Depuis quelques années et surtout actuellement, beaucoup de spécialistes et d’organisme nous annoncent l’arrivée de grands changements dans le mode de production des biens et des services. Avec l’utilisation exponentielle des nouvelles technologies, la part du travail humain diminuera drastiquement au cours des prochaines années. Pour demeurer concurrentielles, les entreprises devront obligatoirement automatiser leurs procédés de fabrication et leurs services.
Si l'on considère qu’actuellement, une grande partie des revenus des individus provient du travail, d'importantes difficultés économiques sont à prévoir. En effet, les travailleurs rémunérés sont aussi les clients qui achètent les biens et les services produits directement ou indirectement par les entreprises. Ces clients sont un élément essentiel à la rentabilité du fonctionnement des entreprises. Pas de clients, pas d’entreprises !
Comme on peut l'anticiper pour les prochaines années, le travail rémunéré est appelé à diminuer de façon importante. Pour que nos entreprises puissent survivre, il faudra que le revenu de leurs clients soit de moins en moins dépendant d’un travail rémunéré. Comment alors arriver à dissocier progressivement le revenu disponible du travail rémunéré? Une avenue possible est de fournir un revenu minimum à chaque individu sans qu’il doive effectuer un travail pour se le procurer. C’est ce qu’on appelle le revenu minimum garanti. Les entreprises pourront ainsi avoir les clients disposant des revenus, si essentiels à leur existence.
Maintenant, comment pourra-t-on financer ces nouvelles dépenses ? Dans un premier temps, on pourrait remplacer tous les programmes d’aide aux individus par un versement inconditionnel à chaque adulte, réduisant ainsi les importants coûts administratifs des nombreux services actuels. Ces versements seront imposables, donc ils diminueront en proportion des revenus des contribuables. Les entreprises auront intérêt à ce que leurs clients disposent de revenus suffisants pour se procurer les biens qu'elles produisent, car leur existence en dépend.
Il faudra aussi trouver un moyen pour s’assurer qu’une part des gains de productivité générée par l’automatisation soit attribuée au financement du programme de revenu minimum garanti. Les entreprises pourraient s'y opposer, mais si elles acceptent facilement de débourser les sommes nécessaires à l’entretien de leurs équipements et de leurs locaux, de la même façon, elles devront avoir la même préoccupation pour que leurs clients disposent des revenus suffisants, sans quoi elles vont régresser ou disparaître.
Quelles sont les principales objections à ce type de solution :
Cela encouragera la paresse et l'oisiveté ! C'est peut-être vrai pour certains, mais pour d'autres ce sera l'occasion de réaliser des rêves qui apporteront une grande richesse à la société. Beaucoup des retraités sont très actifs et effectuent gratuitement de nombreux travaux d'une valeur incalculable. On peut aussi mentionner l'exemple de l’encyclopédie Wikipédia, qui n'existe que grâce au travail contributif de très nombreux bénévoles.
Actuellement, il y a un grand nombre d’emplois non comblés qui pourraient l'être par les individus sans travail ! Il est peu probable que beaucoup d'emplois stables et bien rémunérés soient à portée de la formation et des capacités des chômeurs, par contre on peut leur offrir beaucoup emplois pénibles, précaires et peu rémunérés par exemple, cueilleurs de fruits et légumes. Veut-on offrir des métiers de cueilleurs comme avenir à notre jeunesse ? Ne serait-il pas préférable d'automatiser ces travaux?
Ces solutions sont des utopies irréalisables ! Le projet d'Alphonse Desjardins au début du 20e siècle semblait aussi utopique à ses contemporains, malgré cela, ce visionnaire a créé une des plus importantes entreprises du Québec, il pourrait nous servir d'inspiration.
Créer des emplois rémunérés devrait être plutôt notre objectif ! Ces nouveaux emplois vont sûrement servir à produire d'autres biens. N'est-on pas inondé actuellement de biens plus ou moins utiles qui encombrent nos sites d’enfouissement de déchets? Au siècle dernier, face à l'arrivée de l'ère industrielle, le « retour à la terre » semblait aussi être une bonne idée.
En conclusion, devant l'avancée fulgurante de l'automatisation, on n'a pas le choix de trouver des solutions nouvelles, même si elles vont bouleverser nos croyances et nos habitudes. Au début des années soixante, des visionnaires ont révolutionné et modernisé la société québécoise et l'on en profite actuellement. De nouveau, il faudra voir loin et préparer l'avenir.
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2 commentaires
Simon Garneau Répondre
13 février 2016M. Gauthier je vous remercie de vos commentaires.
Je suis bien conscient que ces solutions sont un premier pas vers des mesures plus globales, mais le temps presse, car la réalité nous rattrape très rapidement.
Le système actuel n'a pas le choix de s'adapter au changement prévisible à court terme sans quoi il va périr comme bien d'autres avant lui.
Richard Gauthier Répondre
12 février 2016Vous dire que votre réflexion est porteuse serait inutile. C’est simplement brillant! J’ai tenté du mieux possible d’apporter des éléments nouveaux à votre réflexion. Me vient une seule idée qui pourrait enrichir la vôtre, peut-être?
Une des préoccupations principales de ceux qui veulent garder un tant soit peu une paix sociale est : de réajuster la distribution de la richesse, car on sait que les «riches» ne pourront qu’être plus riche dans le système actuel. Et pourtant, il ne s’agit pas de faire une révolution et de se ramasser avec un dictateur, mais bien de corriger le système actuel.
Baser le revenu minimum garanti seulement sur des contributions venant des revenus imposables est injuste envers l’injustice provoquée par le capitalisme explosif qui a produit le 1%. Ne pourrait-on pas tenter de rétablir cette injustice du capitalisme – pour le sauver – en prélevant une taxe sur les avoirs dépassant un seuil acceptable?