En arrivant au Parti libéral du Québec (PLQ) en 1998, Jean Charest a transformé la culture de financement de la formation. Une tendance qui s’est accentuée avec l’arrivée de Marc Bibeau, a expliqué jeudi à la commission Charbonneau l’ex-député Robert Benoit.
À son arrivée au PLQ en 1998, Jean Charest impressionne celui qui fut député d’Orford de 1989 à 2003 et président du PLQ de 1985 à 1989. Ses méthodes pour amasser des fonds tranchent avec celles de ses prédécesseurs. « Ce gars-là est organisé pas à peu près. Il connaît du monde », se souvient-il s’être dit à l’époque. « Le premier geste que je vais voir, c’est un déjeuner de financement pour sa campagne au leadership. Il va ramasser un demi-million en un avant-midi. »
Puis, peu avant les élections générales de 2003 arrive Marc Bibeau, nouveau grand argentier du PLQ. Robert Benoit est convoqué au « confessionnal » de M. Bibeau, à l’instar de tous ses collègues députés.
« On est confessé individuellement. Le discours est clair […] “ Si tu veux te présenter à la prochaine élection, il faut que tu ramasses de l’argent ”. » Un ton qui l’étonne, d’autant plus qu’il avait déjà annoncé son intention de quitter la politique.
M. Bibeau travaillait en tandem avec Violette Trépanier, responsable du financement sectoriel. Elle doit comparaître vendredi devant la CEIC.
Généreuses firmes
M. Benoit a estimé qu’il était « difficile » pour les ministres du gouvernement Charest de demeurer à l’abri de l’influence de riches donateurs. « Il semble qu’il y avait une proximité beaucoup trop grande avec tout ce monde-là », a-t-il dit, en référence aux firmes de génie.
Rappelons que M. Benoit avait été parmi les premiers — et les seuls — libéraux à monter au créneau afin de réclamer la tenue d’une commission d’enquête sur le secteur de la construction.
Environ 10 % des dons effectués aux trois grands partis politiques émanent des firmes de génie-conseil, révèle une analyse de la commission Charbonneau présentée jeudi. Une tendance qui varie peu d’un parti à l’autre.
« Partout, peu importe le parti, les ingénieurs sont en tête de liste. […] [Proportionnellement] ils donnent quatre fois plus que les membres d’autres ordres professionnels », a dit l’enquêteur de la CEIC Éric Desaulniers.
En fin d’après-midi, Ginette Boivin, qui fut de 1989 à 2006 responsable du financement du Parti québécois (PQ), a pour sa part affirmé qu’elle n’hésitait pas à faire des appels téléphoniques dans des cabinets de ministre à la demande de donateurs sectoriels du Parti québécois.
Il lui est arrivé d’appeler des connaissances afin d’obtenir des renseignements privilégiés pour des personnes qui « aidaient à vendre des cartes, qui aidaient pour la sollicitation [de dons] », a-t-elle reconnu.
Si elle a déjà joué l’entremetteuse entre un donateur et un attaché politique, elle n’est jamais intervenue de la sorte avec un élu du PQ, a insisté celle qui s’est décrite comme la « cheville ouvrière du financement » du parti.
Elle acquiesçait à ces « demandes », lorsqu’elle le pouvait, « sans insister » auprès des cabinets ministériels, notamment ceux de l’Énergie, des Affaires municipales ou encore des Transports et de l’Environnement, a-t-elle ajouté.
« Probablement [que ces personnes] devaient s’attendre à quelque chose, mais on n’en faisait, pas des promesses », a dit celle qui a quitté le PQ en 2006, dans la foulée du rapport Moisan, qui relevait la présence de donateurs prête-noms dans le financement de partis.
COMMISSION CHARBONNEAU
Charest et Bibeau ont changé la culture du financement au PLQ
10 % des dons effectués aux trois grands partis politiques émanent des firmes de génie-conseil
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