Brexit, «coup de pied au c**» : réactions à chaud de personnalités françaises obtenues par RT France

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«C’est le début de la fin de cette construction artificielle qu'est l'UE»

Brexit. Un mot qui était sur toutes les lèvres mais que personne n’imaginait, jusqu’à ce matin, se réaliser un jour. RT France a fait le tour des personnalités françaises pour connaître leurs (vives!) réactions face à ce seisme européen.

Nous avons posé trois questions :

1. Vous attendiez-vous à ce que le Brexit l'emporte ?

2. Pensez-vous que les autorités britanniques vont prendre en considération le résultat du référendum ?

3. Ce vote en Grande-Bretagne ouvre-t-il là voie à un référendum similaire en France ?

Et au regard des réponses, il est évident que le Brexit ne laisse personne indifférent :

C’est le début de la fin de cette construction artificielle qu'est l'UE

Philippe de Villiers, candidat aux élections présidentielles de 1995 et 2007, fondateur du parti «Mouvement pour la France»

1. Oui, je m’y attendais, parce qu’à chaque fois qu’un peuple a été interrogé en Europe, ces 20 dernières années, la tendance est toujours au rejet de cette construction absurde. Je m’y attendais aussi pour une deuxième raison qui est que la déferlante migratoire. Cette déferlante migratoire provoquée par les élites pour avoir une main d’œuvre mondialisée à bas prix crée dans toute l’Europe une commotion, un trouble profond, un sentiment de dépossession de soi. Donc aujourd’hui, si on interroge n’importe quel peuple de l’Union européenne, il répondra comme les Britanniques.

2. Si jamais il leur prenait l’envie de ne pas appliquer la décision de leur peuple, le choc en retour serait beaucoup plus violent et les Anglais feraient savoir à leurs autorités que dans leur histoire ils sont capables de gestes forts pour faire appliquer depuis 1215 la Grande Chartre, c’est-à-dire la démocratie.

Pour la France je demande un référendum

3. Ce qu’il s’est passé en Grande-Bretagne c’est le début de la fin de cette construction artificielle qui est plutôt une déconstruction européenne. Premièrement le mur de Maastricht est tombé. [...]
Deuxièmement, comme je l’avais dit au président Vladimir Poutine, lorsque je l’avais rencontré le 14 août 2014, il n’y a pas d’autre option pour l’Europe que de faire la grande Europe de l’Atlantique à l’Oural avec la Russie, une Europe dans laquelle le Royaume-Uni aura sa place, une Europe qui respecte la souveraineté, les identités et les libertés des peuples, une Europe tournée vers l’avenir mais dont l’avenir ne peut plus s’écrire sur le continent américain. Pour la France je demande un référendum. Il faut que le peuple français se prononce. Avant l’élection présidentielle, je mets en garde les politiciens qui vont évidemment chercher à noyer le poisson, à droite et à gauche, puisque toute la classe politique est européiste et mondialiste.

Je suis très fier du résultat aujourd’hui

Nicolas Dhuicq, député Les Républicains

1. Oui, définitivement, pour faire un anglicisme. Non seulement je l’attendais mais je l’espérais.

2. Bien entendu, je crois que le Premier ministre a remis sa démission. Le Royaume-Uni est une des plus vieilles démocraties d’Europe. C’est un vieux parlement, un peuple qui est très respectueux de ses institutions. C’est une île et un pays auquel nous devons une certaine liberté en Europe puisque le Royaume-Uni s’est battu seul entre juin 1940 et juin 1941, c’est-à-dire avant l’agression d’Hitler sur l’Union soviétique. J’ai toujours été très proche de nos cousins britanniques et je suis très fier du résultat aujourd’hui.

L’Europe est constituée de différents peuples et de différentes nations. Chacun et chacune ont leur propre histoire et ils ont besoin qu’on ne les oublie pas

3. Hélas non. Le risque est de voir un exécutif français qui court après toujours plus de fusion européenne. Or, je suis sur la position du général de Gaulle : l’Europe est constituée de différents peuples et de différentes nations. Chacun et chacune ont leur propre histoire et ils ont besoin qu’on ne les oublie pas.

Je crois que la construction européenne sur trois jambes, à savoir le parlement, les Conseils et la Commission ne fonctionne pas. La Commission est pour moi l’administration américaine qu’en 1944 le général de Gaulle parce que les alliés américains voulaient nous imposer une administration sous tutelle. Cette Commission qui est supranationale, constituée de gens qui ne sont pas élus, qui décide pour elle-même est tout à fait néfaste. Les Britanniques nous montrent une autre voie. Alors plutôt que de rapprochement, toujours plus de fusion avec l’Allemagne qui est aussi une concurrente, je souhaite que ce soit le moment de reconstruire un axe entre Paris et Moscou. Le général de Gaulle l’a dit «L’Europe est aussi continentale et la Fédération de Russie fait partie de l’Europe.

C’est pas la France, quand même. Ils respectent le choix des électeurs en Angleterre

Olivier Berruyer, économiste, bloggeur

1. Non pas forcément, parce que les sondages étaient assez contradictoires. On était donc dans le flou. Je l’espérais mais j’ai préféré rester prudent sur ce sujet-là.

2. Oui. C’est pas la France, quand même. Ils respectent le choix des électeurs en Angleterre.

3. Non, on en n’est pas encore là. Même si, d’après un sondage, 50% des Français voudraient avoir un référendum sur ce sujet-là, on voit bien que les politiques ne le veulent absolument pas. Cela n’arrivera certainement pas.

Il nous faut une Europe qui soit respectueuse des peuples, des nations, de leur histoire

Ivan Rioufol, journaliste, écrivain

1. Je suis agréablement surpris de voir que les Britanniques ont réussi à passer outre les intimidations et menaces d’apocalypse émises de toutes parts contre ceux qui s’apprêtaient à voter [pour] le Brexit.

2. J’imagine que oui, sinon la démocratie n’a plus de sens.

3. Il est très intéressant de voir que les Britanniques, une fois de plus, nous ouvrent la voie de la liberté pacifiquement, démocratiquement et en faisant comprendre à cette Union européenne trop technocratique et trop méprisante des peuples que les temps ont changé, qu’aujourd’hui il faut écouter et respecter la voix des peuples quand ils disent qu’ils ne se sentent plus représentés convenablement par des institutions.

Mon propos n’est pas de tourner le dos à l’Europe

C’est l’un des éléments de la crise de la représentativité politique que nous vivons ; elle vaut pour l’Europe, mais également pour les partis politiques, pour le gouvernement français et pour beaucoup de pays européens. Il serait en effet souhaitable aujourd’hui que la procédure de référendum soit généralisée. Je demande à ce que le gouvernement français ou en tout cas les partis qui s’apprêtent à concourir à la présidentielle, s’engagent sur un référendum concernant l’adhésion ou non de la France à l’Union européenne. Mon propos n’est pas de tourner le dos à l’Europe – je pense qu’une Europe est indispensable : nous vivons sous l’idée européenne depuis le Moyen-âge, une idée naturelle à tous les pays européens. Simplement, il nous faut une Europe qui soit respectueuse des peuples, des nations, de [leur] histoire, des hommes et qui comprenne enfin que les citoyens ne sont pas des marchandises qui peuvent indifféremment être remplacées.

La crise des migrants a pesé extrêmement lourd dans le résultat du référendum

Alexis Bachelay, député socialiste

1. Oui, je pensais qu’il y avait une forte chance que le Brexit soit approuvé par le peuple britannique, en particulier dans le contexte international du moment et en particulier dans celui de la crise des migrants qui, à mon avis, a pesé extrêmement lourd dans le résultat du référendum.

2. J’ai le sentiment que David Cameron, ce matin, en annonçant sa démission, a décidé de remettre le pouvoir dans les mains d’une autre personnalité de son parti, et qui était pour le Brexit. Le changement de gouvernement annoncé par David Cameron ce matin implique la volonté du gouvernement britannique de s’incliner devant le résultat de ce vote, ce qui est logique compte tenu du résultat et du fait que David Cameron avait fait campagne pour le maintient de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne.

Les acteurs économiques et financiers de la Grande-Bretagne seront un peu déstabilisés par ce résultat

3. Je ne pense pas que l’on puisse faire ce raccourci. Il est vrai que certains partis politiques, et en particulier le Front national, vont surfer sur le résultat de ce référendum pour demander un référendum identique. Si ce n’est que le Front national ne dit pas aux Français que nous ne sommes pas dans la même situation que les Britanniques puisque nous sommes dans la zone euro. Par conséquent si nous sortions de l’Union, ce ne serait pas seulement un rétablissement des frontières, ce que le Front national réclame depuis toujours, mais cela serait aussi la fin de l’union monétaire et de l’union économique et donc probablement un choc beaucoup plus violent pour l’économie française que le choc que vit actuellement le Royaume-Uni suite au Brexit. Malgré tout, on peut penser que ce ne sera pas sans conséquence et que, en tout cas, à court terme, les acteurs économiques et financiers de la Grande-Bretagne seront un peu déstabilisés par ce résultat, comme l’indique l’effondrement des marchés - et ce en particulier du côté de l’Angleterre.

J’ai été agréablement surpris par la maturité des électeurs britanniques

Jacques Sapir, économiste

1. Non, je pensais que le «remain» serait majoritaire en raison de l’émotion suscitée par l’assassinat tragique de la député travailliste Jo Cox. De ce point de vue, j’avoue que j’ai été agréablement surpris par la maturité des électeurs britanniques. Ils ne se sont pas laissés submerger par l’émotion et ils ont voté d’un point de vue politique, ce qui est un témoignage de la bonne santé de la démocratie en Grande-Bretagne.

2. Oui. D’après ce que l’on a pu entendre aujourd’hui ce matin, lors de la déclaration qu’a fait David Cameron. [Mais] après un vote du parlement, car il faut rappeler que si le référendum engage engage moralement le gouvernement britannique, seul un vote au parlement peut l’engager juridiquement, et demander une application de l’article 50 du traité de Lisbonne. L’article 50 permet la sortie d’un pays de l’Union européenne. C’est ce qui se fera dans les prochaines semaines, mais en tout état de cause, cela devrait être fait avant la conférence du parti travailliste qui doit avoir lieu à la fin du mois de septembre ou au début du mois d’octobre.

Ce référendum va changer de manière importante le climat politique dans les semaines à venir en France sur la question de l’Union européenne

3. Logiquement je vous répondrais non, parce qu’il n’y a rien qui impose d’une certaine manière au gouvernement français d’imiter le gouvernement britannique. Mais il est très clair qu’en France, au Danemark et aux Pays-Bas, le succès de l’option «sortir» au référendum britannique va renforcer considérablement la voix de tous ceux qui demandent que l’on tienne des référendums similaires dans leur pays. On peut donc penser que ce référendum va changer de manière importante le climat politique dans les semaines à venir en France sur la question de l’Union européenne.

Le vrai problème aujourd’hui c’est que l’Europe ne fait absolument plus rêver

Thierry Mariani, député Les Républicains

1. Pas du tout. J’avais déjà dit que parce que les peuples choisissent toujours la défense de leur identité et de leurs valeurs plutôt qu’un taux de croissance, le Brexit devrait être retenu. Il ne faut pas oublier qu’en politique les gens servent avant tout à défendre certaines conceptions de leur pays et qu’avoir fait une campagne sur le thème «ça va faire baisser la monnaie, ça va faire perdre un taux de croissance etc.» Ce n’est absolument pas le bon thème. Le vrai problème aujourd’hui c’est que l’Europe ne fait absolument plus rêver, que ce soit les Britanniques ou les Français. Je ne suis donc absolument pas surpris de ce résultat, je l’avais déjà dit il y a cinq jours.

2. Je pense que les autorités britanniques vont prendre en considération ce vote parce que pour moi les Britanniques sont une grande démocratie donc je vois mal comment les autorités britanniques ne pourraient pas prendre en compte ce vote. S’ils ont fait un référendum c’est pour en tenir compte. L’écart est très important et net. Je serai d’abord surpris que le Premier ministre reste en place parce que je vois mal comment David Cameron pourrait rester en place après avoir provoqué ce référendum et fait campagne pour rester dans l’Union européenne donc c’est un non à l’Europe mais aussi à David Cameron. Je vois mal comment on pourrait à la fois ne pas respecter le résultat de ce vote et garder le Premier ministre britannique.

Je souhaite que cela force une immense remise en cause de l’Union européenne, de son fonctionnement et de ses objectifs

3. Non. Je souhaite que l’on reste dans l’Union européenne. Mais je souhaite que l’on reste dans une Union européenne qui soit complètement réformée et qui revienne à ses objectifs originaux. Je suis donc très heureux que la Grande-Bretagne sorte parce que je pense que la Grande-Bretagne n’avait absolument pas les mêmes objectifs que par exemple ceux de l’Allemagne et de la France au moment de la constitution européenne. Je pense que c’est un immense coup de pied au cul, pour toute la Commission européenne qui se moque systématiquement de l’avis des parlements nationaux depuis des années. Je souhaite que cela force une immense remise en cause de l’Union européenne, de son fonctionnement et de ses objectifs.


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