Vincent Brousseau-Pouliot La Presse Depuis quatre ans, la Caisse de dépôt et placement du Québec a haussé ses investissements au Québec de 18,3% à 22,2% de son portefeuille. Il s'agit d'une hausse de 7,8 milliards, pour atteindre 41,2 milliards au 31 décembre dernier.
La plupart des actifs de la Caisse au Québec sont des obligations: le bas de laine des Québécois détient 25,7 milliards en obligations au Québec, soit 49% de son portefeuille d'obligations. À la Bourse, la Caisse détient pour une valeur de 3,3 milliards en actions québécoises, soit 21% de son portefeuille d'actions canadiennes (à titre de comparaison, le Québec constituait 11% de l'indice de la Bourse de Toronto en 2011). Les actions québécoises de la Caisse représentent 5,8% de l'ensemble de son portefeuille boursier de 57,1 milliards, mais cette mesure peut être trompeuse car la Caisse doit, pour respecter certains de ses mandats, investir aux États-Unis et à l'international afin de diversifier ses placements. En plus des obligations et de la Bourse, la Caisse détient aussi au Québec 15,7% (0,9 milliard) de son portefeuille d'infrastructures, 22,8% (3,7 milliards) de ses placements privés et 20% (7,6 milliards, incluant les dettes immobilières) de son portefeuille immobilier.
Parti libéral du Québec: aucune ingérence

Le Parti libéral du Québec (PLQ) refuse de donner un objectif d'investissement au Québec à la Caisse. «Par principe, je ne fixerai pas le pourcentage que la Caisse doit investir au Québec, déclare le ministre des Finances Raymond Bachand. Le portefeuille doit être géré en toute indépendance.» Raymond Bachand voit dans cet enjeu «un désaccord majeur» entre son parti et ses rivaux péquistes et caquistes. «La Caisse, c'est l'argent des retraités, des cotisants, pas un instrument des décisions politiques du gouvernement, souligne-t-il. Nous avons déjà un instrument comme ça: Investissement Québec. Si le gouvernement veut prendre un risque, nous allons le faire avec notre argent. C'est trop facile de le faire avec l'argent des retraités, car tu n'en subis pas les conséquences. Dans le dossier Rona, j'ai mandaté Investissement Québec de préparer un plan de défense [en cas d'une offre de Lowe's].»
Parti québécois: 10 milliards de plus

Selon le Parti québécois (PQ), la Caisse doit investir progressivement 10 milliards de plus au Québec, notamment dans des secteurs stratégiques comme l'électrification des transports, les technologies propres et la chimie verte dans le secteur forestier. «Nous voulons que la Caisse de dépôt soit plus présente dans l'économie du Québec», affirme le candidat Nicolas Marceau. Le PQ souhaite revenir à la mission initiale de la Caisse, pour qui le développement économique du Québec doit être aussi important que le rendement. Le PQ renouvellera-t-il le mandat du président et chef de la direction Michael Sabia, qui prend fin à l'été 2014? Nicolas Marceau ne se prononce pas. «[En cas d'élection du PQ], nous allons rencontrer les gens en place, voir si leur façon de voir le monde rejoint la nôtre, et nous verrons s'il y a moyen de s'entendre, avance-t-il. Il doit y avoir une communauté de pensée [entre le gouvernement et la direction de la Caisse].»
Coalition avenir Québec: 25% du portefeuille boursier

La Coalition avenir Québec (CAQ) veut que la Caisse investisse davantage au Québec, surtout sur les marchés boursiers. Sur l'ensemble des actifs de la Caisse, la CAQ ne veut pas donner de chiffre précis sur l'objectif à atteindre. Sur les marchés boursiers, la CAQ estime que la Caisse devrait détenir à long terme environ 25% de son portefeuille boursier au Québec. La CAQ compte aussi confier à la Caisse la gestion de son nouveau Fonds des ressources naturelles, qui aura un actif de 5 milliards au Québec. La CAQ reconnaît que tout changement dans la proportion d'investissements au Québec devra être progressif. «Nous ne pouvons pas leur demander d'investir 15% de plus en 3 ans, ce serait dangereux», explique le candidat Christian Dubé.
Québec solidaire: 100% au Québec

«La Caisse doit investir au maximum au Québec, si possible à 100% à long terme, estime pour sa part le candidat François Saillant. La Caisse doit être un outil de développement du Québec. À court terme, elle doit retirer ses 5 milliards dans les sables bitumineux, une énergie sale, et investir cet argent au Québec.»
Option nationale: revenir à la mission d'origine

«Il faut reprendre la mission d'origine de la Caisse, croit le chef Jean-Martin Aussant. En 2004, Jean Charest a changé la mission pour faire passer le rendement en premier. Ça a donné 2008. Le jour où le Québec sera souverain, la Caisse aura encore plus d'occasions de faire des investissements dans des secteurs comme la forêt, l'aéronautique, le multimédia. La préservation du capital doit demeurer à l'esprit de la Caisse, mais les fonds souverains regardent chez eux avant d'aller stimuler l'économie des autres pays. Nous avons perdu des fleurons comme Alcan que nous n'aurions pas dû perdre.»