Il n’est pas aussi facile qu’on peut le croire d’être conservateur dans la région de Québec.
Cela m’a traversé l’esprit lundi, en quittant le restaurant Normandin de Neufchâtel (le premier de la chaîne), où je venais de dîner avec Gérard Deltell, candidat conservateur dans Louis-Saint-Laurent.
Son regard presque inquiet sur ses pancartes électorales semblait me le confirmer.
N’oublions pas, s’était-il emporté un peu plus tôt devant sa pizza, qu’après les élections de 2011, la Rive-Nord de Québec n’avait élu aucun conservateur!
«On ne tient donc rien pour acquis», répète-t-il. Dans le passé lointain, les gens de Québec ont voté Bloc ; et plus récemment NPD, puis libéral.
Reste que les prévisions sont excellentes pour l’instant : avec 16,72 % des voix au Québec, en 2015, le PC est allé chercher 12 députés. Or, actuellement, les sondages les placent à 21 % au Québec. (À quasi-égalité avec le Bloc, qui n’est toutefois jamais une menace à Québec.)
Le facteur Maxime
Pas très loin de Québec, cette fois-ci, il y a «Maxime».
Maxime Bernier, ancien conservateur qui a fondé le Parti populaire qu’il a positionné à droite du PC.
C’est lui qui a ramené le thème de l’avortement dans le débat. Les libéraux l’ont exploité à fond.
Cela a-t-il nui au PC? Deltell cherche à éviter la question.
Dans les rangs conservateurs, les gens ont le «droit de s’exprimer», note-t-il, mais un gouvernement Scheer ne reviendrait certainement pas en arrière. Pas plus que sous Harper.
N’empêche, l’épisode a instillé une certaine nervosité dans les rangs conservateurs. «Maxime», on aimerait mieux ne pas en parler du tout.
«Opinion»
Or, il y a le thème envahissant, surtout cette semaine, des changements climatiques.
Et lorsque je demande à Deltell si Bernier, qui soutient que l’humain n’a rien à voir avec l’inquiétant phénomène, est «dans le champ», il soutient que «chacun a le droit à son point de vue. Moi je respecte les opinions de tout le monde.»
Sauf qu’ici, évidemment, nous ne sommes pas dans le domaine des opinions. Une quasi-totalité de la communauté scientifique conclut qu’il s’agit d’un phénomène d’origine humaine.
Deltell réplique sans condamner la position de son ancien collègue et rappelle que dans le plan conservateur déposé en juin, il est écrit noir sur blanc que «l’humain a une part à jouer là-dedans et que l’humain doit jouer une part pour réduire les émissions de gaz à effet de serre».
Gérard Detell a manifestement plus de plaisir à répliquer à l’ancien maire du Plateau Mont-Royal Luc Ferrandez, qui soutenait dimanche à Tout le monde en parle que le troisième lien était «le pire projet de transport de l’Occident».
Le candidat conservateur, dont le parti a promis d’«accompagner» le gouvernement du Québec s’il se lance dans cette aventure, ironise : «Tous les Montréalais ont le droit de savoir ce qui est bon pour les gens de Québec, c’est ça!»