L’Unité permanente anticorruption (UPAC) et la Couronne subiront un autre test important à partir d’aujourd’hui, alors que le deuxième procès de l’entrepreneur en construction Tony Accurso doit débuter à Laval.
Accurso est accusé d’avoir participé à un vaste stratagème de corruption dirigé notamment par l’ex-maire Gilles Vaillancourt. Son premier procès dans cette affaire a avorté à la toute fin et de façon inattendue l’automne dernier.
Depuis, deux autres procès hautement médiatisés pour corruption, dans des dossiers différents, se sont soldés par des acquittements.
D’abord, le 6 février dernier, ce même Tony Accurso a été blanchi des soupçons qui pesaient contre lui à Mascouche.
Le juré n’a pas retenu la thèse voulant que l’entrepreneur ait tenté d’influencer l’ex-maire de Mascouche Richard Marcotte en lui signant un chèque de 300 000 $. Accurso, avec un large sourire, s’était déclaré « très » soulagé de ce verdict.
Puis, la semaine dernière, six coaccusés dans le scandale du Faubourg Contrecoeur, à Montréal, ont été acquittés.
L’ex-numéro deux de la Ville de Montréal, Frank Zampino, et l’entrepreneur Paolo Catania étaient notamment accusés de fraude et d’abus de confiance, mais la preuve présentée par la Couronne a été jugée insuffisante par le juge Yvan Poulin.
Ce dernier a déclaré qu’« un verdict [...] doit reposer sur des faits tangibles et concrets plutôt que sur des possibilités, des probabilités ou des impressions ».
À Laval, au cours des six semaines à venir, le DPCP aura donc une autre chance de soumettre au test de la justice une preuve de corruption alléguée.
Joint au téléphone, son porte-parole Me Jean-Pascal Boucher n’a pas voulu commenter la stratégie que compte adopter le ministère public, « par respect pour le processus judiciaire ».
La directrice s’explique
Sa patronne Annick Murphy, directrice du DPCP, a par contre défendu son organisation samedi dans une lettre ouverte publiée dans La Presse+.
Elle s’est dite « sensible aux commentaires ainsi qu’aux différentes réactions des derniers jours », mais a rappelé que ses procureurs n’ont « souvent aucune idée des explications qui seront apportées par l’accusé lors du procès ».
« Un système de justice n’échoue pas lorsqu’un verdict d’acquittement est rendu », a-t-elle plaidé.
Tony Accurso, 67 ans, fait face à cinq chefs d’accusation dans le dossier de Laval, dont corruption dans les affaires municipales, fraude de plus de 5000 $ et complot. La sélection du jury débute aujourd’hui.
Lors de son premier procès, l’entrepreneur s’était dit innocent et avait déclaré que son subalterne Joe Molluso lui avait caché pendant 15 ans qu’il remettait une ristourne de 2 % en argent comptant sur les contrats obtenus par ses firmes à Laval.