ÉDITORIAL

Baisse d’impôt de 1 milliard: une manne électoraliste

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Grossière indécence fiscale

Le gouvernement Couillard a fait un choix : plutôt que de hausser de façon significative les dépenses en santé et en éducation, il consacre une bonne part des surplus récurrents qu’a dégagés le trésor public à réduire l’impôt des contribuables. Après l’austérité des premières années du mandat, le scénario se déploie comme du papier à musique en cette année électorale…



En juin dernier, le ministre des Finances Carlos Leitão jonglait avec un surplus, qu’il qualifiait d’imprévu, de l’ordre de 2,5 milliards. Les Québécois préfèrent avoir des services publics mieux financés, avait-il affirmé en substance à des journalistes dans une conférence téléphonique ; le gouvernement ne s’engage pas à alléger davantage leur fardeau fiscal, avait-il ajouté.



Aujourd’hui, son point de vue n’est manifestement plus le même. Il annonce une baisse d’impôt de près de 1 milliard et le versement de 100 $ par enfant pour l’achat des fournitures scolaires, ce qui représente un débours annuel d’un peu plus de 100 millions.



En jouant savamment avec les chiffres, Carlos Leitão parvient même à affirmer que le gouvernement Couillard respecte l’engagement électoral de 2014 qui était de consacrer la moitié des surplus amassés à des baisses d’impôt. Il y arrive en ajoutant à sa prodigalité de 1,1 milliard annoncée mardi des réductions déjà consenties, notamment l’abolition de la taxe santé, qui représente quelque 750 millions. Ainsi, il s’agirait d’une réduction de 2,3 milliards par an contre des surplus de 4,7 milliards dégagés en deux ans, et ce, après le versement annuel de plus de 2 milliards au Fonds des générations.



En fait, les surplus que ne cesse de dégager le gouvernement Couillard donnent des munitions à ceux qui l’accusent d’avoir trop sabré durant les deux premières années de son mandat. Il ne faut pas oublier qu’il a freiné sévèrement la croissance des dépenses, ce qui a commandé des compressions dans les grandes missions de l’État que sont la santé et l’éducation. Les surplus ne sont pas dus à une exceptionnelle croissance des revenus de l’État, mais bien à des dépenses tenues en laisse.



En fait, la stratégie des libéraux rappelle l’histoire de cet homme qui se plaignait, la journée durant, d’avoir mal aux pieds. Et pourquoi ? Parce qu’il portait des souliers trop petits, disait-il. Alors, pourquoi portait-il des souliers trop petits ? Parce que c’est un tel bonheur pour lui quand, en soirée, il enlève enfin ses souliers. Après l’austérité, il est vrai que ce léger allégement fiscal fait l’effet d’un baume.



En revanche, la mise à jour ne laisse que des miettes à la santé, à l’éducation et à la famille. Le ministre Gaétan Barrette pourra disposer de 105 millions pour l’année en cours pour faire des annonces dans des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et des hôpitaux. Quant au réseau d’éducation et à celui des garderies, ils devront se contenter de 24 millions. C’est bien peu en regard de budgets combinés qui dépassent les 55 milliards. Mais au moins, d’une façon générale, la croissance des dépenses, de l’ordre de 4,6 %, n’est plus maintenue à un niveau où il faut réduire les services. Il faudra attendre le prochain budget pour constater quelle amélioration l’actuel gouvernement acceptera d’apporter aux services publics, notamment en santé où les hausses de rémunération consenties aux médecins ont englouti des milliards qui auraient pu s’avérer fort utiles pour financer des soins à domicile, entre autres.



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