Aujourd’hui, un peu de philosophie. Allez-vous me suivre?
Si, un jour, vous allez en Grèce pour le soleil, la mer ou encore pour encourager ceux qui résistent héroïquement à l’emprise du Fonds monétaire international (vous avez vu ces scènes peu banales il y a quelques jours où des centaines de citoyens en colère prennent d’assaut les postes de péage des autoroutes, immobilisent les barrières et laissent circuler librement les automobilistes sans payer? Et tout ça sans violence!), ne manquez pas d’aller faire un tour à Delphes, pour visiter le temple d’Apollon. Vous verrez, sur le fronton, cette phrase attribuée à Socrate: « Connais-toi toi-même. »
Si on veut aller quelque part dans la vie, avancer, progresser d’un point à un autre, il faut se connaître soi-même comme le recommande le vieil Appollon. C’est cette action, se connaître soi-même, qui est à la base de l’identité et de la conscience. Ne pas se connaître soi-même entraîne une dépendance vis vis l’autre et nous empêche d’être libre. Comme le disait Georges Dor dans son essai percutant, Anna braillé ène shot, si, au départ, on est incapable de dire « Je », on est foutu et notre avenir ne sera plus que borborygmes et indécisions.
Cela vaut aussi pour une entité nationale, un peuple. Ne pas connaître qui nous sommes nous maintient dans la dépendance, fait de nous un amalgame d’êtres bourrés de bons sentiments mais incapables de prendre les bonnes décisions pour défendre nos intérêts.
Dans cet état de non-conscience, nous sommes à la merci de tous les charlatans qui nous maintiennent dans l’ignorance et nous empêchent d’éprouver les nobles sentiments du bonheur, de la passion, de la jouissance qui doivent normalement nous accompagner dans chacune de nos décisions et actions.
Ce sont les autres qui pensent à notre place, qui nous façonnent comme bon leur semble et qui nous jugent. Et nous voici soudainement dans la position ambigüe de celui qui se questionne sur la perception qu’ont les autres de lui-même. Alors, sans véritable identité, nous nous modelons sur ce que les autres veulent que nous soyons: dociles, sans âme, le double de l’autre dans son pire.
Ainsi, peu à peu, nous avons perdu notre instinct de conservation. Mourir comme peuple ne nous effraie plus comme avant, alors que nous étions confrontés à l’envahisseur et à la survie. Cette urgence avait conduit aux rébellions de 1837 et 1838.
Aujourd’hui, cette indolence n’est même pas une ruse pour mieux tromper l’ennemi, non, elle n’est que l’aveu de notre peur et de notre procrastination. Nous sommes désormais condamnés à jouer aussi bien les matamores (les lions) que les astucieux (les fins renards). Poser la question sans vraiment la poser. En autant que cela demeure un simple jeu, l’autre n’a pas à sonner l’alarme.
« Il n’y a pas pire source d’injustice que celle créée par ceux qui, au moment précis où ils nous trompent, jouent aux hommes bien », affirme Cicéron. C’est à ce jeu maléfique que le gouvernement actuel de Jean Charest s’adonne. Il n’y a plus de morale qui tienne et, d’ailleurs, il n’y en aura pas d’enquête sur la construction, a dit solennellement notre très machiavel premier ministre.
Comment allons-nous récupérer notre véritable identité? Cette quête, à laquelle nous n’avons jamais renoncé, durera tant et aussi longtemps qu’il restera des hommes et des femmes de cœur et de courage, qui placeront les valeurs nobles de l’identité au-dessus de toute autre préoccupation matérielle, en nous invitant à nous connaître nous-mêmes. Tout le reste est diversion.
«Connais-toi toi-même»
« Il n’y a pas pire source d’injustice que celle créée par ceux qui, au moment précis où ils nous trompent, jouent aux hommes bien », affirme Cicéron.
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