Depuis les débuts du scandale Murdoch, le premier ministre britannique, David Cameron, était parvenu à passer entre les gouttes de pluie. Ce n'est plus le cas. Il aura fallu que des hauts dirigeants de Scotland Yard démissionnent et que ses liens étroits avec les proches de Rupert Murdoch soient exposés pour qu'il soit désormais sur la sellette.
C'est au chef de Scotland Yard, Paul Stephenson, que revient la palme de la surprise. C'est lui en effet qui, lors de son discours de démission, a planté les piques de l'embarras dans la carapace politique du chef du gouvernement britannique en soulignant qu'il n'avait pas informé ce dernier des liens professionnels qu'avait entretenus la hiérarchie policière avec un cadre supérieur de News Corp, propriété de Murdoch, à cause des relations que Cameron avait avec Andy Coulson, ex-patron du News of The World. Celui-ci fut nommé porte-parole du cabinet Cameron et a conservé ce poste jusqu'à ce qu'il soit dans l'obligation de quitter le navire au début de l'année. Accusé d'avoir couvert le piratage téléphonique lorsqu'il était salarié de Murdoch, Coulson est actuellement en liberté surveillée.
Hier matin, c'était au tour du numéro deux de Scotland Yard, John Yates, de remettre sa démission après une avalanche de critiques le concernant. On lui reproche d'avoir limité délibérément une précédente enquête sur les agissements de News Corp, qu'on sait aujourd'hui vicieux, totalement dénués d'éthique. On lui fait également grief d'avoir utilisé les services de conseils en communications d'un ex-dirigeant de News of The World. Bref, ses actes confirment, comme si besoin était, une alliance étroite entre les policiers et la partie la plus sombre de l'empire Murdoch.
En même temps que ces départs inattendus, un coup de massue a été asséné à la tête de l'empire en question mais également à Cameron. Rebekah Brooks, grande patronne de News Corp jusqu'à vendredi dernier, protégée de Citizen Murdoch et amie du premier ministre, a été arrêtée et interrogée pendant des heures et des heures. Elle est accusée d'avoir trempé dans l'histoire des écoutes interdites et d'avoir donné son aval à la rétribution de policiers contre des informations sensibles.
Cette cascade de démissions, d'arrestations — 10 jusqu'à présent — de copinages entre les uns et les autres donne l'impression, pour ne pas dire plus, que, lorsque l'ombre de Murdoch et les affaires de celui-ci sont dans les parages, Cameron manque singulièrement de discernement. Un, pour complaire à Murdoch et s'assurer de son soutien durant la dernière campagne électorale, Cameron a nommé Coulson patron des communications. Deux, une fois élu, il en a fait son porte-parole, alors que sa réputation avait été passablement ternie par l'histoire d'espionnage téléphonique. Ce n'est pas tout.
Grâce aux journalistes de The Guardian, encore eux, on sait aujourd'hui qu'après le dévoilement, en décembre dernier, de l'opposition du ministre chargé des communications au projet d'acquisition de toutes les actions de BSkyB par Murdoch, Brooks est intervenue auprès de son ami Cameron pour défendre les intérêts de son ami Murdoch. Après quoi, un changement de posture a été observé à l'avantage de Murdoch. Cette somme de petits arrangements entre copains, qui sont par ailleurs des puissants, est la mise en relief de ceci: l'oligarchie s'est installée à demeure sur les rives de la Tamise.
L'affaire Murdoch
Au tour de Cameron
l'oligarchie s'est installée à demeure sur les rives de la Tamise
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