C’est massivement que les travailleurs de tous les secteurs du public sont descendus dans les rues, convergents de toutes les régions du Québec vers Montréal. Nous y étions avec bannière et tracts destinés à y exprimer notre solidarité comme parti communiste. L’accueil exprimait une certaine curiosité, mais était aussi heureux.
Une telle manifestation de 150,000 salariés devrait inquiéter les Libéraux qui ont très peu commenté devant l’opposition de rue si massive.
J’en profite pour vous faire part d’une réflexion à la suite d’une brève conversation avec Amir Khadir de Québec solidaire que j’ai mise sur papier au moment du retour à Québec en autobus.
Comme pour les plaies d’Égypte, on multiplie, dans certains milieux à gauche, les pronostics d’une catastrophe annoncée si Pierre Karl Péladeau gagne son pari de relancer le mouvement indépendantiste jusqu’à son pleine épanouissement.
Ce serait, selon eux, la condamnation inévitable à un long règne du patronat sur la Québec. On n’ose pas imaginer, qu’après la conquête démocratique par le peuple québécois de sa liberté, le mouvement restera insatisfait et ne s’arrêtera pas sur le seuil de plus grandes avancées tant du point de vue politique que de celui des progrès sociaux.
De la sorte, on parle comme si le mouvement se trouvait à jamais dominé par la bourgeoisie parce qu’un patron, qui a pourtant trahi sa classe, se positionnait en faveur d’un mouvement émancipateur pour le Québec.
On nie, par le fait même, au mouvement son caractère de classe qui ne soit pas celui des classes dominantes.
Pour se libérer d’un pays impérialiste comme le Canada, les travailleurs québécois ont besoin de regagner confiance dans « leurs propres forces » et de garder en tête que l’indépendance est le passage obligé vers des progrès démocratiques qui les mèneraient aux portes du socialisme.
Notre programme rend compte de ce cheminement vers le socialisme en associant émancipation sociale et émancipation politique vers un « pouvoir ouvrier » dont nous exposons les détails dans notre programme (www.pcq.qc.ca).
On parle ainsi, dans un certain courant de la gauche québécoise, comme si à chaque déploiement des forces ouvrières les reculs imposés par le patronat seraient voués à un « back-lash » inévitable.
Que ce soit en sécurité santé ou pour les garderies, par exemple, les tentatives d’imposer des retours en arrière par certains partis bourgeois, comme l’ADQ, puis la CAQ et les Libéraux, se sont butées à une résistance de masse qui se traduit maintenant par une mobilisation sans précédent pour sauver écoles et hôpitaux des menaces des Libéraux.
Il y a place cet automne à une riposte à l’austérité massive et fondée sur une grève générale du type de celle du Front Commun en 1972.
Les sociaux-démocrates à la tête des syndicats au Québec mettront-ils de l’avant auprès de leurs membres la mobilisation et les moyens nécessaires au passage à un mouvement subversif de nouveaux acteurs politiques dans le ciel tranquille du Québec éprouvé par les Libéraux ? Malgré le scepticisme de certains, tout semble se mettre en place, des sommets à la base, pour que le mouvement syndical prenne ses responsabilités sociales et politiques.
C’est une perspective qu’on doit envisager comme la plus probable compte tenu de la volonté de plusieurs sociaux-démocrates, de gauche comme de droite, de renouveler leurs discours dans l’objectif de mettre en branle des mouvements de masse qui s’attaquent à l’influence du néolibéralisme sur le projet d’austérité des Libéraux.
À un moment donné l’action doit suivre les discours et la convocation des salariés à se faire acteurs politiques de leur destin ne peut plus être retardée.
Les partisans de la catastrophe appréhendée dans un Québec indépendant ont aussi tendance, par les temps qui courrent, à adopter le discours qui avertit Couillard d’une crise sociale majeure s’il ne fait pas de concessions au mouvement national engagé dans une lutte à finir entre lui et les Québécois.
Elle évoluera cependant dans un sens plus responsable chez les directions syndicales si on ne revient pas devant les membres avec des concessions de leur part qui serviraient d’alibi à des concessions supérieures des syndiqués.
À la manière dont les choses évoluent, une victoire certaine semble se préparer : celle de la maturité politique des salariés du Québec auxquels se sont associés des parents excédés par les menaces à l’école publique. C’est sans contredit une riposte populaire aux conséquences encore imprévues sur la conception néolibérale, ou libérale tout court, pour gérer l’État québécois tout en assurant la collusion fédéraliste.
Affrontant les Libéraux, par trop canadiens, sur plusieurs fronts, les salariés québécois du secteur non-marchand devraient être en mesure, après leur victoire, de faire la part des choses entre liberté et soumission, entre l’avenir d’un Québec sûr de lui et un autre qui hésite encore ... même à gauche !
Au total, si on additionne le nombre total de syndiqués et de syndiquées oeuvrant dans le secteur public, cela donne le chiffre de 500 000.
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