Le premier ministre Justin Trudeau a tenu sa promesse de rencontrer ses homologues provinciaux dans les premiers mois de son élection pour concevoir un plan de lutte contre le réchauffement climatique. Bravo ! Il reste à s’entendre sur un tel plan, et surtout à l’appliquer en toute équité.
À Paris, en décembre, les ministres du gouvernement Trudeau n’étaient pas en mesure de présenter une cible autre que celle du précédent gouvernement en matière de lutte contre le réchauffement climatique : celle de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2005. Ce qui sera pourtant bien insuffisant comme contribution canadienne pour limiter à 1,5° C ou même à 2° C la hausse de la température moyenne sur terre, comme le préconise la ministre fédérale Catherine McKenna.
Personne ne s’attendait à ce que la rencontre de jeudi dernier réunissant les premiers ministres du pays à Vancouver se termine par l’adoption d’un plan détaillé. Au cours des dernières semaines, on a bien compris qu’il était trop tard pour imposer une formule mur à mur, comme cette taxe sur le carbone préconisée par M. Trudeau pendant la campagne électorale.
Déjà, le Québec et l’Ontario ont adhéré à la bourse du carbone, une formule par laquelle le gouvernement fixe des cibles de réduction annuelle aux entreprises qui ne peuvent y échapper qu’en achetant aux enchères des droits de polluer vendus par l’État et par les entreprises plus performantes.
La formule a l’avantage de laisser au marché le soin de réguler les émissions à partir de cibles connues qui iront en diminuant dans le temps. En revanche, elle présente l’inconvénient de confier aux gouvernements le soin d’accumuler des centaines de millions de dollars annuellement dans un Fonds vert qu’ils investiront à leur guise, y compris dans des projets aussi contradictoires que la construction d’un pipeline, comme ce fut le cas pour la pétrolière Valero.
L’autre formule, celle d’une taxe sur les produits pétroliers redistribuée sous forme de baisses d’impôt, est déjà en vigueur en Colombie-Britannique et le sera bientôt en Alberta. Elle offre l’avantage de pénaliser la dépense d’énergie sale tout en récompensant le travail.
En revanche, elle ne génère pas de revenus pour les gouvernements qui devront trouver ailleurs l’argent nécessaire au financement de leurs projets.
Malgré l’acceptabilité croissante de ces deux formules, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse y sont toujours opposées.
Comment expliquer alors le consensus obtenu jeudi par M. Trudeau autour de la nécessité de taxer le carbone ? Par la volonté du premier ministre de ne pas brusquer ses homologues, et par le flou artistique qui entoure sa proposition.
Pour Brad Wall de la Saskatchewan, « taxer le carbone » pourra signifier investir dans le captage de CO2 émis par les usines au charbon, alors que pour la Nouvelle-Écosse, les sommes consacrées à la construction de barrages hydroélectriques sont l’équivalent d’une taxe pour réduire les émissions de GES.
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RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
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