L’affaire SNC-Lavalin, qui fait très mal à Justin Trudeau, a renvoyé dans l’ombre une série d’incidents révélateurs des nouveaux rapports entre le Canada et le Québec.
Le gouvernement Legault propose une déclaration d’impôt unique. Réponse d’Ottawa : non.
Le gouvernement Legault souhaite une réforme de l’immigration qui nécessite la collaboration d’Ottawa. Réponse : non.
Le gouvernement Legault prépare une loi sur la laïcité. Réponse d’Ottawa : mauvaise idée et on pourrait se fâcher.
Le gouvernement Legault dit qu’il est contre un oléoduc traversant le Québec. Réponse d’Ottawa : c’est nous qui déciderons.
Rapport de force
Pas de « on verra », pas de « peut-être », pas de « on va jaser ».
Dans chaque cas, les réponses furent fermes, sèches, rapides.
Parallèlement, les alliés habituels d’Ottawa au Québec se mobilisent.
Des élus municipaux de l’île de Montréal et des associations ethnoculturelles disent que jamais ils n’accepteront la moindre limitation des signes religieux.
Ils veulent les porter 24/7 si ça leur chante. Toute autre position est intolérable.
Ils annoncent carrément leur désobéissance civile future et nient toute légitimité au gouvernement du Québec dès lors que ses intentions ne leur conviennent pas.
Ils peuvent compter sur leurs relais usuels dans la sphère médiatique.
Ceux-ci voudront nous faire brailler sur l’« insensibilité », l’« intolérance » et la « cruauté » de ce que le gouvernement Legault envisage. Préparez vos mouchoirs.
Cette rigidité, cette véhémence d’Ottawa et de ses alliés traduisent une position de fond : le seul Québec acceptable, c’est le Québec soumis, docile, le Québec dans le moule canadien, le Québec de Philippe Couillard.
Mais il y a un autre facteur qui explique cette intransigeance : c’est que le Québec n’est plus respecté.
Il est devenu un chaton dégriffé, un tigre de papier.
Qu’on l’admette ou pas, il y a un prix à payer pour l’éclipse du projet souverainiste : c’est la perte de tout rapport de force.
Jadis, l’hostilité envers le gouvernement du Québec se serait manifestée autour de la question linguistique ou des revendications constitutionnelles.
La loi 101 est aujourd’hui tellement pleine de trous que même le fédéraliste le plus intransigeant peut s’en accommoder. Et il n’y aura pas de négociations constitutionnelles.
La nouvelle religion canadienne, c’est le multiculturalisme, donc tout ce qui concerne l’immigration, la religion et l’identité.
Sur ces sujets, ne vous avisez pas de déroger aux Saintes Écritures.
Rester ferme
Mais il a promis un nouveau nationalisme, qui permettrait au Québec de faire des gains sans devoir quitter le Canada.
Nombre de nationalistes, y compris beaucoup de souverainistes, ont donné la chance au coureur.
On savait que l’heure de vérité viendrait tôt ou tard. On s’en approche... déjà.
Sur les questions de l’immigration et des signes religieux, le gouvernement Legault peut s’appuyer sur la majorité du Québec français.
Restera-t-il droit dans ses bottes ou fera-t-il un Philippe Couillard de lui-même, l’arrogance en moins ?
Caquistes, êtes-vous prêts à vous battre ?
4 DOSSIERS LITIGIEUX ENTRE OTTAWA ET LA CAQ :
- Seuils d’immigration
- Rapport d’impôt unique
- Oléoduc