D’entrée de jeu, je voudrais que vous sachiez que je suis entièrement d’accord avec votre cause, à savoir la déclaration d’un moratoire sur la hausse des droits de scolarité.
Étant moi-même père de deux filles qui, heureusement, ne sont plus sur les bancs d’école, je peux facilement comprendre votre inquiétude lorsque votre enfant, s’étant rangé du côté des « rouges », part de la maison pour se rendre à une manifestation qui risque de dégénérer, comme nous l’avons constaté dernièrement, en des actes de représailles inacceptables et dangereux de la part des forces policières.
À mon sens, les associations étudiantes ont tenu, depuis le début de ce conflit, un discours cohérent qui, dès le départ, aurait dû conduire à des discussions avec le gouvernement Charest.
Toutefois, force nous est de constater que la ministre de l’Éducation, appuyée en cela du premier ministre, à préféré jouer la carte de la confrontation avec les étudiants, une attitude qui a conduit à la situation désastreuse que nous connaissons aujourd’hui.
Face à ce cul-de-sac, disons-le, provoqué par le gouvernement, il serait illusoire de penser que les étudiants vont retourner « docilement » en classe en attendant qu’une commission, majoritairement formée de cadres universitaires mandatée pour étudier les possibles compressions dans leur propre style de gestion, fasse des « recommandations » à la ministre sur ces « compressions » qui pourraient éponger l’effet de la hausse des droits de scolarité.
En conséquence, vous avez entièrement raison de viser le premier ministre comme étant le seul mandataire officiel pour décréter une trêve sur la hausse des droits de scolarité et constituer immédiatement une commission parlementaire spéciale ou des états généraux sur l’éducation supérieure au Québec, en y incluant dans leur mandat les droits de scolarité et le financement et la gestion des universités.
Après tout, c’est Jean Charest lui-même qui déclare dans son autobiographie : « Je dis souvent qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité des gouvernements de se tromper. […] S’il y a une chose qui me fait frémir, c’est quand j’entends des gens dire : « Après tout, c’est le gouvernement ; ils doivent savoir ce qu’ils font. » Il ne faut jamais présumer qu’ils savent ce qu’ils font. »
Le printemps 2012 ne peut pas rester lettres mortes dans les annales de l’histoire de la société québécoise…nos jeunes nous ont démontré hors de tout doute une force de conviction inébranlable devant les controverses suscitées par les politiques néolibérales plaçant en priorité les intérêts des classes dirigeantes au détriment de l’intérêt commun qui, dans le cas présent, réclame l’admissibilité de tous les Québécois à des études supérieures, un droit fondamental acquis dans les Chartes des droits et libertés de la personne.
Finalement, je terminerai avec la dernière phrase tirée du manifeste que vous avez publié dans divers médias et que j’ai le goût de placer dans la bouche des étudiants :
« Le CARRÉ BLANC parce qu'on a mis des jeunes au monde et qu'on devrait peut-être les écouter ».
Henri Marineau
Québec
Aux parents porteurs du carré blanc
Tribune libre
Henri Marineau2101 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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