Contre toute attente, les pays des BRICS arrivent à se mettre d’accord

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La logique qui les unit est très forte

Les ministres du commerce des cinq pays des BRICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) se sont réunis cette semaine à Shanghai, avant le sommet annuel des chefs d’État à Xiamen le mois prochain.


Les ennuis font florès. La Chine et l’Inde sont ensablées dans une confrontation idiote, presque à la Monty Python, à propos de la jonction Tibet/Sikkim/Bhoutan, avec des attaques répétées du People’s Daily contre l’Inde et sa « réécriture de l’histoire », sa « logique désordonnée » et sa « confiance morale aveugle ».


L’Inde a de facto snobé la nouvelle Route de la soie chinoise, alias Initiative Belt and Road – le plus ambitieux projet d’infrastructures du XXIe siècle – alors que la Russie veut inscrire fermement la nouvelle Route de la soie dans l’Union économique eurasienne (UEE).


La Russie est dans la deuxième phase d’une guerre économique déclenchée par les USA, et férocement dénoncée par le Premier ministre Dmitri Medvedev.


Le Brésil, pris en otage par un Parlement faussaire et « présidé » par un escroc vampirique rejeté par 95% de la population, est retourné depuis l’année dernière dans la forme la plus flagrante de république bananière de l’histoire moderne, bananes comprises.


Pour ajouter à la morosité ambiante, les Cassandres habituelles insistent sur le fait que les BRICS ne deviendront jamais une puissance économique unifiée ; ce qui compte pour la Chine est sa chaîne logistique mondiale, alors que les autres pays sont essentiellement des exportateurs de biens. De plus, même en tenant compte de la nouvelle banque de développement du groupe, ouverte à Shanghai depuis deux ans en alternative à la Banque mondiale, les BRICS ne sont pas crédités d’assez de puissance pour remodeler l’économie mondiale.


Le thème central, la nouvelle Route de la soie

Depuis 2001, les BRICS ont de fait adopté un processus de progrès lent et régulier, tout en évitant une mentalité réductrice de type « le gagnant emporte tout ». Le dernier exemple en est ce qui s’est passé cette semaine à Shanghai, que le Ministre du commerce chinois Zhong Shan a salué comme « un grand succès ».


Les ministres du commerce se sont concentrés sur la création des conditions d’une meilleure coopération en matière d’investissements, de e-commerce et de protection des droits de propriété intellectuelle – dans le but de coordonner progressivement leurs politiques commerciales.


La Chine et le Brésil, par exemple, des partenaires-clés en matière d’infrastructures, d’énergie et de télécommunications, ont signé un mémorandum de compréhension pour l’amélioration de leurs commerce de services dans huit secteurs : l’ingénierie, l’architecture, le commerce électronique, l’automatisation bancaire, le fret maritime, la santé, le finance, le développement de villes intelligentes et le tourisme. Ce MdC fournira le cadre de la coopération du commerce des services des autres pays des BRICS.


Une autre bonne nouvelle est que Pékin se destine à davantage ouvrir le marché chinois aux importations des BRICS – et que le président Xi Jinping lui-même s’engage dans une campagne contre le protectionnisme marchand. Au cours des six derniers mois, les importations chinoises venues des BRICS ont augmenté de 33%. Et la Chine accueillera une exposition internationale d’importations l’année prochaine à Shanghai.


L’argument décisif est venu du ministre Zhong : « Nous espérons que les BRICS pourront étendre leur coopération économique dans le sens de l’Initiative Belt and Road. Cela aidera à mieux répondre aux défis apportés par l’incertitude de l’économie mondiale et permettra d’engendrer un nouvel élan de croissance. »


Oui, tout tourne autour de la nouvelle Route de la soie

Ce que les Cassandres habituelles ne comprennent pas est que le groupe des BRICS cherche à travailler avec un autre modèle, une « plateforme d’agrégation », quelque chose qui est débattu aux plus hauts niveaux, tout particulièrement dans le cadre du partenariat stratégique russo-chinois.


Chaque membre des BRICS est, de fait, une économie majeure de son continent ou de sa région, insérée dans un arrangement régional d’intégration : la Russie dans l’UEE ; le Brésil dans Mercosur ; l’Afrique du Sud dans la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA), l’Inde dans l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR) ; et la Chine dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et dans le Partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership, RCEP) prévisionnel. Sans même dire que la Russie et l’Inde sont déjà membres de l’OCS.


D’où l’idée soutenue avec enthousiasme par la Chine d’un BRICS + – une expansion inévitable unifiant tous les pays partenaires des BRICS dans le cadre de leurs arrangements régionaux d’intégration.


Ensuite, nous avons ce qui a alimenté les débats à huis clos des sommets des BRICS depuis une décennie : la capacité montante, notamment de la Chine, à porter au moins des coups sérieux au pétrodollar.


Ajoutons-y l’engagement russe, après la dernière déclaration de guerre/salve de sanctions concoctées par le Château de Cartes, pardon, Washington, à contourner de plus en plus le dollar.


Et le jour arrivera où Pékin exigera, mondialement, que les ventes énergétiques soient libellées non plus en dollars américains, mais en yuans – de la même façon que les BRICS, depuis déjà un temps, commercent entre eux dans leurs monnaies locales. C’est vers cela que nous nous dirigeons, lentement mais sûrement, et c’est l’inexorable changement de donne qui fera taire les Cassandres pour de bon.



Traduction Entelekheia

Photo Pixabay



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