Cocus contents

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Le mépris n'aura qu'un temps





Lorsque l’entente avec Bombardier a été conclue, j’avais été surpris de la persistance de l’indignation dans l’opinion publique. Il s’agissait, après tout, d’un investissement porteur au sein d’une entreprise admirée des Québécois.


Il semble que ça ne soit plus le cas. C’est avec un enthousiasme qui a quelque chose de morbide que sa direction s’évertue à dilapider le capital de fierté qu’elle mettait jadis en vitrine. En congédiant à tout va et avec l’implication de la famille Beaudoin dans le projet de cimenterie à Port-Daniel, l’image de gestionnaires qui sont moins bons à créer de la valeur qu’à soutirer de l’argent aux gouvernements de toutes les couleurs s’impose.


Ce qui me surprend encore, toutefois, c’est la discipline avec laquelle des ministres s’assurent de payer un prix politique pour soutenir Bombardier.


Relations publiques


Les libéraux semblent admirer l’avionneur, dont les administrateurs n’ont jamais caché leur adhésion au fédéralisme canadien. Au point de se dire que ces grands seigneurs n’ont pas à s’embarrasser de faire leurs propres relations publiques. Le gouvernement du Québec se charge lui-même de fournir quelques élus ingénus, payés par nos taxes, pour effectuer le service après-vente des compagnies malcommodes. Comme dans le cas du rachat de RONA par Lowe’s, on a la désagréable impression que nos dirigeants travaillent davantage pour l’entreprise que pour nous.


Ils font pourtant de bien mauvais partenaires, ces obsédés du capitalisme boursier. On en était encore à se réjouir par communiqué de la lettre d’intention d’Air Canada lorsque Bombardier mettait ses travailleurs à pied. Une attrition dont on n’avait pas informé Québec, selon le ministre Jacques Daoust.


Vraiment, avec des amis comme ça, les libéraux n’ont pas besoin d’ennemis.


Honneur bafoué


L’affaire n’a pas fini de coller à la peau de Philippe Couillard, dont l’amour pour la multinationale de moins en moins québécoise n’a d’égal que son mépris pour les petits investisseurs derrière Pétrolia et les gens qui perdent leur travail. Faut-il qu’il soit assuré de la captivité de l’électorat libéral pour faire aussi peu de cas de voir son honneur bafoué par un partenaire qui le traite si mal?


Parce que la perte de 2400 emplois ne suffisait pas. Il fallait en plus, pour convaincre Air Canada d’acheter la Série C, abandonner les 1700 travailleurs d’Avéos, qui étaient pourtant en train de gagner leur litige contre le transporteur aérien.


François Legault a claqué un coup de circuit en soulignant que c’est de la destruction de plus de 4000 emplois dont se réjouissait Philippe Couillard.


On savait déjà que la froideur et le manque d’empathie du neurochirurgien pouvaient lui jouer de mauvais tours. On remarque maintenant que sa hauteur face aux plus mal pris contraste avec sa soumission devant les puissants. On apprend également qu’il n’a pas d’orgueil.


Prenez garde, Monsieur le Premier Ministre. Le peuple pourrait finir par se fatiguer d’être traité en cocus contents.



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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.





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