèbre biologiste italien, Daniela et ses collègues passent douze heures par jour, week-end compris, entre les murs froids de l’institut. Dans leurs éprouvettes, une lueur d’espoir pour l’humanité : un vaccin.
Jamais auparavant un mot de six lettres n’aura suscité autant d’enthousiasme, d’attente, d’optimisme et d’espérance. La situation dramatique de l’Italie, pays le plus touché d’Europe avec 20.465 morts depuis le début de la pandémie de Covid-19, contribue sans doute à la forte mobilisation des scientifiques Italiens. Ce sont eux, qui, les premiers, avaient isolé le virus, dans un laboratoire de Rome, le 2 février dernier. "Nos nuits d'insomnie pour sauver le monde", déclaraient les chercheurs de L’Irbm à nos collègues de La Reppublica il y a quelques jours. Une phrase qui illustre cet effort sans précédent dans l’histoire de la biologie moderne.
En Europe, 12 vaccins à l'essai
Fin avril, les fioles de vaccin arriveront en Grande-Bretagne, pour un essai thérapeutique sur 550 volontaires, en partenariat avec la prestigieuse Université d’Oxford. Les chercheurs à l’origine du vaccin espèrent pouvoir l’administrer aux personnels de santé et aux forces de l’ordre en Italie dès le mois de septembre prochain. Et dans le pays transalpin, la communauté scientifique est persuadée que les tests seront concluants.
Le vaccin pourrait arriver en un temps record. Le temps habituel pour un vaccin est de l’ordre de 2 à 3 ans, mais ici, il sera considérablement raccourci
Selon le docteur Alberto Villani, président de la société italienne de pédiatrie, "le vaccin pourrait arriver en un temps record. Le temps habituel pour un vaccin est de l’ordre de 2 à 3 ans, mais ici, il sera considérablement raccourci". Parallèlement, des négociations ont également débuté avec des investisseurs et les gouvernements de plusieurs pays pour le développement et la production du vaccin fabriqué par les chercheurs italiens, si les essais cliniques sur les patients s’avéraient concluants.
Mais l’Italie n’est pas le seul pays sur les rangs : à ce jour, 12 vaccins sont à l’essai, validés par l’EMA, l’European Medicines Agency, l’agence européenne des médicaments.
Bataille des laboratoires pharmaceutiques
Les Italiens devancent ainsi les Américains, qui procéderont aux premiers essais cliniques d’un vaccin en septembre. Car l’urgence sanitaire donne également lieu à une bataille des laboratoires pharmaceutiques. Les géants du médicament se livrent désormais à une compétition féroce, aux enjeux politiques, financiers et sociétaux.
Une course au vaccin, qui conforte la théorie du complot de "Big Pharma ", sorte de "Big Brother" du médicament ! Et qui entraine une diabolisation de l’industrie pharmaceutique, qui s’organiserait à des fins financières. Cette situation fait dire à plusieurs scientifiques qu’un traitement pourrait d’ailleurs intervenir avant le vaccin, pour soigner les malades du nouveau coronavirus.
Dans cette guerre contre la maladie, l’une des citations de Marie Curie, scientifique d’exception et seule femme deux fois prix Nobel, n’aura jamais été autant d’actualité : "J’ai appris que la voie du progrès n’était ni rapide, ni facile".