L’auteur de l’attentat visant Pauline Marois au Metropolis a joué le tout pour le tout ce matin en demandant à la Cour d’appel de réduire sa peine de moitié, même si elle pourrait en contrepartie être revue à la hausse.
« Il est anxieux », a reconnu son avocat Alan Guttman, quelques heures avant d’être entendu devant le plus haut tribunal de la province.
Richard Henry Bain, 68 ans, croupit au pénitencier Archambault depuis son crime jugé de « politique, qui est une attaque au processus démocratique ».
Le 4 septembre 2012, alors que la chef du Parti Québécois Pauline Marois devenait la toute première femme à la tête du Québec, Bain, armé jusqu’aux dents, avait fait irruption dans le lieu de rassemblement au centre-ville de Montréal. Il a tiré un seul coup avant que son arme ne s’enraye, mais elle a causé la mort du technicien Denis Blanchette et blessant Dave Courage.
Comme Lortie
Au terme de son procès, Bain a été reconnu coupable de meurtre au deuxième degré. Il a écopé de la prison à vie sans possibilité de libération avant 2032, soit 20 ans d’incarcération.
Bain a fait appel de la décision, réclamant de réduire la possibilité d’être libéré à 2022. Il plaide avoir été jugé « en grande partie » comme s’il était un terroriste, alors qu’il n’a jamais été accusé de ce crime.
« Le juge a mis trop d’emphase sur l’aspect politique, a plaidé Me Guttman. Je ne vois pas la différence entre Bain et [le caporal] Lortie. »
Selon l’avocat, Bain devrait écoper d’une peine similaire à Denis Lortie, qui avait tué trois personnes à l’hôtel du Parlement du Québec, le 8 mai 1984. Ce meurtrier avait plaidé coupable de meurtre au deuxième degré. Il avait écopé de la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans d’incarcération.
Crime politique
La Couronne a répliqué en demandant à la Cour d’appel du Québec de repousser toute possibilité de libération avant 2037, compte tenu de la gravité du crime. Elle a rappelé que Bain avait tenté de plaider la non-responsabilité criminelle, mais que cette défense avait échoué.
« Ce dossier méritait la peine maximale », a plaidé la procureure Maude Payette.
Selon elle, le juge du procès n’aurait pas dû écarter cette possibilité de sentence, qui est celle appliquée automatiquement pour les meurtres au premier degré. D’autant plus qu’il s’agissait là d’un crime politique, a-t-elle ajouté.
Lors de l’audience, les juges ont rappelé que l’un des objectifs d’une sentence est la réhabilitation du criminel. Avec l’âge de Bain, il pourrait ainsi mourir en détention si la période d’inéligibilité à une libération conditionnelle est rehaussée.
L’avocat de Bain, Me Guttman, était assisté par l’avocate Annie Giguère-Deraps. La Couronne a choisi d’être représentée par Me Payette puisque le procureur au premier procès, Dennis Galiatsatos, a depuis été nommé juge à la Cour du Québec.