Les résultats du recensement de 2011 confirment ce que nous savions déjà: la population du Québec croît moins vite que celle de toute autre province à l'Ouest, et notre place dans la fédération rétrécie chaque année un peu plus. Cela comporte son lot de conséquences au sein de la fédération, mais surtout à l'intérieur même du Québec, où il faut compenser cette lente croissance par des gains de productivité qu'on ne voit pas poindre.
L'arrivée au pouvoir d'un gouvernement conservateur sans l'appui du Québec est l'une des manifestations politiques les plus évidentes de la montée en puissance de l'Ouest. Mais il n'y a pas que le Québec qui fasse les frais de ce déplacement du pouvoir, le puissant Ontario aussi.
Avec une augmentation de 5,7 % entre 2006 et 2011, la population de l'Ontario a crû davantage que celle du Québec (4,7 %), mais bien moins que celle de l'Alberta (10,8 %), de la Colombie-Britannique (7 %) et pour la première fois, moins que la moyenne canadienne (5,9 %).
Compte tenu de l'arrivée massive de la génération du baby-boom à l'âge de la retraite, le facteur démographique prend toute son importance, tant pour le développement de notre économie que pour le financement des services publics.
Selon les conclusions du Comité consultatif sur l'économie et les finances publiques publiées en 2009, le PIB du Québec connaîtrait une croissance annuelle moyenne d'à peine 3,6 % entre 2013 et 2019 — y compris l'inflation —, comparativement à 5 % entre 1981 et 2008. C'est trop peu pour soutenir notre niveau de vie et faire face à l'accroissement normal du coût des services publics.
Devant ce constat, on peut restreindre l'accès aux services, les privatiser ou demander à chacun de payer davantage. Mais l'idéal serait de consacrer les efforts nécessaires pour améliorer tous les facteurs de la croissance économique, que ce soit la sélection des immigrants et leur intégration, l'éducation, l'investissement dans les ressources et les technologies ou la productivité des entreprises et du secteur public. Contrairement à ce que l'on croit, les Québécois ne sont pas contre l'exploitation des ressources naturelles, l'activité qui fait la force de l'Ouest, pas plus qu'ils sont contre les grands projets de développement. En revanche, étant plus instruits et mieux informés que leurs parents, ils tolèrent moins les abus et demandent à ce que ces activités d'exploitation génèrent plus d'avantages que d'inconvénients, ce qui n'est pas toujours le cas. Le Plan Nord, par exemple, recevrait un appui plus solide d'une majorité de Québécois si ceux-ci avaient la conviction que les élus placent leurs intérêts avant ceux des sociétés d'exploitation.
Au chapitre de la main-d'oeuvre, la croissance démographique inférieure à 1 % par année place d'ores et déjà le Québec devant un problème de pénurie de compétence. Pourtant, nos sociétés d'État comme Hydro-Québec et nos municipalités continuent de financer la retraite à 55 ans pendant que nos éducatrices font la grève pour obtenir 10,5 semaines de congé par année. Où est l'erreur?
À quelques semaines d'une probable élection générale, les partis ont déjà lancé les hostilités. Compte tenu des enjeux sérieux qui attendent le Québec, serait-il exagéré de leur demander qu'ils s'attardent au fond des choses au lieu de se traîner mutuellement dans la boue à coup d'arguments démagogiques?
Démographie
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