Comment diviser par l’austérité et la xénophobie

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Le sale petit jeu de Philippe Couillard

On a appris récemment que le PLQ avait décidé de remplacer la commission sur le racisme systémique par un forum se concentrant sur la question de l’emploi. Cette volte-face pourrait en surprendre certains, venant d’un parti qui se présente sur toutes les tribunes comme étant celui des droits de la personne et de la tolérance. Or dans les faits, il n’y a là rien d’étonnant puisque la vision du gouvernement québécois actuel consiste justement à réduire les enjeux sociaux à des questions économiques, ce qui alimente directement la xénophobie.



En effet, ses politiques austéritaires font de la précarité une réalité pour une part importante de la population et réduisent les services de base offerts aux citoyens, mettant ceux-ci en compétition pour l’accès à des ressources limitées. Ce sont, de cette façon, les valeurs humaines d’empathie et de solidarité qui sont érodées au profit de la méfiance, le prochain devenant un rival potentiel. Le terrain est ainsi préparé pour ceux qui entretiennent un discours laissant croire que les conditions dans les CHSLD ont un lien avec l’accueil de réfugiés, ou que les migrants sont des profiteurs avant d’être des gens désespérés ayant tout abandonné à cause d’une menace bien réelle pesant sur eux.



Le projet néolibéral qui inspire le gouvernement québécois, loin d’émerger de mouvances culturelles associées aux droits et libertés, est un programme idéologique qui fut historiquement imposé de façon autoritaire par des dirigeants faisant peu de cas de la dignité humaine.



Cela n’est pas étonnant puisque la précarité et les injustices qu’il cause ne seront pas acceptées sans résistance par les populations qui les subissent. De fait, c’est au Chili sous la dictature de Pinochet qu’un programme économique néolibéral, au sens contemporain de l’expression, est pour la première fois appliqué de façon méthodique. Peu après, Anwar Sadat fera de même en Égypte. Thatcher, grande admiratrice de Pinochet, poursuivra elle aussi cette révolution, fracassant l’État-providence britannique en multipliant privatisations, coupes dans les services publics et mesures antisyndicales, le tout à grand renfort de police antiémeute.



Écraser la contestation



D’autre part, il est non seulement nécessaire, pour imposer des politiques austéritaires, d’écraser la contestation, mais aussi de l’affaiblir en nourrissant les tensions et les méfiances au sein de la population. Ainsi, au Québec en 2012, en plus de réprimer la grève étudiante de façon violente, le gouvernement s’empressa de représenter les grévistes comme étant les ennemis de la classe moyenne. Selon les époques, étudiants, travailleurs, petits entrepreneurs ou nouveaux arrivants sont montés les uns contre les autres.



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