Bienvenue en Absurdistan

Qui trop embrasse mal étreint

Tribune libre

Comme l’exprime fort à propos Sophie Durocher dans son billet du 10 avril intitulé « Guy Nantel et la nonocratie » dans Le Journal, je me suis demandé, en visionnant le clip viral de l’humoriste, si je devais en rire ou en pleurer. Des étudiants manifestant dans la rue contre l’austérité alors qu’ils ne connaissent même pas sa définition, voire même son orthographe où les accents sont littéralement confondus.

D’autres hésitant longuement sur le nom du premier ministre du Québec ou sur celui du fondateur de Montréal, et toute cette farce en esquissant un sourire béat et sans aucune gêne manifeste. On aurait cru assister à une comédie montée de toutes pièces. Mais non, l’ignorance crasse trônait telle une normalité qu’on pouvait étaler au grand jour sans complexe. On pourra toujours alléguer que Guy Nantel a choisi les pires réponses à ses questions, il n’en demeure pas moins que son clip regroupait 13 étudiants sur 15 rencontrés, une moyenne, pour le mois, plutôt élevée!

Toutefois, derrière ce cirque inculte émane une autre vérité plus cruelle encore, à savoir une crédibilité fortement entachée par ces étudiants relativement à la « cause » qu’ils défendent. En réalité, rien pour mobiliser qui que ce soit mais tout au contraire, le goût de leur suggérer de retourner sur les bancs d’école au lieu de jouer maladroitement aux adultes…En attendant, pour utiliser le néologisme de Sophie Durocher, bienvenue en Absurdistan!


Qui trop embrasse mal étreint

Le dernier sondage Léger, mené par Le Devoir, révèle que six Québécois sur dix condamnent le mouvement de grève étudiant, et cela avant les événements du 8 avril à l’UQAM. Sans être un expert stratégique en conflit, j’ai l’impression que ce déni de la population face aux revendications étudiantes émane principalement du fait que la cause qu’ils attaquent, à savoir l’austérité, ratisse trop large.

À mon point de vue, les étudiants devraient concentrer leurs énergies sur les conséquences des coupures proposées par le gouvernement Couillard en éducation, et laisser aux autres secteurs de travailleurs les causes qui les concernent. De cette façon, un front commun chapeauté par l’austérité pourrait prendre forme en temps opportun, à savoir au moment des négociations dans le secteur public à l’automne.

En attendant, les étudiants auraient avantage à élaborer les motifs de leurs revendications dans leur champ d’application et les étaler aux yeux de la population qui pourrait porter un œil plus éclairé sur l’ensemble du conflit et qui sait, faire preuve d’une certaine sympathie envers le mouvement étudiant. En clair, comme dirait le vieil adage, « qui trop embrasse mal étreint.»

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Henri Marineau2089 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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8 commentaires

  • Jean Gilles Répondre

    12 avril 2015

    Le couronnement de "la démocrassetie" au cégep du Vieux Montréal: le rejet de la liberté de la presse.
    Vendredi, les radicaux ont obligé les journalistes à sortir du cégep. Pour éviter des débordements, la direction du cégep a cru bon céder aux exigences de "ces terroristes"! On est rendus loin!
    Mieux encore, ils ont intimidé les journalistes à l'extérieur.
    Ces "terroristes" utilisent la procédurite pour arriver à leurs fins. Ce qui fait que la majorité des étudiants ne se présentent même pas pour voter. Quelque 1 000 étudiants présents sur une population d'environ 6 000.

  • Henri Marineau Répondre

    11 avril 2015

    En tant que porte-parole officieux de la crise qui sévit actuellement contre l’austérité du gouvernement Couillard, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante [ASSÉ] m’apparaît avoir perdu le contrôle sur la situation et, pire encore, ne pas avoir réussi à mobiliser une majorité d’étudiants à sa cause.
    Les actes de vandalisme perpétrés dans les locaux de l’UQAM la semaine dernière démontrent à quel point le conflit a dégénéré en violence inacceptable contre les forces policières. Une situation dénoncée par six Québécois sur dix dans un dernier sondage mené par la firme Léger.
    À mes yeux, les fédérations étudiantes universitaires et des cégeps doivent prendre le contrôle de la situation à commencer par un appel au calme et un réalignement stratégique axé sur la négociation avec le gouvernement en ce qui a trait aux conséquences des coupures proposées en éducation.
    C’est seulement dans ces conditions que les Québécois pourront comprendre les raisons qui justifient une telle attitude de la part des étudiants, via leurs associations, et, qui sait, se ranger derrière les revendications des étudiants. En attendant, la population, voire même une forte partie des étudiants, semblent se lasser de l’ASSÉ qui doit se sortir de l’arène pour le plus grand bien de la démocratie au sein des fédérations étudiantes.

  • Henri Marineau Répondre

    11 avril 2015

    Un texte qui mérite réflexion...
    http://actualites.sympatico.ca/nouvelles/blogue/quebec-suicide-a-petit-feu

  • Jean Gilles Répondre

    11 avril 2015


    Ci-dessous, une partie des recommandations de la Commission Ménard.
    Vote secret
    http://www.journaldemontreal.com/2015/04/06/le-quebec-pourrait-revivre-une-crise-sociale-croit-menard
    Pour se sortir de ce cul-de-sac, le droit de grève devrait être reconnu aux étudiants, affirme M. Ménard, mais à condition que le vote soit secret et «précédé d’une assemblée à laquelle tous sont convoqués».
    «Donnez ce pouvoir aux étudiants et je suis convaincu que la majorité n’en abusera pas», martèle-t-il.
    Si la loi était clarifiée de cette façon, les tribunaux reconnaîtraient les votes de grève et les injonctions n’auraient plus lieu d’être.
    Aussi, le vote secret réduirait le pouvoir de ceux qui veulent manipuler les assemblées, explique-t-il.«La grève, c’est le recours ultime. Pour le recours ultime, à mon avis, il faut le vote secret.»
    La situation actuelle est toutefois différente de celle de 2012, car les revendications anti-austérité sont moins précises, estime-t-il.
    «On va négocier avec qui? On va négocier quoi?» se demande M. Ménard.

  • Jean Gilles Répondre

    11 avril 2015

    Je conclus sur l'ASSÉ. La semaine dernière, les dirigeants de l'ASSÉ ont osé recommander de reporter le grèvage à l'automne. Ils ont été destitués.
    L'ASSÉ nuit au mouvement étudiant en raison de sa lourdeur et de son mode anarchiste.
    Les représentants ne sont que des perroquets: ils ne représentent qu'eux-mêmes!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 avril 2015

    Où était Guy Nantel quand ces étudiants se sont exprimés?
    [->https://www.facebook.com/video.php?v=866027300129215&pnref=story]
    ==========
    Seulement 40% appuient le mouvement de grève étudiant. C'est justement avec ce pourcentage d'appui que le PLQ dirige le Québec à la façon d'un dictateur.
    Si on prend en compte tous les citoyens qui étaient sur la liste électorale, le "grand sondage" d'avril 2011 a donné 30% d'appui au PLQ.
    Un autre sondage vient d'être publier, où le gouvernement du PLQ aurait maintenant un appui majoritaire dans la population. Donc, couper dans les services à la population fait augmenter son niveau de popularité. Apparemment, il n'y a pas que les étudiants qui ne savent épeler le mot "austérité".

  • Jean Gilles Répondre

    11 avril 2015

    A l'UQAM: les 3/4 des étudiants n'ont pas voté pour la grève. Comment accepter qu'une minorité brime une majorité?
    Le cas du cégep du Vieux Montréal illustre la nécessité d'encadrer la "démocrassetie"
    qui s'y exerce: manipulations, intimidations. Seulement 1 000 étudiants présents à l'assemblée alors que le cégep compte quelque 6 000 étudiants.
    Comment accepter ces "courageux masqués" qui imitent parfaitement les terroristes de l'État islamiste?

  • Jean Gilles Répondre

    11 avril 2015

    Il y a eu la Commission Ménard, suite aux évènements de 2012. Cette Commission a étudié le dossier et fait d'excellentes recommandations. Cela a coûté 800, 000$.
    Couillard et sa ministre Thériault ont tabletté le tout.
    48 cégeps demandent à Québec d'encadrer le tout.
    http://www.lapresse.ca/actualites/education/201504/10/01-4860068-48-cegeps-demandent-dencadrer-la-democratie-etudiante.php
    Le recteur de l'UQAM a fait la même demande.
    Comment négocier avec des gens qui manifestent contre l'austérité et les hydrocarbures?
    L'ASSÉ est un non sens qui mène à l'anarchie. Comment négocier avec les représentants de l'ASSÉ? Négocier avec l'ASSÉ=négocier avec la rue. Leurs représentants ne représentent qu'eux-mêmes!