La présidente du Mouvement des caisses Desjardins, Mme Monique Leroux, vient d'être élue par acclamation pour un deuxième et dernier mandat à la tête de l'organisation. Contrairement aux banques, ce sont les membres et clients d'une coopérative qui élisent le grand patron par délégués interposés, ce qui ne nuit en rien à la compétence et aux résultats financiers comme on le voit chez Desjardins.
Nous sommes 5,8 millions de membres chez Desjardins. Ensemble, nous détenons des actifs de 190 milliards. En 2010, le mouvement a enregistré des excédents records de 1,4 milliard, soit 400 millions de mieux que l'année précédente. Il n'a donc pas fallu beaucoup de temps pour sortir de la crise de 2008 alors qu'on avait tout juste réussi à garder la tête hors de l'eau avec 89 millions d'excédents. Année difficile aussi pour les épargnants, dont certains avaient subi l'annulation pure et simple de certains produits d'épargnes indexés aux marchés boursiers, heureusement sans perte de capital, ce qui les a incités à faire appel aux tribunaux.
Si Desjardins a pu traverser la crise sans trop de dommages, c'est un peu grâce aux changements structuraux qui ont été apportés depuis 1999. On se souviendra des débats intenses qui ont conduit à un vote des membres favorable à la simplification des structures et à la vague de fusions des caisses entre elles pour créer des entités dont certaines sont aujourd'hui critiquées par le président de l'époque, M. Claude Béland, parce qu'elles se sont éloignées de l'esprit d'entraide à l'origine du mouvement.
Desjardins a été le groupe financier le plus rapide à implanter un réseau de guichets électroniques au Québec. Il s'est montré aussi efficace que les banques dans l'offre de services en ligne. À l'expérience, les membres n'y ont pas perdu en efficacité, au contraire, et le mouvement a conservé sa première place au palmarès des institutions financières du Québec.
Les affaires vont bien pour Desjardins et tous les Québécois doivent s'en réjouir, même ceux qui utilisent les services de la concurrence parce que les taux sont meilleurs ou les prix plus avantageux. Avec Hydro-Québec et la Caisse de dépôt, Desjardins fait partie de l'actif collectif dont aucun groupe privé ne pourra s'approprier. En continuant de bien réussir, Desjardins a prouvé qu'il était possible de rassembler le capital propre nécessaire à la croissance malgré son statut coopératif.
Cela dit, il faut admettre que la restructuration a aussi eu pour conséquence de créer une distance certaine entre les membres, l'institution et ses dirigeants. Si les caisses jouent toujours un certain rôle social dans leurs communautés d'accueil, le défi qui les attend est de créer des liens plus forts avec la jeune génération et les nouveaux arrivants qui sont moins susceptibles de choisir Desjardins. Monique Leroux en est consciente, mais quatre ans c'est court pour repousser le balancier dans la zone des membres à qui il faut démontrer que leurs intérêts sont liés à ceux du mouvement.
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