Drapé dans sa fausse vertu pluraliste, le premier ministre Couillard accuse périodiquement François Legault de propager les germes de l’intolérance, voire du racisme que lui aurait transmis la défunte ADQ.
Chaque fois que M. Legault s’interroge sur la capacité de la société québécoise à intégrer un nombre grandissant de nouveaux arrivants, M. Couillard pousse des cris d’orfraie qui le dispensent de justifier le peu de cas que son gouvernement semble faire de la situation préoccupante du français.
Il aura cependant bien du mal à présenter Gérard Bouchard, qu’il a lui-même consulté sur les questions identitaires, comme un xénophobe qui s’ignore quand il manifeste la même inquiétude pour l’avenir culturel du Québec que le chef caquiste.
Le texte que M. Bouchard publie aujourd’hui dans nos pages devrait faire réfléchir sérieusement M. Couillard à ses responsabilités envers la société dont il a reçu le mandat de préserver le caractère français et au tort irréparable qu’il pourrait lui causer en y manquant.
Il est vrai que l’ouverture à l’immigration à tout prix, que le premier ministre professe au nom des impératifs de la croissance économique, a pris l’allure d’un « radicalisme » qui fait bon marché des réalités complexes auxquelles le Québec doit faire face. Il faut savoir gré à M. Bouchard de dénoncer cette « forme d’intimidation qui procède d’un pur manichéisme » et cette exaspérante propension de M. Couillard à vouloir « monopoliser la moralité ».
À ce que je sache, M. Bouchard n’a pas d’affinité particulière avec la CAQ, mais son intervention est certainement de nature à donner au discours de M. Legault une caution morale et intellectuelle qui lui faisait défaut.
M. Couillard a rendu lui aussi un grand service à M. Legault en l’attaquant comme il l’a fait. Jusqu’à présent, le virage identitaire que le chef caquiste a voulu faire prendre à son parti avait du mal à s’imposer à l’ordre du jour du débat public, sinon sous la forme un peu caricaturale de ce test de valeurs québécoises qu’il proposait de faire passer aux immigrants.
Le premier ministre a commis une erreur en présentant comme une dangereuse inclination à l’intolérance le sentiment d’insécurité culturelle que de nombreux Québécois ressentent, sans être racistes pour autant, et que le gouvernement devrait chercher à apaiser plutôt que de jouer la carte de la culpabilisation.
Lui-même semble d’ailleurs avoir senti qu’il y était allé un peu fort. Mardi, M. Legault est revenu à la charge en réclamant que la hausse du seuil d’immigration, que M. Couillard voudrait porter à 60 000 nouveaux arrivants par année, soit approuvée par les deux tiers des membres de l’Assemblée nationale. Bien entendu, cela est hors de question, mais la réponse du premier ministre a été moins cinglante que la semaine dernière.
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