Traduction pour le bénéfice exclusif des lecteurs de Vigile par Lise Castonguay
Le jour du scrutin et le lendemain, j’ai sondé au-delà de 2000 personnes ayant voté au référendum écossais. Les résultats nous aident à comprendre ce qui s’est passé et quelles en sont les raisons.
D’après le sondage, le NON l’a emporté aussi bien chez les hommes (par une marge de six points) que chez les femmes (par une marge de douze points). Comme prévu, les votants les plus âgés se sont le plus fermement opposés à l’indépendance, près des trois quarts (73 %) des 65 ans et plus ayant voté NON.
Rien d’étonnant non plus à ce que les électeurs conservateurs se soient montrés le plus farouchement unionistes : 95 % se sont prononcés contre l’indépendance. En ce qui concerne les autres partis favorables à l’Union, près de quatre électeurs travaillistes ou libéraux-démocrates sur dix aux dernières élections de Holyrood ont voté OUI. Par contre, un électeur du Scottish National Party (SNP) sur sept a opté pour demeurer au sein du Royaume-Uni. Ceux qui avaient voté SNP aux élections de Holyrood en 2011 n’ont représenté qu’un peu plus de la moitié (53 %) du vote global pour le OUI.
Comme le laissait entendre le resserrement des voix dans les derniers sondages, les électeurs qui ont pris leur décision vers la fin de la campagne sont surtout susceptibles d’avoir opté pour l’indépendance. Les deux tiers de ceux qui se sont décidés dans les tout derniers jours ont voté OUI; les tenants du NON tendent plus que ceux du OUI à répondre qu’ils avaient pris leur décision il y a plus d’un an ou qu’ils avaient toujours su comment ils allaient voter.
Mes questions sur les enjeux qui ont le plus pesé sur la décision des électeurs laissent entendre que la concentration de la campagne du NON sur la monnaie et les autres incertitudes entourant l’indépendance était bien choisie. Plus de la moitié (57 %) de ceux qui ont voté NON affirment que la question de la livre sterling a été la plus décisive pour eux, et leur raison la plus fondamentale est que « les risques associés à l’indépendance semblaient trop grands lorsqu’il s’agit de choses comme la monnaie, l’appartenance à l’UE, l’économie, les emplois et le coût de la vie » (raison plus importante dans la décision des tenants du NON que « un profond attachement au Royaume-Uni » ou que la promesse du meilleur des deux mondes grâce aux pouvoirs accrus garantis au Parlement écossais). Les pensions, le système national de soins de santé (NHS) et l’incertitude au sujet des impôts et des dépenses publiques sont aussi mentionnés par au moins le tiers des tenants du NON.
Le facteur ayant exercé le plus d’influence sur les tenants du OUI est sans contredit « le rejet de la politique de Westminster ». Par conséquent, « le principe selon lequel toute décision concernant l’Écosse doit se prendre en Écosse » a constitué la raison primordiale du vote pour le OUI, avant même l’idée que « l’avenir semblerait plus prometteur si l’Écosse était un pays indépendant » ou que « l’indépendance signifie qu’il n’y aurait plus de gouvernements conservateurs ». L’accent mis récemment sur le NHS par la campagne du OUI semble avoir aussi porté fruit puisque plus de la moitié (54 %) de ceux qui ont voté OUI disent que c’était l’un des principaux facteurs ayant joué dans leur décision.
On constate également que le NHS a revêtu plus d’importance pour les femmes, dont plus de la moitié disent que ce programme a influé sur leur décision, que pour les hommes dont 39 % le retiennent comme important. Les hommes tendent davantage que les femmes à mentionner le rejet de la politique de Westminster.
Les discrets parmi les tenants du NON ont creusé une plus forte marge en faveur de l’Union que ne le laissaient prévoir les derniers sondages pré-référendaires; quelques-uns vont jusqu’à vouloir garder pour eux leur décision. Ils avouent à raison d’un sur sept qu’ils hésiteraient à révéler à leurs amis, à leur famille ou à leurs collègues comment ils ont voté.
Enfin, pour combien de temps, de l’avis des électeurs écossais, la question de l’indépendance a-t-elle été résolue ? La majorité de ceux qui ont voté NON estiment qu’elle est maintenant réglée pour au moins une génération (28 %) ou à tout jamais (25 %). Ceux qui ont voté OUI ne sont pas d’accord : plus de six sur dix croient que la question n’est réglée que pour dix ans tout au plus, et près de la moitié (45 %), que l’échéance ne dépassera pas cinq ans.
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