C’est en gros le temps qu’il faudrait au nouveau chef du Parti conservateur et nouveau premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, une fois la relâche estivale close, pour assurer sa survie à Westminster jusqu’au 31 octobre, date de sortie prévue de son pays de l’Union européenne (UE). Il ne serait donc pas surprenant qu’il use du même stratagème que Harper pour éviter d’être renversé du fait de sa volonté de sortir coûte que coûte de l’UE, avec ou sans accord. Quel motif exceptionnel pourrait-il invoquer? Il pourrait arguer que la volonté du peuple britannique exprimée en faveur du «Brexit» risque grandement de ne pas être respectée si le parlement reste ouvert, car les députés de l’opposition et les conservateurs récalcitrants sont nombreux à souhaiter un nouveau référendum, et ils pourraient manœuvrer en coulisse afin de parvenir à leur fin.
Si l’UE le veut bien, rien n’interdirait à Boris Johnson de négocier avec elle tout le temps de la prorogation et de revoir les articles de l’accord conclu avec Theresa May les plus rébarbatifs aux yeux des «Brexiters», articles qui laissent trop de liens entre les deux entités. Si, par miracle, Johnson obtenait un nouvel accord, les députés pourraient être convoqués en Chambre le 30 octobre, tout juste le temps nécessaire pour voter.
La session parlementaire reprendrait le 1er novembre, une fois la sortie de l’UE concrétisée. «BoJo» sortirait alors le champagne français, qu’il paiera vraisemblablement plus cher à l’avenir. Comme le Royaume-Uni entamerait une période difficile avec la sortie de l’UE, économiquement parlant, l’opposition laissera s’enliser le gouvernement afin d’obtenir de meilleures chances de l’emporter aux prochaines élections.
Mais la reine Élisabeth II acceptera-t-elle de se plier à la volonté du premier ministre? Il y a fort à parier qu’elle sera tenue de le faire. Une chose est sûre, à l’instar de Mme Jean au Canada, elle consultera plusieurs experts en parlementarisme britannique avant de prendre sa décision.