Après Patrick Lagacé, journaliste d'investigation au journal La Presse, au moins six autres journalistes ont fait l'objet d'un suivi de la part de la sûreté du Québec. Une affaire qui ébranle sérieusement le mythe de la liberté de la presse au Canada.
Jean-Thomas Léveillé, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, explique à Sputnik ce qui a rendu possible l'espionnage de journalistes canadiens et les conséquences de ce scandale en terme d'image et de liberté de la presse.
« À en croire la police, il y a deux cas distincts. Dans le premier cas, concernant le chroniqueur de la presse Patrick Lagacé, la police de Montréal a affirmé que son téléphone avait été mis sous surveillance afin d'identifier un policier coulant des informations aux médias. Ainsi, la police estime que c'était dans le cadre d'une enquête interne.
Or, ce qui nous inquiète, c'est non seulement qu'on ait épié ainsi un journaliste, mais aussi qu'on l'ait fait sur une période de temps assez grande et de façon aussi vaste. Evidemment, toute personne entrant en contact avec ce journaliste-là est tombée dans l'enquête de la police », a-t-il indiqué.
Selon lui, le plus grave dans cette affaire, c'est que les sources ont été visées, c'est-à-dire des gens qui parlent aux médias pour dévoiler des faits qui sont d'intérêt public. Tout cela crée un climat d'intimidation où les gens craignent de dévoiler aux journalistes des situations qui puissent relever de l'intérêt public, estime M. Léveillé.
Ainsi, M. Lagacé appelle le gouvernement du Québec à instaurer une enquête publique et indépendante sur les processus des différents corps policiers.
« On aimerait aussi comprendre, poursuit-il, comment des juges de paix ont pu avoir une conception qui nous apparaît à ce point éloignée de l'intérêt public, comment des juges ont pu autoriser des corps policiers à espionner à ce point les journalistes, ce qui va à l'encontre de l'intérêt du grand public et du droit du public à l'information. »
C'est un coup dur pour la crédibilité du Québec, un scandale immense et le Canada risque même de baisser dans le classement de Reporters sans frontières, a conclu l'interlocuteur de Sputnik.
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