Ainsi donc Lorraine Pintal, la directrice du Théâtre du Nouveau Monde, serait une « marchande d’esclaves » en mettant à l’affiche Betty Bonifassi, une blanche qui chante des chants d’esclaves dans le spectacle de Robert Lepage.
Ce courant de pensée, qu’on appelle l’appropriation culturelle, nous vient des États-Unis. Terminée l’appartenance à une majorité. Nous ne faisons plus partie d’un grand tout. Les Noirs seuls doivent parler des Noirs, les autochtones sont les seuls à comprendre leurs problèmes, les hétéros ne peuvent plus écrire sur les homosexuels, seules les femmes sont autorisées à décrire leurs menstruations, les célibataires n’ont pas leur mot à dire sur la maternité et la paternité et l’on peut continuer à l’infini cette liste de démence sociale.
Les pièces de Michel Tremblay devraient être jouées par des actrices de souche seulement. Aucun non-Québécois ne pourrait se spécialiser en littérature québécoise. Anne Hébert, Roger Lemelin, Marcel Dubé appartiennent exclusivement aux Canadiens français. Et Shakespeare aux Anglais et Molière aux Français.
Vision humaniste
Ces courants nient la vision universelle de l’Homme, tel qu’elle a pris naissance au grand Siècle des Lumières. Pas celui de l’électricité, comme le croient trop de Québécois appauvris culturellement à cause du système scolaire défaillant, mais le XVIIIe siècle qui a mené à la reconnaissance des droits de la personne. Qui a introduit la notion d’égalité de tous devant la loi. Et surtout qui a proclamé l’existence de valeurs communes à tous les êtres humains de la planète.
Or, avec les revendications portées par des gens racisés ou des minorités sexuelles, religieuses et culturelles, on est en train de régresser. D’installer aussi le pire des statuts, celui de victime. La preuve en est que le porte-parole du mouvement contre le TNM, Lucas Charlie Rose, un artiste noir du Québec, cité par Le Devoir, voudrait non seulement voir des Noirs sur scène, mais exige qu’on baisse le prix des billets trop élevé, dit-il, pour la majorité des Noirs.
Avec ce type d’argument, plus personne ne paierait le même prix dans le métro, le bus, l’avion. Il faudrait abolir les lois du commerce, oublier les frais de scolarité identiques.
Déraisonner
On ne raisonne plus, on déraisonne et l’on réduit les humains au plus petit dénominateur commun. En d’autres termes, « on vire su’l top », comme on dit au Grand Prix de Montréal de Formule 1.
Seigneur Dieu (c’est une expression qui me sera interdite bientôt par les croyants fondamentalistes propriétaires de Dieu, puisque je vis dans le doute face à son existence), nous laisserons-nous entraîner plus longtemps dans ces courants de pensée ? Car dans les universités canadiennes (y compris québécoises) et américaines, des professeurs, des docteurs en sciences sociales écervelées, en philosophie idéologique et en études féministes hystériques enseignent à leurs étudiants des théories qui ne sont qu’un ramassis de déviations psychologiques, de rancœur personnelle et de haine de soi.
Les malades incurables de la rectitude politique, « ce mal qui répand la terreur », pour citer la fable de La Fontaine le visionnaire, se comptent par millions. Car la peste d’aujourd’hui frappe non plus les animaux, mais les humains.