MORRISVILLE | Plutôt que de remettre l’économie à l’arrêt, Donald Trump parie sur la découverte rapide d’un vaccin et de nouveaux traitements pour contenir la pandémie de COVID-19, qui a pénétré le Saint des Saints à la Maison-Blanche en contaminant son conseiller à la sécurité nationale.
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L’exécutif américain a annoncé, lundi, que Robert O’Brien avait été déclaré positif et travaillait désormais à l’isolement hors de la Maison-Blanche. Jusqu’à présent, le président a échappé au virus.
Hostile à tout reconfinement à l’approche de l’élection présidentielle, le dirigeant veut sortir de la crise sanitaire par le «génie» pharmaceutique américain. Il l’a démontré en se rendant, lundi, sur le site de production en Caroline du Nord du vaccin expérimental développé par l’une des nombreuses sociétés dans lesquelles son gouvernement a investi, Novavax, une biotech qui n’a jamais commercialisé de vaccin de son existence, mais a reçu 1,6 G$.
C’est le visage couvert par un masque en tissu noir qu’il a fait le tour d’un laboratoire, sa deuxième apparition masquée en public en deux semaines. «Nous serons victorieux sur le virus en déchaînant le génie scientifique américain», a-t-il dit, estimant que les États-Unis étaient bien placés pour obtenir un vaccin d’ici la fin de l’année.
Au total, Washington a dépensé 6,3 G$ depuis mars pour financer des projets concurrents de vaccins, chez des laboratoires établis comme Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca, et chez deux petites sociétés de biotechnologie, Novavax et Moderna.
Cette dernière, fondée en 2010 et sans aucun produit sur le marché, a commencé lundi la dernière phase des essais de son vaccin candidat aux États-Unis, l’une des quatre sociétés au monde à avoir atteint ce stade.
«Jamais un vaccin contre un nouveau pathogène n’est allé aussi vite», s’est félicité Donald Trump.
Washington a aussi accordé des milliards supplémentaires pour financer des traitements thérapeutiques, des sites de production, la fabrication de seringues, de flacons...
Le dirigeant a baptisé l’opération «Warp Speed» (un terme de science-fiction signifiant «plus rapide que la vitesse de la lumière») et ne cache pas que son objectif est de vacciner l’Amérique d’abord, loin des discours européens sur le vaccin comme «bien public mondial».
Puisqu’aucune assurance n’existe quant à l’efficacité de l’un ou l’autre des projets, les contrats passés avec trois des développeurs (AstraZeneca, Novavax, Pfizer) prévoient déjà la livraison en priorité aux États-Unis de 500 millions de doses.
«On n’a jamais fait cela auparavant», a dit Donald Trump. «Nous avons lancé la production massive des candidats les plus prometteurs, pour que dès le premier jour, ils soient disponibles pour les Américains immédiatement».
«Et nous en aurons probablement beaucoup pour le reste du monde», a-t-il toutefois ajouté.
Les essais ont commencé
Washington a signé avec les deux projets de vaccins occidentaux les plus avancés, qui ont chacun commencé la dernière phase des essais cliniques sur des milliers de volontaires (aux côtés des Chinois Sinovac et Sinopharm): AstraZeneca (partenaire industriel de l’Université britannique d’Oxford) et Moderna.
Moderna et les NIH veulent recruter au fil des mois 30 000 volontaires (Oxford teste son vaccin au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud). Cette vaccination se fera par une injection suivie d’une seconde 28 jours plus tard.
Quand les résultats seront-ils disponibles?
En octobre dans le meilleur des cas, peut-être en novembre, a dit lundi sur CNBC le directeur général de Moderna, Stéphane Bancel, ce qui rendrait possible une annonce avant l’élection.
Le fait que l’épidémie soit en croissance aux États-Unis, avec plus de 60 000 tests positifs par jour, va aider.
Car la moitié des participants recevront un placébo. Plus ils seront nombreux à être contaminés, plus le vaccin aura de chances de prouver son efficacité chez la moitié des participants qui l’auront reçu. L’Agence des médicaments a fixé le seuil d’efficacité à 50% de contaminations en moins.
«Nous ne sommes jamais sortis de la première vague», a redit lundi Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, balayant l’idée que les États-Unis subissent actuellement une seconde vague.