A Rome, à l'occasion d'un forum sur le thème «Croissance économique et perspectives sociales dans une Europe des nations», Marine Le Pen a pris la parole au côté de l'homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini.
A quelques mois des élections européennes, la dirigeante du Rassemblement national (RN) affiche sa proximité avec ses alliés européens. Ce 8 octobre, Marine Le Pen participait à un forum sur le thème «Croissance économique et perspectives sociales dans une Europe des nations». Elle y est apparue, devant la presse, au côté notamment du ministre italien de l'Intérieur et homme fort du gouvernement d'Italie, Matteo Salvini. Dans le viseur du chef de file du RN : l'Union européenne et, plus globalement, le «mondialisme». Celui-ci, a-t-elle martelé, se traduit par «une immigration massive [et] une baisse du pouvoir d'achat», entre autres. Partant, l'enjeu politique majeur en Europe est, selon Marine Le Pen, de «rendre leur pouvoir aux peuples, ce qui est le fondement même de la démocratie».
Le vice-président du conseil des ministres italien a affiché leur proximité : «Nous partageons la même idée de l'Europe, de l'agriculture, du travail, de la lutte contre l'immigration, et nous sommes contre les ennemis de l'Europe que sont Juncker et Moscovici, fermés dans le bunker de Bruxelles».
Espérant faire reposer les fondements d'une entente européenne sur un nouveau socle, Marine Le Pen a évoqué les thèmes qui lui sont chers, «Sécurité, identité, prospérité», dans l'optique de «construire avec d’autres Européens sur cette base, pour remplacer ce qu'est devenu au fil des ans l'Union européenne». Elle a estimé que l'Union européenne exprimait «une vision de l'homme complètement dégradée», induisant «sa soumission à une concurrence sauvage» ainsi que la «recherche de nouveaux esclaves» dans des pays de production à la main d'œuvre toujours meilleurs marché, comme la Chine, les pays de l'Est ou le Bangladesh. Elle compte proposer à l'inverse «un modèle économique de loyauté, de dignité des salaires accordés pour pouvoir assurer la constitution d’un patrimoine».
Fustigeant elle aussi Jean-Claude Juncker et Pierre Moscovici, Marine Le Pen a lancé une métaphore commerçante : «La mondialisation sauvage, c’est comme au restaurant, c’est le dernier qui sortira qui paiera l'addition.»
«Nous luttons pour que les nations ne disparaissent pas au bénéfice de cet empire totalitaire qu'est devenue l'Union européenne», a-t-elle expliqué. «L'Union européenne a des résultats nuls dans l'intégralité des domaines dans lesquelles elle est intervenue», a-t-elle estimé, évoquant en particulier les accords financiers ou commerciaux. Pour la dirigeante du RN, les Etats-Unis peuvent en revanche être parfois pris pour modèle, comme à l'occasion de l'accord passé avec le Mexique, le 27 août 2018. La révision de l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) entre Washington et Mexico autorise l'exemption des droits de douane si 40% des valeurs créées proviennent de régions où les salaires sont d'environ 16 dollars de l'heure.
«Marine Le Pen et moi sommes en train de rassembler l'héritage social de la gauche qui a trahi ses valeurs, nous défendons les précaires que la gauche a oubliés», a déclaré Matteo Salvini. Le ministre de l'Intérieur ne s'est en revanche pas attaqué à la monnaie commune : «La sortie de l'euro n'est pas à l'ordre du jour : le respect des économies nationales est à l'ordre du jour.»
«Je pense que les hommes veulent rester avec leur peuple dans leur pays, au sein de leur culture»
Marine Le Pen a également fait allusion, sans en préciser la teneur, à une coopération italienne et française avec les pays d’Afrique dans le but d'endiguer les flux migratoires. «Je pense que les hommes veulent rester avec leur peuple dans leur pays, au sein de leur culture. Ils n'ont pas envie de partir de leur pays au risque de leur vie», a-t-elle estimé.
«Ils le font parce qu’aucune politique de coopération organisée n'est mise en place. Il faut avoir une politique de clarté vis-à-vis de l'immigration», a-t-elle martelé, prônant une politique dans ce domaine qui soit «dissuasive» et «mise en œuvre par chaque nation». Partant, elle a fustigé les attentes du «patronat» européen qu'elle imagine séduit par cette manne de main d'œuvre. «Ils croient qu'un homme est un outil [or] un homme arrive avec sa culture, avec sa religion, ses mœurs, [...] parfois très éloignées des nôtres», a-t-elle averti.
La patronne du RN a estimé que le phénomène migratoire ne créait que des perdants, y compris chez les migrants «car les forces vives partent de leur pays». «Voilà pourquoi la fermeté qui doit être la nôtre n'est pas une fermeté de repli mais de bon sens et pour leur peuple et pour notre peuple», a martelé Marine Le Pen. Pour elle, une des solutions consiste à autoriser le dépôt des candidatures de demande d'asile uniquement depuis les consulats et ambassades de France.
Lancement du Front de la liberté
La conférence a donné aux deux leaders l'occasion de lancer le Front de la liberté, une alliance électorale en vue des prochains élections européennes, «si possible» avec «des candidats communs», selon Matteo Salvini.
La leader de parti a en outre mentionné la cohérence du groupe au Parlement européen, dont font partie RN et la Lega (de Matteo Slavini), qui ne demande qu'à s'élargir. «J'appelle à cette union pacifique et démocratique !», s'est-elle enthousiasmée. Marine Le Pen a, enfin, loué les qualités du vice-président du conseil des ministres italien Matteo Salvini qui montre selon elle qu'il est «possible» de freiner l'immigration massive.