Un ami m’a écrit, hier, pour me dire que la triste histoire de la C Series lui fait penser à une femme qui a donné son bébé.
Elle l’a porté pendant neuf mois, mais lorsqu’il est venu au monde après une grossesse difficile, elle s’est rendu compte qu’elle n’avait pas ce qu’il fallait pour s’en occuper et l’élever adéquatement.
Alors elle l’a donné à une femme plus riche. Sans rien demander en retour.
La mère porteuse
Je trouve la métaphore de mon ami amusante et, malheureusement, tout à fait juste.
Pour aller dans le même sens, on pourrait dire que maman Bombardier était stérile, et que si elle a pu accoucher de la C Series, c’est parce que le gouvernement a investi 1,3 milliard de dollars de fonds publics dans le développement d’une nouvelle méthode de procréation médicalement assistée.
En fait, la gestation de ce bébé a coûté 7,7 milliards de dollars en frais de toutes sortes !
Et lorsque le bébé a finalement vu le jour, on l’a donné à Airbus pour qu’elle l’élève !
Qu’est-ce que cela a coûté à Airbus pour avoir ce beau poupon en pleine santé ? Rien, « nothing », « nada ». Pas une maudite cenne.
Habituellement, les mères porteuses qui décident de « fabriquer » un bébé pour autrui se font payer. Mais dans ce cas-ci, c’est la mère porteuse qui a déboursé tous les frais, de la conception à la naissance dans une usine de Mirabel.
La nouvelle maman n’a même pas eu à se déplacer, on lui a livré le bébé à son domicile, dans un beau landau doré.
Et vous savez quoi ? Ce n’est pas tout...
La mère adoptive, Airbus, a décidé de changer le nom du bébé !
Elle trouvait que « C Series » sonnait mal. Selon certaines sources, elle va probablement l’appeler A200.
Gestation pour autrui
On dit que le père du bébé, Laurent Beaudoin, a eu un pincement au cœur lorsqu’il a donné son poupon.
Et que dire des contribuables qui ont vu leur investissement s’envoler ?
On a investi 1,3 milliard de dollars dans une nouvelle méthode de procréation, et quand le bébé finit enfin par se montrer le bout du nez, après avoir échappé de justesse à une fausse couche et à un accouchement par le siège (sans oublier une tentative d’avortement forcé de la part du géant américain Boeing), on le donne !
On coupe le cordon qui le reliait à sa mère biologique, on lui donne une petite tape dans le dos, on le lave et on le donne à Airbus !
Avec le berceau, les vêtements, les biberons, la poussette dernier cri, les couches, le moniteur vidéo, le certificat de naissance, le fric qu’on avait mis de côté pour ses études — tout le kit !
Je sais que la générosité du Québec est légendaire, mais il y a une limite.
Avoir su que cette histoire se terminerait de cette façon, pas sûr qu’on aurait accepté de se lancer dans l’aventure...
On aurait dit à Bombardier : tu veux accoucher d’un avion C Series ? Débrouille-toi toute seule.
Je ne sais pas pourquoi on dépenserait 1,3 milliard de notre argent pour enrichir une bourgeoise française qui vit à Toulouse...