Le mardi 28 janvier, dans sa chronique sur QUB Radio à l'émission de Richard Martineau, Steve E. Fortin m'accusait d'être « plutôt très, très, très à droite pour ne pas dire d'extrême droite » en référence à la pancarte électorale de ma campagne pour l'élection partielle de Gouin en mai 2017.
Il faudra bien un jour qu'on m'explique en quoi la promotion de l'assimilation des immigrés à la culture québécoise et le rejet des prescriptions les plus fondamentalistes de l'islam sont liés de quelque façon que ce soit à une « extrême droite » largement fantasmée.
Soyons clairs : l'extrême droite comme mouvement politique organisé n'existe tout simplement pas au Québec. Il n'y a aucun équivalent de l'Aube dorée grecque, du Jobbik hongrois ou du PPNS slovaque.
Affirmer le contraire est un fantasme médiatique sorti du cerveau paranoïaque de la gauche québécoise qui joue à l'antifascisme pour se donner un air de bravoure intellectuelle qu'elle n'a plus depuis fort longtemps.
La réalité politique québécoise est beaucoup plus difficile à avaler : nous sommes un peuple soumis aux lois d'un État fédéral qui nous impose sa doctrine - le multiculturalisme canadien - devenant de plus en plus excessif au nom d'une constitution qu'aucun premier ministre québécois n'a signée.
Combattre le multiculturalisme canadien n'est pas un combat « ridicule » comme le prétend M. Fortin, mais bien le devoir de tous les patriotes québécois qui sont révoltés par l'imposition d'une constitution que notre nation n'a jamais entérinée, ni par un référendum, ni par un vote à l'Assemblée nationale.
Pour un patriote québécois, le scandale n'est pas de dénoncer le multiculturalisme imposé au Québec par Ottawa, mais bien de s'y soumettre.
Réponse à Steve E. Fortin
Combattre le multiculturalisme est un devoir
L'extrême droite québécoise n'existe pas
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5 commentaires
Éric F. Bouchard Répondre
30 janvier 2020Ce n’est pourtant pas sorcier. On ne vous reproche pas votre opposition au multiculturalisme canadian, on vous reproche de ne pas célébrer la diversité québécoise.
Ce faisant, comme tous les autres «identitaires», vous vous placez vous-mêmes en porte-à-faux, agissant comme si le Québec n’était pas statutairement fondé sur la coexistence de deux grandes communautés de langue (la francophone et l’anglophone), des Premières Nations et de multiples « minorités ethniques dont [ce Québec] reconnaît l’apport précieux [à son] développement », dixit le législateur québécois dans la loi 101.
Alors que notre métropole est redevenue majoritairement anglophone et que l’on peut percevoir chez-nous un désir grandissant d’anglicisation, ne serait-il pas temps de s’appuyer sur autre chose qu’une identité fantasmée ou qu’une « statolâtrie » qui n’ont rien à voir avec notre réalité légale et politique?
N’en n’avez-vous pas marre d’être d’emblée hors-jeu?
Cela fait 50 ans que nous n’avons plus voix au chapitre, 50 ans que l’histoire s’écrit sans nous, 50 ans que les tenants de la qébécitude réécrivent l’histoire contre nous, les héritiers du nationalisme canadien-français.
Ne comprenez-vous pas qu’il faut, pour que les choses changent, briser ce carcan-là?
Ensuite seulement pourrait-on s'attaquer au carcan canadian.
Alexandre Cormier-Denis Répondre
31 janvier 2020On me reproche surtout mon soutien au feu Front national de Marine Le Pen. Pour le reste, de nombreux Québécois sont en accord sur le principe d'assimilation des immigrés et la réduction substantielle de l'immigration.
Par ailleurs, faire du Québec un État intégralement français serait impossible dans le cadre canadien, mais il serait tout de même possible d'abolir les réseaux universitaires, collégiaux et hospitaliers anglophones pour les franciser totalement. Bien entendu aucun gouvernement péquiste n'a jamais eu l'intention de le faire. C'est encore moins le cas avec la CAQ.
Paradoxalement, le retour à l'identité canadienne-française que vous prônez radicaliserait la dimension multinationale de l'État québécois en instituant légalement le fait qu'il existe plusieurs communautés nationales sur le territoire. Cela ferait du français non plus la « langue publique commune », mais bien un langue parmi d'autres, soit celle de la communauté canadienne-française du Québec.
Le verni universaliste de la « québécitude » nous permet d'avancer des thèmes identitaires sans ramener de front l'épineuse question ethnique qui demeure un tabou pour la société civile dominée par les médias de masse unanimement antiracistes.
Éric F. Bouchard Répondre
3 février 2020Si vous le permettez, je répondrai du tac au tac.
« Pour le reste, de nombreux Québécois sont en accord sur le principe d'assimilation des immigrés et la réduction substantielle de l'immigration ». (Rép.) Qu’importe le nombre de personnes en accord avec vous, les lois statutaires québécoises font de la diversité une doctrine d’État, le fondement du peuple souverain.
« Par ailleurs, faire du Québec un État intégralement français serait impossible dans le cadre canadien », (Rép.) Encore faudrait-il l’exiger, or ce n’est plus cas depuis les années 1970, depuis que le Québec se reconnaît un peuple formé d’une communauté francophone et d’une communauté anglophone, union d’où il tire sa légitimité « mais il serait tout de même possible d'abolir les réseaux universitaires, collégiaux et hospitaliers anglophones pour les franciser totalement ». (Rép.) Bien sûr que non, les lois statutaires du Québec protègent spécifiquement les institutions de la communauté anglophone du Québec, protection consolidée par la loi 99. « Bien entendu aucun gouvernement péquiste n'a jamais eu l'intention de le faire ». (Rép.) Et pour cause, c’est ce parti qui a fait voter les dites lois. « C'est encore moins le cas avec la CAQ ». (Rép.) La CAQ n’a d’autre loi que la québécitude qui reconnaît depuis 50 ans la communauté anglophone et ses institutions comme pleinement québécoises.
« Paradoxalement, le retour à l'identité canadienne-française que vous prônez radicaliserait la dimension multinationale de l'État québécois en instituant légalement le fait qu'il existe plusieurs communautés nationales sur le territoire ». (Rép.) Ça ne pourrait que difficilement être pire : Québec reconnaît déjà une communauté anglophone, onze premières nations et un nombre indéterminé de communautés ethniques. En quoi enchâsser dans nos lois la prééminence de la nation canadienne-française au Québec pourrait nous être contraire? « Cela ferait du français non plus la « langue publique commune », mais bien une langue parmi d'autres, soit celle de la communauté canadienne-française du Québec ». (Rép.) Eh bien non, le Québec étant la patrie des Canadiens-Français, le territoire où leur civilisation a pu se développer le plus largement, c’est à ce titre que le français devrait y être reconnu langue d’État, officielle et commune.
« Le verni universaliste de la « québécitude » nous permet d'avancer des thèmes identitaires sans ramener de front l'épineuse question ethnique qui demeure un tabou pour la société civile dominée par les médias de masse unanimement antiracistes ». (Rép.) Il n’y a pas de vernis universaliste qui tienne, la québécitude est universaliste et antiraciste de nature. C’est elle qui rend tabou la nationalité et l’ethnicité canadiennes-françaises.
Vernis il y a certes eu, mais vaguement identitaire pour raisons purement stratégiques. Un vernis rapidement dissous pour ne laisser qu’une défense de la souveraineté d’un État, multiculturel depuis sa création, afin d’y promettre un usage prédominant du français et y pratiquer une forme particulière de laïcité d’État.
Et c’est tout ce qu’entendent nous offrir, avec certes quelques variantes, les PQ, PLQ et CAQ depuis 50 ans.
Comment croire cette québécitude bénéfique ou utile, nous sachant aujourd’hui minoritaires à Montréal et minoritaires au Québec demain, constatant que nous peinons déjà à freiner l’anglicisation de nos institutions de même que celle des jeunes générations presque totalement déculturées?
Y’a pas photo, comme on dit.
Alexandre Cormier-Denis Répondre
4 février 2020Vos propos semblent confus.
Voulez-vous faire du Québec un État multinational où serait reconnue la nation canadienne-française parmi d'autres ou la patrie exclusive des Canadiens français ?
Vous ne pouvez promouvoir la reconnaissance de la nation canadienne-française et décrier le fait que le Québec se conçoit comme un État multinational « riche de sa diversité » (sic).
Quant à la question linguistique, il serait possible selon la constitution canadienne de franciser intégralement le réseau universitaire et le réseau de santé. Il ne s'agit que d'une question de volonté politique des élus québécois. Les lois du Québec se changent infiniment plus facilement que la constitution canadienne...
Rappelons qu'il était impensable pour l'Union nationale de Duplessis - époque forte de votre nationalisme canadien-français chéri - de retirer des « droits linguistiques » aux anglophones du Québec. L'idée de franciser intégralement l'État ne vient qu'avec l'arrivée du néonationalisme civique des années 1960. Aucun parti politique n'a jamais eu l'intention de faire du Québec un État intégralement français avant ou après la Révolution tranquille. Pas plus l'UN de Duplessis ou de Johnson que le PQ de Lévesque ou de Landry.
Si vous reconnaissez la légitimité de la nation canadienne-anglaise au Québec - distincte de la nation canadienne-française - il vous faudra lui reconnaître la légitimité de ses droits linguistiques, alors que l'universalisme de la nation civique québécoise, soit la québécitude que vous décriez, pourrait théoriquement être utilisée pour franciser intégralement la fonction publique, les universités, etc.
Vous pouvez souhaiter le retour d'un nationalisme ethnique dans la sphère politique québécoise, mais cela reste est un vœu pieux. Le tabou antiraciste est beaucoup trop fort pour qu'un politicien ose le briser. Même la critique de l'immigration doit passer par des arguments économiques, culturels ou linguistiques de type civique pour être jugés acceptables dans les médias. Aborder de front la question ethnique signifie sortir de la discussion politique actuelle.
De plus, le retour de l'identité canadienne-française ne nous protégera en rien de la submersion migratoire que nous subissons. Seule la réduction drastique des seuils d'immigration, la mise en place d'une politique nataliste ciblée et ultimement un changement radical des mentalités sur la famille traditionnelle peuvent inverser la tendance actuelle. Rien de tout cela ne se profile à l'horizon.
D'ici une trentaine d'année les Blancs seront minoritaires au Canada anglais - le pays subissant un véritable suicide démographique - et les Canadiens français seront minoritaires au Québec. Inscrire la reconnaissance de la nation canadienne-française dans le droit québécois n'y changera rien sur le fond, à part radicaliser l'idée que le Québec est une société véritablement multinationale.
Éric F. Bouchard Répondre
7 février 2020Il est vrai qu’on jongle ici avec des réalités que 50 ans séparent. Il faut faire la part des choses : ce qui était possible en 1970, n’est pas ce qui est possible aujourd’hui.
Ce qui nous occupe est que le Québécois de souche est marginalisé par la québécitude, qu'il est déjà exclu du politique parce que jugé extrémiste. Nous sommes piégés. Pour revenir dans le monde, avant que de disparaître, il n’y a plus d’autres choix que de reprendre notre identité historique.
Car il n’y a pas d’empêchement à cela, il n’y a jamais eu d’obligation morale ni d’avantage politique à devenir Québécois. Ce changement identitaire ne fut jamais qu’idéologique.
Contrairement à ce que les néo-nationalistes nous ont fait croire, la nation canadienne-française n’est pas une ethnie. Bien qu’évidemment liée à l’ethnie canadienne-française, elle constitue une réalité sociale et politique, une réalité à laquelle se sont intégrés et assimilés bien des éléments exogènes à l’ethnie et ce, même avant notre séparation d’avec la France. Faire partie d’une nation n’est pas qu’une question de naissance, ce peut être aussi un choix, comme ce fut le cas pour nombre de nos familles au cours des siècles.
Cette nation française (et catholique) de droit, de langue et de culture, nation avec laquelle les Britanniques, puis les Canadians, ont dû traiter depuis 1760 jusqu’à la naissance du peuple québécois (défini statutairement par la coexistence de francophones et d’anglophones), cette nation n’a toujours voulu qu’une chose : s’épanouir en restant fidèle à elle-même.
Les Canadiens-Français ont exprimé cette volonté lors des Capitulations et dans des pétitions précédant ou suivant la Proclamation Royale, l’Acte de Québec ou l’Acte constitutionnel. Ils l’ont réitérée en soutenant le discours et l’action des chefs patriotes (en dépit de leur ambiguïté) ou, après l’Union, en bataillant, élections après élections, pour conserver leur langue, leurs traditions et leurs lois. Ils le feront encore en obtenant le relèvement d’une Province de Québec en 1867 et en exigeant toujours plus ouvertement, suite aux ostracismes dont ils sont l’objet dans le reste du pays, la transformation de cette province en État national, ce qui fut fait solennellement et démocratiquement lors des États généraux en 1967.
De cette volonté séculaire et de ce combat découlent des droits dont il ne tient qu’à nous de nous réclamer, ce que nous ne pouvons pas faire si on ne se considère que Québécois.
Je crois que vous avez saisi, mais qu’une préoccupation demeure : va-t-on perdre le Québec?
Du fonds de nos bayous, le possède-t-on seulement?
50 ans d’imposture c’est long, très long. Les conséquences sont déjà terribles : Montréal est plus ou moins perdue, nous sommes détruits identitairement et nous nous payons de mots, de bons sentiments et d’illusions pour ne pas voir la réalité.
Et puis, la question est moins de savoir ce que l’on va perdre que ce l’on peut conserver, et à mon sens, les Canadiens-Français sont les mieux placés face au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et pour établir leurs revendications en regard de l’histoire.
Mais bon, je n’en sais rien. Ce que je sais en revanche, est que les Anciens ont su, dans des défaites beaucoup plus cruelles et sans grand moyen, garder la tête haute.
J’aimerais leur ressembler, voilà tout.