Bush «pleure sur l'épaule de Dieu»

G. W. Bush - "Dead Certain - The Presidency of George W. Bush"



Alexandre Sirois - George W. Bush est bel et bien têtu et obstiné. Le mot « doute » ne semble pas faire partie de son vocabulaire. En revanche, le président américain n’est pas insensible : il pleure souvent.


C’est ce que révèle l’essai le plus récent sur la présidence controversée de Bush, rédigé par un journaliste texan, Robert Draper. Le titre : Dead Certain, qui peut se traduire par l’expression « sans l’ombre d’un doute ».
Paru mardi aux États-Unis et au Canada, l’essai nous plonge souvent dans l’intimité de Bush et tente de présenter l’homme derrière le président. Un défi que peu d’autres journalistes avaient su relever jusqu’ici.
Le ton du livre et les révélations qu’il contient font évidemment couler beaucoup d’encre depuis la diffusion des premiers extraits dans les grands médias américains.
« Il y a l’épaule de Dieu sur laquelle je peux pleurer. Et je pleure beaucoup, y raconte le président américain. Je suis prêt à parier que j’ai versé plus de larmes, en tant que président, que ce vous pouvez compter. »
L’essai dépeint Bush comme un politicien qui porte le poids du fiasco irakien sur ses épaules. Un véritable fardeau. « Nous traversons une période fatigante, dit Bush. J’ai l’Irak à l’esprit. Beaucoup. Vous savez, chaque jour je vois les victimes. Je reçois les rapports. Je suis plongé dans cette guerre. »
Prier pour durer
L’auteur confirme que le président se sert de la prière comme d’une béquille. « Je pense que la prière aide. Je le pense vraiment », confie-t-il avant d’y aller de quelques considérations sur ses anciens problèmes d’alcool. « Je ne serais pas président si je buvais encore. Vous en venez à manquer de rigueur. Vous ne pouvez pas prendre de décisions. Ça brouille votre raison », poursuit-il.
Bush a littéralement déroulé le tapis rouge pour Draper, journaliste pigiste pour le magazine GQ, anciennement du magazine Texas Monthly. Le président lui a accordé six entrevues d’une heure en tête à tête.
Bush avait visiblement des atomes crochus avec lui. Il se livre, dans cet essai, comme il l’avait rarement fait.
Questionné sur ce qu’il compte faire au sortir de la Maison-Blanche en 2009, il dit souhaiter « remplir les coffres ». Comme ses prédécesseurs, il prononcera des discours à grands frais. « Je ne sais pas combien mon père gagne. Mais c’est plus de 50 000 $ ou 75 000 $ par discours », dit-il.
Connu pour son mépris pour le multilatéralisme et les institutions internationales, il en rajoute. « Dans six ans, vous ne me verrez pas traîner dans le hall d’entrée de l’ONU », dit-il, faisant référence au démocrate Bill Clinton.
Le journaliste a aussi obtenu des entrevues avec la femme du président, Laura, la secrétaire d’État Condoleezza Rice, le vice-président Dick Cheney, et quelque 200 autres membres de l’entourage de Bush.
Chair de poule
De ces témoignages, il tire également des anecdotes cocasses et très personnelles. On apprend ainsi que Bush aime imiter le docteur Evil, l’ennemi juré d’Austin Powers, joué au grand écran par le Canadien Mike Myers.
Ou que le président a confié à un ami avoir déjà vu « des fantômes sortir des murs » de la Lincoln Bedroom, dans la Maison-Blanche. D’ailleurs, plus jeune, cette résidence lui donnait la chair de poule.
L’impression générale qui se dégage du livre n’est toutefois pas nouvelle. Bush, on l’a souvent souligné ces dernières années, donne l’impression de vivre dans une bulle.
Il est entouré de conseillers réticents à le contredire, le critiquer ou lui annoncer des mauvaises nouvelles. L’auteur parle de ce phénomène comme d’un « optimisme institutionnalisé » à la Maison-Blanche.
Il confirme que Bush est à l’abri des remises en question. Le président se serait même dit convaincu que l’Irak possédait des armes de destruction massive… en avril 2006. Longtemps après que les experts déployés sur le terrain aient affirmé le contraire à plusieurs reprises. Le doute, connaît pas…
Le livre : Dead Certain, The Presidency of George W. Bush


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