En dépit des avertissements du Commissaire au lobbyisme, à la mi-décembre, Denis Coderre a rencontré au moins à deux reprises les représentants de l'entreprise française Bolloré pour l'éventuelle implantation d'un système de voitures électriques en libre-service: une fois à Montréal, avant Noël, et une autre fois, plus tôt cette semaine, à Paris. Le Commissaire au lobbyisme a d'ailleurs entrepris une vérification au sujet de Bolloré, a appris La Presse.
Les premières discussions entre le maire Coderre et Bolloré remontent à mai 2014. Ce n'est toutefois que six mois plus tard que l'information a été connue publiquement. Cette démarche a été critiquée au conseil municipal parce que toutes les activités d'influence, qu'elles soient faites au Québec ou à l'étranger, nécessitent d'être inscrites au Registre des lobbyistes.
Au cours de la même période, une autre rencontre a eu lieu concernant ce dossier, mais cette fois, l'organisme Montréal International était impliqué, a appris La Presse. Montréal International n'a ni confirmé ni infirmé la situation hier. «Montréal International accompagne les sociétés étrangères dans leurs projets d'implantation ou d'expansion dans le Grand Montréal. [...] Toutes les rencontres avec des investisseurs étrangers sont confidentielles», s'est bornée à dire la directrice des relations publiques, Céline Clément.
Denis Coderre a profité de son voyage à Paris, cette semaine, pour rencontrer l'industriel Vincent Bolloré et parler de nouveau du service d'autopartage de voitures électriques déjà existant à Paris. Au cours d'une rencontre de presse, le maire Coderre a précisé qu'il n'est pas question «d'amener Autolib' à Montréal, mais bien le concept d'électrification». «Le modèle de M. Bolloré peut être intéressant. Montréal n'est pas là pour faire du commerce, mais pour créer l'environnement propice», a ajouté le maire de Montréal.
L'automne dernier, le cabinet du maire avait indiqué que des annonces étaient prévues à l'hiver et que le marché montréalais avait la capacité d'accueillir un nouvel acteur. Si Bolloré devait implanter son concept à Montréal, il s'ajouterait au réseau déjà en place, formé des entreprises Communauto et Car2go.
En vertu de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme, toute communication orale ou écrite avec un titulaire de charge publique en vue d'influencer une décision, notamment pour la mise en place d'un plan d'action, par exemple, constitue du lobbyisme. La loi prévoit des exceptions, comme les représentations faites en commission parlementaire ou dans le cadre de procédures judiciaires.
Le porte-parole du Commissaire au lobbyisme, Daniel Labonté, a rappelé hier que les règles s'appliquent, peu importe le territoire où les activités d'influence ont lieu. M. Labonté a également confirmé qu'«une vérification est en cours au sujet de Bolloré». De plus, en date d'hier, Bolloré était toujours absente du Registre.
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